Elle rassemble des jeunes qui ont un idéal (un monde plus équitable et plus respectueux de l’environnement) auquel ils veulent concourir par des projets concrets.Au-delà de la contestation, bien nécessaire, comment mieux changer le monde qu’en s’investissant personnellement, à son échelle, dans des projets, techniquement et socialement alternatifs, aussi modestes, aussi imparfaits, aussi incertains soient-ils.
Cette démarche me renvoie immanquablement aux années 80, quand nous bataillions nous-mêmes au sein de l’Association EKHINDAR (énergies renouvelables) pour aboutir au projet de la SCOP LOREKI : valoriser des ressources organiques inexploitées en Pays Basque.
Nous étions quatre illuminés à travailler concrètement à plein-temps sur le projet, mais nous pouvions compter à tout moment sur le soutien des membres de l’association (plus d’une vingtaine). Ils se réunissaient régulièrement pour faire le point avec nous de l’avancement du projet, ils participaient au financement de l’étude du projet par leur cotisation et par les coups de main pour tel kantaldi à Cambo, tel stand de sandwiches aux fêtes de Bayonne, etcŠ et nous n’avions pas le droit de les décevoir : il fallait réussir. Sans eux, plus d’une fois nous aurions pu laisser tomber, car, par ailleurs, bien peu étaient ceux qui pensaient que nous puissions réussir.
Et puis, avec pas mal de travail, beaucoup de conviction, un peu d’entêtement, avec l’appui de l’un ou l’autre (prêt d’un tracteur ...), la confiance d’un premier client, çà a fini par marcher, même si nous n’aurions pas eu à rougir non plus d’un échec.
Aujourd’hui, c’est l’Association ALTERNATIBA qui engendre la SCOP ALTERKA (boissons issues du commerce équitable) et, à son tour, elle doit réussir. Cela dépend bien sûr de ses promoteurs, mais aussi de nous-mêmes, de notre solidarité pour ce projet, des coups de main que chacun d’entre nous pourra donner, de la confiance bienveillante des premiers distributeurs, de notre réflexe à consommer d’abord de l’EKHA (cola), etc... en espérant qu’un jour la SCOP pourra produire elle-même ses produits.
Comme pour nous, le statut SCOP (société coopérative de production) s’est naturellement imposé pour un tel projet. Parce que, même si le statut ne fait pas tout, c’est un modèle de démocratie, de participation, de solidarité et d’équité, et un statut forcément attaché au territoire. Tout salarié est appelé à devenir associé de l’entreprise (co-entrepreneur) ; tout associé a le même pouvoir au sein des assemblées (1 homme/femme = 1 voix quel que soit son capital) ; la valeur du travail est mieux reconnue que la valeur du capital dans le partage des bénéfices ; une forte proportion des bénéfices va constituer des réserves impartageables (qui ne reviendront donc jamais à personne), sources de pérennité, d’indépendance et de financement de l’entreprise.
Ce statut permet aussi d’éviter l’isolement et de s’appuyer sur le réseau SCOP (scops voisines, union régionale, confédération nationale) qui dispose de ses propres outils pour conseiller (juridique, gestion ...) et pour financer (prêts personnels pour l’apport de capital, capital-risque, garantie de prêts bancaires, prêts finançant le besoin en fonds de roulement ...).
Le mouvement SCOP est solidaire des initiatives de développement local volontaristes. SOCODEN (organisme de financement des SCOP) est ainsi un des plus gros actionnaires de HERRIKOA.
Et bravo à ALTERNATIBA qui ne s’arrête pas à cette première création. Déjà pointe un nouveau projet autour des biocarburants, non pas par opportunisme (hausse du pétrole) comme on le voit généralement, mais encore par conviction : promotion des énergies renouvelables et développement durable.
Que bouillonnent donc toujours de nouveaux projets au sein d’ALTERNATIBA. Bienvenue et longue vie à ALTERKA au sein du mouvement SCOP (www.scop.coop), et rendez-vous à tous à Munduari so, le 20 novembre à Makea.
