Le Devoir (Québec) - 02 et 03-07-05 / Par Julie Carpentier
La Côte-Nord naturellement
D’abord, quelques mythes à déboulonner : malgré le fait que la Côte-Nord soit située au nord du 50e parallèle, sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent, le climat y est de type tempéré maritime. Comme l’air est moins humide que dans les grands centres, l’été est moins étouffant et les hivers plus doux... même si le mercure descend plus bas. Sept-Îles se classe au troisième rang des villes québécoises les plus ensoleillées, avec un taux de 45,8 %. On parle même du taux d’ensoleillement le plus élevé pour les mois de janvier, février, avril et décembre.
Ainsi, le vaste territoire septilien de 2182 kilomètres carrés, situé au coeur de la région de Duplessis, plaît autant aux amants de la nature qu’aux urbains avides d’activités. Ce qui frappe en arrivant à Sept-Îles, c’est l’emplacement de la ville construite au bord d’une baie circulaire de 45 kilomètres carrés dont l’entrée est bordée par un archipel naturel constitué de sept îles, d’où le nom, évidemment ! Les Montagnais ont été les premiers à s’installer sur ce territoire qu’ils appelaient Uashat, signifiant «grande baie».
Cette baie accueille aussi un port de mer naturel en eau profonde accessible à l’année. Première escale de la voie maritime, le port de Sept-Îles, avec ses 80 mètres de profondeur à son entrée, est en mesure d’accueillir des navires jaugeant 125 000 tonnes et plus.
Le tour des sept îles
Lorsqu'on parcourt la route des Baleines (suivez les panneaux bleus avec une baleine blanche) qui longe la Côte-Nord, l’appel de la mer est plus fort que tout. La découverte de l’archipel des sept îles est un incontournable : la Grande Basque, la Petite Basque, la Grosse Boule, la Petite Boule, l’île Manowin (du montagnais "manouane", signifiant "là où on ramasse les oeufs"), l’île du Corossol (qui rappelle le naufrage d’un vaisseau du roi de France, Le Corossol, en novembre 1693) et les îlets de Quen (en l’honneur du père Jean de Quen, missionnaire jésuite qui célébra la première messe à Sept-Îles en 1651).
Chacune d’elles renferme des trésors de beauté vieux de 475 millions d’années. En aventure douce ou sportive, une excursion maritime est offerte par les bateliers, ou encore en kayak de mer, le tout agrémenté par le chant des oiseaux marins, la rencontre de différentes espèces de baleines et de superbes couchers de soleil.
La plus grande île de l’archipel, Grande Basque -- les pêcheurs basques, nombreux dans les années 1500, furent les premiers Blancs à amarrer sur le territoire, attirés par l’abondance des baleines et des loups marins -- est aménagée pour les amateurs de plein air. On peut l’explorer grâce à un sentier pédestre de 11 kilomètres, quelques plages de sable fin, des aires de camping tout équipées, un service de guide-interprète, deux belvédères ainsi que des journées thématiques et d’interprétation. Et le petit vent du large chasse efficacement les moustiques ! Cette journée-là, un rorqual commun nageant nonchalamment dans la baie a fait le bonheur des excursionnistes à bord du bateau pneumatique.
L’île de Corossol est un sanctuaire d’oiseaux marins que l’on ne peut observer que d’un bateau et il faut une permission spéciale du Service canadien de la faune pour y accéder. Le petit pingouin, le cormoran, le goéland, l’eider à duvet et la mouette tridactyle représentent la plus importante richesse faunique de l’archipel. Les zones dénudées, les rivages ainsi que les falaises crevassées sont la scène d’un spectacle fabuleux dans un cadre sonore impressionnant.
Lecteurs de paysages
En empruntant la route 138, direction Havre-Saint-Pierre, on est à même de constater que seulement 5 % du vaste territoire de la Côte-Nord est habité. Le golfe du Saint-Laurent, immensément large, est omniprésent. Les panoramas de la route des Baleines qui relie les villes de Tadoussac jusqu’à Natashquan, où s’égrène un chapelet de petits villages paisibles, sont inoubliables.
Havre-Saint-Pierre constitue un arrêt incontournable, tant pour l’accueil chaleureux de ses habitants à l'accent coloré de leurs ancêtres acadiens que pour son horizon truffé des îles de l’archipel de Mingan et sa gastronomie. Poissons et fruits de mer envahissent les menus des deux restaurants dont la renommée déborde les frontières de la Côte-Nord : Chez Julie et La Promenade.
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