Biriatou, envoyez la monnaie ! Une mesure récente oblige les automobilistes à verser, à leur passage à la frontière, un cautionnement dont toutes les bourses ne sauraient s'accommoder. Comme conséquence de ce contre-temps, une mode nouvelle tend à s'établir ; celle de faire visite à notre village. Le touriste qui se voit contraint de renoncer à l'Espagne, se décide à arracher son secret à cette mystérieuse montagne qui semblait le narguer de sa déconvenue. Il va, il va toujours à travers les méandres d'une route qui prétendait ne vouloir connaître que le sabot des vaches et il arrive jusqu'à notre église où par exemple, le monde semble finir. Là, comme à Paris, tout le monde descend de voiture. On jette un coup d'oeil sur ce pays qui, chez nous citadins, excite la même curiosité que s'il se fut agi d'un point de la planète mars. On dévisage les habitants qui le rendent avec usure ; on s'assure bien qu'ils ont bien de la ressemblance avec la famille humaine ; et l'on repart, satisfait d'avoir enrichi sa science de nouvelles découvertes. Pourquoi n'établirions-nous pas un droit sur le passage de ces étrangers ? Nous consentons à servir d'objet d'étude, mais à condition qu'on nous paie.