Denis Brillant manifeste son désaccord. L’artisan boucher de Bayonne, nouvellement élu de la majorité de la Chambre de métiers 64 questionne l’analyse présentée par Isabelle Ayrem sur "Le dynamisme de l'artisanat du Département". La chargée du projet de veille de projet à la Chambre défend l’idée d’un "boom historique". Passer de 10200 à 10700 entreprises artisanales dans le département en 10 ans ne semble pas aussi explosif au co-inventeur du Big Beñat et membre de la plateforme Batera. Et pourtant. A regarder de près cette radiographie des artisans présentée lundi à l’occasion de l’assemblée générale de la Chambre de métiers, les chiffres mettent pour le moins le Pays Basque à l’honneur.

Le nombre d’entreprises artisanales basques a augmenté de 10,5% entre 1995 et 2004, pour s’établir à 5432, dépassant ainsi pour la troisième année consécutive le nombre de ses homologues béarnaises. Bien que plus peuplé, le Béarn a vu le nombre de ses artisans augmenter de 0% (de 5305 à 5304) en 10 ans. Le "boom historique" n’est finalement, dans le département que de 5%.

Le dynamisme quantitatif de ces Très petites entreprises (TPE) se révèle également dans son poids économique. l'artisanat représente 11% de la population active. Au Pays Basque, ce sont 14604 actifs, dont 10343 salariés, selon les chiffres donnés par Isabelle Ayrem. Un artisanat marqué par son hétérogénéité, avec le secteur du bâtiment qui est prépondérant (2309 entreprises artisanales,), suivi du secteur des services (1575), la production (1037) essentiellement liée à la production agricole et à la sous-traitance aéronautique, et alimentaire (511).

Nouvelles formes de concurrence

Parmi "les problématiques inhérentes à l’artisanat", Isabelle Ayrem a pointé la petite taille des entreprises (pratiquement toutes avec moins de 10 salariés), une pyramide des âges inversée (le vieillissement des artisans et leur suite non assurée) et "une hétérogénéité du secteur avec beaucoup de métiers différents qui rend difficiles sa lisibilité". A ces difficultés structurelles, la chargée de mission en a ajouté de conjoncturelles: "la pression concurrentielle" et l’apparition de nouvelles formes avec les franchises d’importantes enseignes comme dans l’automobile et la photographie. La modification des comportements d’achats est aussi évoquée, citant l’exemple de l’achat du pain en semaine sur le trajet maison-travail, entre la côte et la zone intermédiaire (périurbaine).

Raréfaction du foncier

Autre difficulté de taille pour le développement de l’artisanat: "la raréfaction du foncier". La "mise à disposition de foncier à vocation économique" est ainsi exigée aux pouvoirs publics.

Le rapport d’Isabelle Ayrem parle aussi de "pression réglementaire étouffante", fustigeant ainsi les 35h ou les normes environnementales, d’hygiène, de sécurité, de gestion des déchets, notamment au niveau européen. Là, elle conseille, comme pour la directive machine de 1993 qui devait être appliquée en 1995, une mobilisation des organisations professionnelles pour gagner du temps et plus de souplesse dans son application. Un "appel à la mobilisation des entrepreneurs" défini comme un enjeu, lorsque seuls 24% des artisans participent à l’élection de leurs représentants à la Chambre de métiers.