Audrey HOC / Membre de la délégation Autonomia Eraiki à
l’ONU
Audrey Hoc fait partie de la délégation envoyée par
Autonomia Eraiki. Elle répond aux questions du JPB depuis New-York.
Quel accueil avez-vous reçu à
l’ONU ?
Globalement plutôt bon, de la part des peuples,
l’accueil est plus que positif. Mais cette réaction avait déjà été observée
l’année dernière lors d’une prise de contact sur le terrain.
De très bons contacts ont été pris avec les Mapuches du
Chili, les Touaregs d’Algérie, du Niger et du Mali, avec les Innus du Québec,
les Kanaks, les Maoris ainsi que plusieurs groupes autochtones d’Equateur, ainsi
qu’avec les communautés arméniennes d’Arménie Occidentale.
Quelles sont les autres
délégations ?
Les délégations sont nombreuses, environ 500 personnes,
tous les continents sont représentés sans exception, peuples autochtones de
Sibérie, d’Asie du Sud Est, d’Océanie avec Guam et Samoa, Pygmées, Peuls, une
grosse représentation latino-américaine avec les Kitchwas et Aymaras, Lakota des
Etats-Unis et Dene du Canada...
Quels liens nouez-vous avec
elles?
Les échanges sont nombreux et intensifs, que ce soit au
travers de conversations informelles, d’échanges de cartes de visite, de
promesses de rencontre, de remise de documents. Nous avons reçu des
encouragements qui nous poussent à continuer le travail entamé.
Avez-vous été reçus par la
communauté basque américaine ?
Samedi 26, nous avions rendez-vous à l’Euskal Etxe de
Brooklyn avec la présidente Miren Itziar Albisu pour une soirée expo et débat.
Le peintre Toz y a présenté ses ¦uvres, nous avons réalisé une traduction
simultanée trilingue en français, euskara et anglais.
Ensuite, on a présenté le pourquoi de notre présence à
New York, le forum... et les associations que nous représentions (Autonomia
Eraiki, Herri Topa).La soirée fut courte, néanmoins intéressante et cela nous a
permis d’établir un premier contact avec la communauté basque de New York. Ce
premier contact s’avère positif pour le futur.
Avez-vous pu vous exprimer sur
le Pays Basque ?
Xan Marguirault s’est exprimé au nom d’Autonomia Eraiki
devant toute l’assemblée. Il était 28e sur 61 dans la liste des orateurs du jour
portant sur la thématique des Droits de L’Homme.
Trois minutes de parole, et pas une seconde de plus,
pour évoquer la situation du Pays Basque nord. Le groupe a sollicité l’Instance
Permanente sur le fait que la France se devait de respecter les engagements
internationaux dont elle s’est portée garante. Autonomia Eraiki a insisté sur le
devoir d’appliquer les articles de la Déclaration des Droits des Peuples
Autochtones, notamment celui assurant le droit à l’autodétermination des
peuples. Autonomia Eraiki a souligné que la France a bel et bien adopté ladite
Déclaration.
Quelle est la raison principale
de votre visite ?
Nous sommes là afin d’exiger la reconnaissance de nos
droits en tant que Basques du nord. Nous demandons à être reconnus comme
Basques, Peuple à part entière, autochtone, à l’intérieur du territoire
français.
De fait, nous demandons à ce que cette assemblée de
l’ONU veille à ce que la France respecte ses engagements internationaux,
notamment ceux portant sur les Peuples autochtones.
Dans ce sens, nous avons demandé à l’Instance Permanente
la nomination d’un expert autochtone pour la zone "Europe de l’Ouest" et avons
proposé la candidature d’un expert basque.
Qu’attendez-vous de l’ONU ?
L’ONU est un outil supplémentaire dans notre demande de
reconnaissance, certes symbolique, mais qu’il ne faut pas négliger et mettre de
côté. Il faut agir partout, localement, au niveau national, européen et
international.
Concrètement, cette assemblée de l’ONU est un
rendez-vous à ne pas manquer afin de nouer des liens importants avec les autres
peuples du monde entier. Ensemble, en unissant nos voix, nous obtiendrons la
reconnaissance de nos droits.
La délégation du Pays Basque nord, formée à l’initiative du mouvement Autonomia Eraiki a pu faire entendre sa voix à "l’Assemblée permanente sur les questions autochtones de l’ONU" (UNPFII). Cette Assemblée, dépendant du Conseil économique et social de l’ONU réunit chaque année des peuples qualifiés "d’autochtones", dont une majorité vit sans Etats propres. Une délégation basque composée de membres de la société civile y participait pour la première fois.
Après quelques mots en basque, Xan Marguirault, pour la délégation, s’est adressé à l’Assemblée. En préambule, il a souligné "l’honneur" fait à la délégation d’être présents en tant que Basques au sein de l’institution.
"Voilà trente ans, des hommes et des femmes du Pays Basque nord prenaient les armes pour résister à la politique d’ethnocide menée par l’Etat français" a rappelé le membre d’Autonomia Eraiki. "Aujourd’hui, sans armes, ni cagoules, mais avec la même détermination, et porteur du même message, nous nous trouvons devant vous" a-t-il continué, avant de dresser le constat fait par la délégation sur la situation au Pays Basque nord : "non-officialisation de l’euskara, refus de la reconnaissance institutionnelle, mépris et violence institutionnelle en guise de réponse à nos revendications".
Le Constat de la délégation
La délégation explicite les raisons de sa présence : "l’Etat français doit respecter les engagements internationaux qu’il a signés et doit appliquer les droits constitutifs de la Déclaration des peuples autochtones qu’il a adoptée. Xan Marguirault cite le droit à l’autodétermination, l’article 2 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, les articles 2 et 11 de la Convention internationale de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de 2003, ainsi que celle sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de 2005.
La délégation a réaffirmé sa volonté de voir le Pays Basque nord doté d’un outil institutionnel "de type autonomique" qui "permettrait de favoriser les liens naturels" avec le Pays Basque sud.
"Nous ne pouvons passer sous silence la persistance d’un conflit dur aux conséquences dramatiques en Pays Basque sud" continue l’orateur. Et de citer les centaines de prisonniers politiques "dispersés dans plus de 90 prisons espagnoles ou françaises ainsi "qu’une répression de plus en plus accrue à leur égard et l’utilisation de la torture". Il cite aussi "les lois d’exception qui illégalisent certains partis et interdisent une certaine presse écrite et orale".
Demandes internationales
"Nous interpellons la communauté internationale sur la situation touchant l’ensemble du Pays Basque" conclut Xan Marguirault qui formule des demandes concrètes.
La délégation demande au Secrétariat général du Conseil économique et social de l’ONU, au secrétariat de l’IPNFII et au Rapporteur spécial sur la situation des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales, "de signaler à la France qu’elle se doit de respecter les engagements qu’elle a pris". Enfin, la délégation demande à l’Instance permanente qu’un expert autochtone soit nommé pour la zone "Europe de l’Ouest" et propose la candidature "d’un expert basque".