Un de nos compatriotes, M. Molinari, se propose de faire la traversée à la nage du Pas-de-Calais. Il espère réussir l’expérience que n’ont pu accomplir M.Holbein, le héros de tant de tentatives, ni Madame Isasescu, Roumaine aventureuse et nageuse émérite. Molinari a été particulièrement précoce au point de vue des aptitudes à la natation. Dès l’âge de six ans, il plongeait à quatre ou cinq mètres de profondeur pour aller rattraper des objets au fond de l’eau. A Biarritz, il est des concours annuels de nage. En septembre 1902, par une mer démontée, il atteignit un brick qui se trouvait au large, nageant sur une distance aller-retour de 7 km, dans des courants particulièrement violents. Comme plongeur, il a également quelques prouesses à son actif, telles que piquer une tête de 15 m de haut, ou de 8 m dans 1 m 50 d’eau. Mais ce ne sont là, d’après lui, qu’acrobaties sans intérêt. Son aptitude principale réside tout entière dans sa résistance aux courants. Pour les dominer il demeure entièrement dans l’eau, n’en faisant sortir ses bras que le moins possible, et nage parfaitement pieds et poings liés. La traversée de la Manche se fait sur une distance de 24 kilomètres ; il veut les parcourir à raison de 3 kilomètres à l’heure, soit une durée totale de 8 heures. C’est un lutteur, et on peut être sûr qu’il luttera jusqu’au bout. Son passé le prouve, et ses qualités physiques en sont la meilleure garantie.