La presse internationale revient largement sur la mort de Benazir Bhutto. Sous le titre "Un polvorin a punto de estallar" (une poudrière prête à exploser), l’édition du 28 décembre du quotidien argentin La Nación revient largement sur la mort de l’ex-Premier Ministre pakistanaise. Vue comme la plus grave crise de l’histoire récente du pays (c.a.d. depuis son indépendance en 1949), la journaliste a recueilli l’avis d’un expert pakistanais résidant à Londres, qui prévoit que "l’assassinat de Bhutto empêchera les élections du 8 janvier de se tenir". D’après l’article, le fait que l’attentat se soit produit à Rawalpindi, donc loin de la frontière afghane, va créer un sentiment de peur dans le pays, puisqu’à part dans la zone proche de l’Afghanistan, on pensait les islamistes incapables de frapper dans le pays.

Le quotidien basque Gara insiste quant à lui sur le rôle des Etats-Unis dans l’histoire récente du Pakistan. Selon Gara, les intérêts américains et ceux de Mme Bhutto ont façonné un scénario virtuel qui s’est heurté à la difficile réalité d’un Pakistan qui devient de plus en plus violent et turbulent.

Mais l’analyse est intéressante parce qu’elle s’intéresse à l’évolution des attaques terroristes elles-mêmes : elles cibleraient de plus en plus les militaires et les leaders pakistanais dont Pervez Musharraf. La politique de collaboration avec Washington semble être le facteur déterminant qui entraîne d’une part un durcissement du pouvoir (état d’urgence,Š) et de l’autre une recrudescence des attaques violentes contre les symboles de ce pouvoir. Enfin, le fait qu’il n’y ait pas d’opposition politique structurée nuit à la stabilité du pays.

Au Royaume-Uni, le Financial Times titre : "La mort de Mme Bhutto agite le spectre de l’instabilité". l’article revient plus en détail sur le déroulement des événements, en insistant aussi sur les nombreuses violences qui ont marqué la journée d’hier, avant et après la mort de l’ex-Premier ministre et de plusieurs dizaines de ses partisans. Il reprend également les déclarations des principaux personnages politiques du pays, à savoir le Président Musharraf qui insiste sur le fait qu’il combat ces mêmes terroristes qui ont assassiné Mme Bhutto, et Nawaz Sharif qui annonce le boycott par son parti des prochaines élections en mémoire de Benazir Bhutto, demande la démission de Musharraf et veut organiser une grève générale ce vendredi.

Enfin, l’analyse d’un proche de Mme Bhutto, Mr Abida Hussain, consiste à dire que la violence continuera à augmenter tant que Musharraf restera au pouvoir, parce que la plupart de la haine est dirigée contre lui.