La montagne basque a désormais sa Charte
·Trente-cinq actions constituent le document qui sera publiquement présenté ce soir à St-Jean-le-Vieux
Nous cgerchons à garantir l´avenir de la montagne
Jean-Louis CASET / Président de Euskal
Herriko Mendi Elkargoen Batasuna
A-t-il été facile de mettre
d’accord des usagers de la montagne aux intérêts parfois divergents?
La démarche a été participative. Le document est
le fruit d’un important travail de concertation qui a réuni, de mai à juillet,
près de 200 acteurs locaux de toutes les vallées de l’intérieur du Pays Basque.
Les idées ont été confrontées, parfois avec passion, mais toujours avec une
volonté de construire l’avenir du territoire car c’est ça l’essentiel. Il est
vrai que la peur de Natura 2000 a parfois été en toile de fond pour certains.
Natura 2000 n’a rien à voir avec notre démarche. Nous recherchons seulement à
garantir l’avenir de la montagne par les acteurs locaux, sans attendre que les
autres nous l’imposent.
En effet, certains élus de Haute
Soule ont fait part de leurs craintes que la Charte soit un premier pas pour
leur "imposer" Natura 2000. Vous les rassurez...
Nous avons peut-être manqué de clarté à un
moment donné. Ils n’ont pas à avoir peur. Natura 2000 va sans doute se mettre en
marche. Nous, ce que nous voulons, c’est anticiper pour faire de notre
territoire notre propre affaire. Si nous avons notre propre stratégie de
développement, il n’y a pas de place pour Natura 2000. Mais il y aura toujours
des gens méfiants, c’est la nature de l’homme.
Êtes-vous satisfait du contenu
de la charteainsi élaborée?
Absolument. Cela a été une démarche
participative active et très concrète. Nous avons quelques regrets sur le
travail réalisé par le cabinet d’études qui n’a pas tout à fait compris ce que
nous voulions. Ils n’ont pas su expliquer notre démarche par rapport à Natura
2000 par exemple. Ce manque de clarté a suscité les réactions souletines
notamment. Notre démarche n’est pas naturaliste. Nous voulons garder notre
territoire pour l’activité agropastorale tout en faisant en sorte que d’autres
utilisateurs cohabitent.
Quelles sont les mesures phares
de la Charte?
Au total 35 actions ont été définies. Sur le
volet agropastoral, nous voulons résoudre les problèmes de main-d’¦uvre et de
présence en estive. Pour la forêt, il faut se placer sur la filière bois énergie
car la concurrence des pays de l’Est fait que la vente de bois ne procure plus
les revenus d’il y a quatre ou cinq ans. S’agissant de tourisme, nous voulons
mettre en place un schéma des usages touristiques et de loisirs. Enfin, nous
tenons à favoriser la préservation de la ressource en eau et des zones humides.
Les commissions syndicales
vont-elles obligatoirement appliquer cette Charte et des financements lui
seront-ils dévolus?
Evidemment, la Charte ne servirait à rien, s’il
n’y avait pas quelque chose pour concrétiser tout ça. Tout ce travail servira de
canevas à la prochaine candidature du Pays Basque au programme européen de
développement rural Leader. Les porteurs de projet que nous sommes, allons
essayer d’être retenus en Aquitaine pour bénéficier de ces fonds européens au
printemps 2008. C’est très proche. Nous comptons ensuite mener les projets en
mettant deux ou trois techniciens à disposition de la fédération.
Des applications sont à attendre
dès courant 2008?
Absolument. Conseil de développement et élus
sont aussi associés à ce travail qui constitue la prochaine candidature du Pays
Basque au programme Leader. C’est vraiment pris en compte par le territoire.
Trois mois de discussion avec 200 utilisateurs de la montagne ont abouti à la création de la première Charte de développement durable de la montagne basque. Quatre orientations stratégiques déclinées en 35 mesures constituent le document qui sera publiquement présenté ce soir à Saint-Jean-le-Vieux avant que la fédération des commissions syndicales Euskal Herriko Mendi Elkargoen Batasuna n’entérine le tout en assemblée générale demain à Larceveau.
Le travail initié par les gestionnaires des vallées de Garazi, Baigorri, Soule et Oztibarre avait pour objectif de fixer un cadre à l’utilisation de la montagne, pour concilier notamment la montée en puissance des loisirs et du tourisme sur ce territoire tout en préservant les activités agricoles présentes.
"La Charte de développement durable de la montagne basque est un moyen pour les acteurs de ce territoire de construire en commun son devenir pour qu’elle reste vivante, active et attractive", dit le document.Les publics ayant participé à la discussion sont divers : bergers, forestiers, chasseurs, pêcheurs, randonneurs, naturalistes, professionnels du tourisme ou élus. Les initiateurs de la démarche ont revendiqué "un important travail de concertation".
La réalisation de la Charte a débuté par un diagnostic des forces et des faiblesses du territoire. Quatre enjeux majeurs ont ainsi été définis. Les activités agropastorales et forestières ont été inscrites comme "clés de voûte de l’aménagement et du développement de la montagne". A ce titre, la Charte veut servir à "résoudre les problèmes de main-d’¦uvre et de présence en estive", notamment par la mise en place de groupements d’employeurs ou d’un système de remplacement pour le gardiennage. Sur le volet forestier, le document estime qu’il faut développer la filière bois énergie afin de pérenniser la fonction économique de la forêt.
La Charte ambitionne aussi d’élaborer de nouvelles règles "pour assurer la cohabitation harmonieuse" avec les activités de loisirs et de tourisme. Les commissions syndicales voudraient que la notion d’accès et d’accessibilité à la découverte de la montagne soit définie en concertation. Devraient également être élaborées des règles d’usage et d’encadrement de zones dédiées à certaines pratiques (randonnée, camping-car, sports motorisés, chasse, etc.).
Le document qui sera présenté ce soir affirme également qu’il faut conforter le rôle des commissions syndicales tout en favorisant une gestion concertée entre les différents utilisateurs de la montagne.
Enfin, la Charte estime qu’il faut veiller au respect des équilibres naturels et prendre en compte les impacts environnementaux dans les politiques d’aménagement. La préservation de la ressource en eau et des zones humides est un volet largement évoqué.
La rédaction de la Charte constitue la suite d’une réflexion amorcée depuis plusieurs années. L’idée d’une Charte avait été émise dès 1992 par le Conseil de développement du Pays Basque. Le dramatique accident d’écobuage d’Esterençuby, qui avait coûté la vie à cinq randonneurs, avait ravivé le débat sur la cohabitation entre les différents usagers de la montagne. En 2003, le Conseil de développement publiait à nouveau un rapport sur la façon de concilier ces usages. Aujourd’hui, la Charte s’inscrit dans le projet de territoire Pays Basque 2020 porté par le Conseil des Elus. A ce titre, elle va servir au Pays Basque nord à prétendre aux fonds du nouveau programme européen de développement rural Leader.
Ce soir la réunion de présentation de la Charte aura lieu à 20h30 à la salle polyculturelle de St-Jean-le-Vieux. Elle est ouverte à tous.
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