L’annonce d’une "nouvelle ère" en Corse par Nicolas Sarkozy, le président de la République française serrant la main à l’indépendantiste tahitien Oscar Temaru, la fin des travaux de la commission Balladur sur la réforme des institutions et l’annonce de la tenue d’un éventuel conseil des ministres français en Pays Basque, ont été à l’origine de l’appel à la manifestation réalisé par un groupe de citoyens abertzale. Même si la plupart sont connus par leur "étiquette" politique, c’est en leur propre nom qu’ils ont souhaité appeler à manifester le 15 décembre prochain dans les rues de Bayonne, pour réclamer l’autonomie du Pays Basque nord, au-delà des appareils politiques afin que l’appel soit le plus large possible.

Les élus Xabi Larralde, Mattin Etxepare, Battitt Amestoy, Ixabel Etxeberria, Beñat Elizondo, l’ancien parlementaire européen Koldo Gorostiaga, la parlementaire à Gasteiz Onintza Lasa, Manex Pagola, Maite Goienetxe, Mirentxu Laco, le chanteur Anje Duhalde, les bertsolari Sustrai Colina et Amets Arzallus était parmi la trentaine de personnalités appelant à manifester.

A l’image de la dernière opération policière et des dernières peines infligées par les tribunaux français, ils ont dénoncé que l’Etat français se soit "engagé dans une stratégie répressive à tous crins". "Rien ne semble non plus démentir son obstination à maintenir, coûte que coûte le statu quo autour de sa position habituelle de négation totale de l’existence du Pays Basque". Après Pays Basque 2010, la prochaine signature de la démarche Pays Basque 2020 est selon eux "une procédure afin de justifier le refus de cette reconnaissance". "Nous ne sommes pas prêts à accepter un nouveau cycle de 10 ans au bout duquel on nous opposera un nouveau refus de reconnaissance" a averti Maite Goienetxe.

Les appelants ont estimé qu’il est temps que l’Etat français reconnaisse "l’existence d’identités nationales en son sein" rappelant le discours de Nicolas Sarkozy auprès de l’ONU remarquant qu’il "n’y aura pas de paix dans le monde sans le respect des identités nationales" "si la communauté internationale transige avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes".

"Dans nombre d’endroits à travers le monde et en Europe même, l’existence de telles entités est acceptée, l’Etat français par contre maintient une attitude tout à fait rétrograde". Koldo Gorostiaga a rappelé que la France vient de ratifier la Charte Européenne de l’Autonomie Locale, en vigueur depuis le 1er mai dernier. Une Charte qui reconnaît dans son préambule que les collectivités locales sont "l’un des principaux fondements de tout régime démocratique (...) qui permettent une administration à la fois efficace et proche du citoyen". Une collectivité locale dont le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule sont privés, a remarqué Maite Goienetxe, collectivité que les appelants verraient bien sous la forme d’une autonomie.

Manex Pagola a souligné que les abertzale soutiennent la démarche pour une consultation sur le département Pays Basque au sein de la plateforme Batera, mais qu’en tant qu’abertzale ils souhaitent une autonomie pour le Pays Basque nord plus large en matière de compétences qu’un simple département.