"Ce qui est à quelqu’un n’appartient pratiquement à personne" disait Eduardo Chillida à propos de ces vastes ¦uvres qu’il créait pour des lieux publics.Aujourd’hui, ses sculptures se dressent face à la mer à Donostia, dans la montagne japonaise et dans des villes comme Washington, Paris, Lund, Münster, Madrid, Palma de Mallorca, Gernika ou Berlin. L’ouverture au Musée basque de Bayonne d’une exposition consacrée à son ¦uvre la plus emblématique, le Peigne du vent, constitue en ce sens un juste retour des choses, comme l’appropriation définitive par le public d’une ¦uvre qui ne fut inaugurée en son temps "que par les vagues et les vents" comme se plaisait à le rappeler le sculpteur, disparu en 2002.Pour les trente ans du Peigne du vent, le musée Chillida Leku organise plusieurs manifestations et expositions commémoratives, dont celle présentée au Musée basque jusqu’au 6 janvier.Une exposition qui retrace les différentes étapes de la création de l’¦uvre et surtout rassemble pour la première fois la quasi-totalité de la série de pièces Peigne du vent, élaborées entre 1952 et 1999.Eduardo Chillida a créé 23 sculptures sous le même intitulé, dont celle qui orne la baie de Saint-Sébastien est la quinzième.Parallèlement, divers travaux en papier, des collages et des dessins étroitement liés à ce thème, sont présentés au public. Il faut dire que le sculpteur basque, aujourd’hui largement reconnu et dont l’¦uvre est présente dans plus de trente musées du monde entier, basait ses recherches et ses expérimentations sur la sériation, la technique de la répétition pour tendre à la perfection, ou faire le tour de la question.Dans ce registre, la série de 23 sculptures de Peigne du vent est l’une des plus remarquables.A Bayonne, on peut ainsi découvrir les deux premières sculptures, d’abord rigide et statique pour la première, puis comme animée pour la seconde dans ce qui va préfigurer le mouvement que l’on retrouve dans toute la série. Un autre peigne se distingue.Présenté au Musée basque, il est une étude de la première ¦uvre réalisée à grande échelle et conçue pour être un monument public au siège de l’Unesco à Paris.Mais le lieu reste ce qui conditionne l’¦uvre, reconnaissait Chillida en affirmant par exemple qu’à Donostia, dans sa ville natale, au pied du Monte Igueldo ou se dresse, face à la mer, comme des griffes d’acier inoxydables qui agrippent l’espace, son majestueux peigne du vent, "le véritable auteur des ¦uvres, c’est le lieu. Je l’ai découvert et je lui ai rendu hommage". En retour, Chillida a reçu pratiquement tous les grands prix de ce monde de la Biennale de Venise, au Kandinsky, du Wilhem Lehmbruck au Prince des Asturies, ou au Kaiserring allemand et même le prix Impérial japonais.