Un garde du corps a été grièvement blessé par l’explosion d’une bombe placée à l’intérieur du véhicule qu’il conduisait. L’attentat s’est produit à Bilbao, dans le quartier d’Abusu, où habite l’agent de sécurité chargé de la protection d’un conseiller municipal socialiste de Galdakao, commune proche de la capitale de Bizkaia.
L’action, qui s’est produite à 13h25, "ressemble en tout point" à un attentat de l’ETA, a indiqué le ministère basque de l’Intérieur. Le garde du corps souffrirait de "graves brûlures au visage et sur les mains", il a pu sortir par ses propres moyens du véhicule et a été transporté d’urgence à l’hôpital de Cruces, à Barakaldo.
Selon le ministère basque de l’Intérieur, le garde du corps ne travaillait pas hier et la voiture visée était un véhicule officiel de la société de sécurité Seguriber pour laquelle il travaillait. L’engin, une bombe-ventouse, a explosé après que la voiture eut parcouru 40 mètres. Selon les enquêteurs, il s’agirait d’un explosif de faible puissance mais qui était placé contre le réservoir, ce qui a provoqué l’incendie immédiat du véhicule.
Toujours selon les enquêteurs, la cible de l’attaque n’était pas le conseiller municipal socialiste, qui se trouve en vacances, mais le garde du corps lui-même. Quelque 2 550 gardes du corps travaillent au Pays Basque sud. Cette profession gérée par des sociétés privées, dont l’une appartient à la famille de l’ancien ministre de l’Intérieur Jaime Mayor Oreja, a connu un boom depuis la rupture de la trêve de 1998. L’ETA avait alors multiplié les attentats contre des élus locaux du Parti socialiste et du Parti Populaire.
Depuis l’annonce officielle par l’ETA de la rupture de son cessez-le-feu, l’ETA avait réalisé deux attentats. Le premier le 24 août a touché la caserne de la Garde Civile de Durango et a fait deux blessés. Le deuxième, le 25 septembre, a visé le commissariat de l’Ertzaintza (police autonomique basque) de la ville de Zarautz.
Réactions
Le président du Parti Populaire espagnol, Mariano Rajoy, qui s’est empressé d’annoncer que le garde du corps est militant de son parti, a dénoncé l’attentat et a affirmé que "la défaite de l’ETA est possible". Le porte-parole du PSE-EE, Rodolfo Ares, a lui aussi estimé que "cette bataille [contre l’ETA], on finira par la gagner" à condition que "tous les démocrates soient unis".
Pour le lehendakari Juan José Ibarretxe, l’attentat constitue "un point d’inflexion" car il "ouvre à nouveau un chemin vers des attentats contre les personnes". L’ETA, qui n’a pas délibérément tué depuis mai 2003, "veut retourner à ce passé destructeur où elle perpétrait des attentats contre les biens, la vie et les personnes innocentes", a-t-il déclaré, en marge du Foro de Biarritz qui se célèbre à Santiago de Chile.
Cet attentat démontre "la volonté de tuer" de l’organisation armée basque, a estimé pour sa part Gaspar Llamazares, secrétaire général de la coalition écolo-communiste Izquierda Unida.
Le parti abertzale Aralar a pour sa part demandé à l’ETA "d’abandonner immédiatement les armes" et de "laisser le futur du peuple [basque] entre les mains de la société".
