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Le JPB > Sujet à la une 2007-08-22
La colocation, une tendance qui devient phénomène de société
·La colocation a le vent en poupe, bon gré mal gré. Siégeant à Bayonne, le n° 1 des agences en ligne confirme

Ah la vie communautaire. Ses joies autour d’un verre et ses engueulades devant le frigo. Croisements sur le palier, éclats de rire et de vaisselle cassée. Rencontres, choc de cultures et mélange des langues... Ce rêve d’une vie communautaire, compliquée mais quand même chouette, est dans l’air du temps, fort bien attrapé par le cinéaste Klapich. Vous l’aurez reconnue, on appelle cela l’auberge espagnole.

Effectivement très présente en Espagne et surtout dans le monde anglo-saxon, la pratique de la colocation n’avait pas la cote sur le territoire français. Même au Pays Basque où la cohabitation n’est inscrite dans la tradition qu’en famille. Or, le Pays Basque suit le mouvement de ce que l’on peine à appeler un phénomène de société. Réaction à la crise du logement ou renouveau de la vie communautaire ? Même les professionnels s’y perdent. Les mieux placés pour en parler travaillent justement rue Tiers à Bayonne.

Il s’agit, pas moins, du n°1 en Europe des agences de colocation en ligne. Ne cherchez pas de lien entre la flambée immobilière au Pays Basque et cette implantation. Tout se passant sur internet, la raison est biographique. DMIS (Database Management and Information Services) est la filiale de la société américaine Appartager. En fait, il s’agit de la même affaire, familiale et d’origine française. Le frère l’a lancée aux Etats-Unis en 1999, puis au Canada et en Angleterre ; la s¦ur, Virginie Pons, l’a implantée en Europe en 2002 depuis Bayonne.

Selon la SARL française, le marché explose : de très forts besoins, largement représentés chez les étudiants et les jeunes salariés (75% des demandes). La société en atteste à partir d’une étude Ipsos, commandée par ses soins et qui a livré ses résultats en août 2006, mais aussi, plus simplement, sur son activité exponentielle (lire ci-dessous).

Et ça tourne, selon les responsables qui proposent un abonnement fixé dans la durée à 10 jours, pour un prix, dans la région, de 17 euros (puis de 12 euros pour un renouvellement). Astuce : l’abonnement, avantageux à l’année (55 euros), est souvent préféré par une population qui ne se projette pas si loin : les étudiants notamment prévoient de déménager tous les neuf mois.

Petit essai sur le site dont la visite est gratuite (mais sans les contacts) : pour Biarritz-Bayonne (mais cela couvre l’intérieur et le sud des Landes), plus de 200 demandes pour 40 propositions (de ceux qui ont le logement). Et encore, ces chiffres estivaux amenuisent l’habituelle hégémonie de l’offre qui serait plutôt d’un rapport de 10 contre un. Alors comment expliquer ce phénomène ? Flambée immobilière locale? "Il y a aussi le coût de la vie avec l’effet Euro, le durcissement des positions des propriétaires..." modère Karim Boudiaby, de DMIS, situant les tendances locales dans le paysage hexagonal : la vie est chère et il n’est pas bon de ne pas avoir de garantie.

Ainsi de Julie. Fraîchement diplômée et cumulant courts CDD, cette native du Pays Basque intérieur cherchait un appartement à Bayonne. "Même au centre de Bordeaux c’est moins cher", dit-elle. Refroidie par les prix pratiqués sur la côte, elle passe par la colocation à deux et trouve un T3 de 70 m2 avec jardin pour 700 euros par mois. C’est moins cher qu’un T2 (450 euros en moyenne) mais les conditions tout aussi draconiennes : somme des revenus supérieure au double du montant du loyer et même punition pour les parents qui sont garants... Double chance pour Julie: elle a emménagé avec une amie et toutes deux ont une situation professionnelle viable, à défaut d’être stable : un CDD à temps plein. Cela dit, bien qu’elle y ait été poussée par les circonstances, elle est ravie de ce mode vie.

Désir ou contrainte ? L’adaptabilité conviviale type anglo-saxonne que célèbre Appartager cohabite avec un autre type de colocation, qui préfère les amis et le bouche à oreille, contre vents et marées.

Olivier a pu comparer : "la seule fois où je suis passé par une agence, je suis tombé sur un psychopathe!" Pas d’entretien préalable ? "Si, ça s’était très bien passé". Merci les pros.

A l’intérieur, la communauté est rare mais robuste. Il se trouve quelques groupes de potes du côté de l’Ursuya ou autres montagnes pour colouer à cinq. Pas encore la franche contre-culture, mais néanmoins un choix qui fait la nique au sacro-saint "mode de vie anglo-saxon".



Une niche qui a du chien
Dans le vocabulaire économique, normalement, on appellerait cela une niche : ce micromarché qui s’infiltre dans un coin sans se développer ni se fragiliser. Du fait de son aspect informel, jusqu’à présent, la colocation n’était même pas une niche : c’était un marché "potentiel". De sorte que lorsque DMIS/Appartager arrive, l’entreprise n’a même pas le temps de s’installer confortablement dans cet interstice qu’il faut grandir. L’émission de M6 Capital leur a même consacré un sujet en avril.

Car là est l’incroyable: aucune agence immobilière ne proposait jusque-là ce service. L’étonnante croissance de la société tient à ce qu’elle propose un tout bête partenariat : les agences ajoutent à leur site un lien. Leur site propose la mise en relation de personnes cherchant des colocataires. A la manière de ces agences qui se contentent de vendre une liste d’adresses contre un abonnement. En un an, l’équipe est passée de 6 à 13 salariés. Et ils comptent bien être 20 à la fin de l’année. Un 2e déménagement se profile (ils ont quitté les 40 m2 de la même rue Thiers le mois dernier). Cette équipe polyglotte et high-tech gère le flux de centaines de milliers d’annonces qui transitent sur son site internet depuis toute l’Europe.


 
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