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Le JPB > Sujet à la une 2007-07-18
A la découverte de l´or
A l’Antiquité, Itxassou possédait d’imposantes mines d’or à ciel ouvert, une histoire très peu connue des habitants d’aujourd’hui. Deux archéologues proposent au public d’en savoir plus à travers des visites guidées

La légende dit qu’Hannibal finança sa traversée des Alpes (218 avant notre ère) grâce à l’or d’Itxassou. Aucun écrit connu ne confirme toutefois que les trésors de la vallée de la Nive aidèrent le général carthaginois et ses 60000 hommes dans cette épopée restée célèbre. Néanmoins, les gisements aurifères d’Itxassou et des environs étaient exceptionnels.

L’auteur et géographe grec Strabon en fait mention dans sa Géographie (livre IV). Il explique que "les bords du golfe Galatique sont occupés par les Tarbelli, qui possèdent les mines d’or les plus productives de toutes, car les fosses peu profondes qu’on y creuse livrent des lames d’or allant jusqu’à remplir la main. Certaines de ces lames ont parfois besoin d’un léger affinage, tandis que le reste du minerai se présente sous la forme de paillettes et de pépites qui ne demandent, elles aussi, qu’un traitement réduit".

Hormis ce texte, peu d’informations existent sur l’exploitation aurifère du village labourdin. C’est Jakes Cazaubon, érudit bas-navarrais, qui s’est le premier interrogé sur la présence très nombreuse de cailloux dans certaines zones d’Itxassou. Ses observations l’ont amené à émettre l’hypothèse qu’on extrayait de l’or à cet endroit. Depuis, des chercheurs ont validé cette thèse. Aujourd’hui, le contexte historique, l’observation du relief et les explications sur l’extraction d’or permettent à Argitxu Beyrie et Eric Kammenthaler de l’association Iker Archéologie de proposer des visites guidées au public pour que ce passé historique soit aussi connu de la population locale et des visiteurs.

Il faut toutefois les explications des deux archéologues pour imaginer ce que représentait cette activité. En déambulant sur les sentiers d’Itxassou, on est loin d’imaginer que ce talus ou ce fossé n’ont rien de naturel et qu’ils sont des témoins directs de cette activité passée. La visite démarre dans un petit vallon à fond plat surmonté de deux abrupts versants. "Ici, ce vallon n’a rien de naturel, il n’y a pas de rivière qui l’a creusé", fait remarquer Eric Kammenthaler. En fait, c’est l’homme et plus précisément le peuple des Tarbelles, qui s’en est chargé dès l’Antiquité en cassant avec pics et pioches tout ce qui était compact afin de libérer les graines d’or contenues dans la terre. L’eau était acheminée jusqu’au sommet du chantier et dirigée dans des canaux qui transportaient le sable et les grains d’or. Par un phénomène de gravité, l’or, plus dense, arrivait plus rapidement que le sable en bas de cette colonne d’eau.

Le circuit proposé par les deux archéologues passe par ce qui était un goulot où l’on récupérait les gros cailloux en faisant d’importants tas. D’où des amoncellements de galets aujourd’hui recouverts par la végétation.

"Tout au long du processus, on a jeté les galets de part et d’autre. Les volumes extraits étaient très importants", souligne Eric Kammenthaler en montrant la hauteur des versants environnants. "Toute cette hauteur a été creusée", précise-t-il.

La concentration de galets est bien visible dans une coupe de terre apparente. On les retrouve dans tout le village. Très souvent, ils ont été utilisés pour faire les murets de pierre qui bordent les routes ou les prairies.

Les champs bossus ne manquent pas non plus à Itxassou. Aujourd’hui, la terre recouvre ce qui à coup sûr est un tas de cailloux extraits par les chercheurs d’or de l’époque. Dans le jardin de certaines maisons, on peut voir s’élever un talus qui paraît bien étranger à côté de la pelouse toute plane. "Si on creuse, on va y trouver des galets", affirme l’archéologue.

"Tout Itxassou, une partie de Cambo et de St-Pée-sur-Nivelle sont construits sur les mines. L’or était contenu dans les alluvions dont la plaine de la Nive est faite. Les mines s’étendaient des thermes jusqu’au Laxia", indique-t-il.

Il est en revanche très difficile de donner des informations socio-économiques sur cette activité. Difficile de savoir jusqu’à quand s’est poursuivie l’exploitation. "Sans texte, ces aspects sont très difficiles à aborder", note Eric Kammenthaler. Selon lui, l’exploitation n’était pas une fourmilière. "Un texte du 19e siècle sur l’extraction d’or dit qu’une famille pouvait creuser un trou très important en une année", indique-t-il.

Aucune fouille n’a été menée jusqu’à aujourd’hui. Des recherches, qui permettraient par exemple de dater des vestiges enfouis (bois, restes d’objets...) de cette exploitation aurifère aideraient sans nul doute à fournir des informations aujourd’hui inconnues.

Si, sur certains sites, une bonne partie du paysage est resté identique à ce qu’il était à la fin de l’exploitation minière, avec les tas de galets ou les emplacements de canaux facilement détectables, l’intervention humaine pourrait en décider autrement à l’avenir. La forte présence de cailloux fait de ces zones de larges friches ou des bois. Des terrains qui peuvent éventuellement être utilisés pour faire face à la forte pression foncière. D’où l’intérêt de mener les recherches avant.

Dans l’attente, la découverte de l’or d’Itxassou peut se faire de façon détendue grâce aux chercheurs d’Iker Archéologie. La balade culturelle se fait sur une après-midi pour 15 euros (10 euros pour les enfants). Avant de démarrer, Argitxu Beyrie et Eric Kammenthaler proposent un diaporama de quinze minutes expliquant les techniques d’extraction de l’or. Pour mieux comprendre, une fois arrivé sur le site.

Les archéologues évoquent également le patrimoine local à travers trois autres circuits: sur la montagne garaztar, sur le massif de Larla et sur Espelette et le Mondarrain. Réservation obligatoire (lire ci-dessous).



Mines de Larla, tour d’Urkulu et château du mondarrain aussi
Outre la découverte de l’or d’Itxassou, Argitxu Beyrie et Eric Kammenthaler proposent également trois autres itinéraires de découverte culturelle. Le massif de Larla sur lequel les deux archéologues ont particulièrement travaillé est évidemment au programme. Culminant à 700 mètres d’altitude, il se situe au débouché de la vallée des Aldudes, sur la commune de St-Martin-d’Arrossa. Le massif s’étire sur plus de quatre kilomètres de longueur et domine à l’Est, la vallée de la Nive et le bassin d’Ossès.

Les vestiges d’activité minière et métallurgique découverts à ce jour couvrent une superficie d’environ 650 ha. Ils comprennent un grand nombre d’ouvrages miniers qui ont alimenté au cours de l’Antiquité une cinquantaine d’ateliers de métallurgie installés aux abords des minéralisations, à flanc de montagne, puis, dans un second temps, à partir du XVIIe siècle, les diverses forges et hauts fourneaux établis en fond de vallée, à Ossès, à Saint-Etienne-de-Baigorry et à Banca. A partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’en 1914, lors de la dernière phase d’exploitation des gîtes, la sidérite extraite des mines de Larla faisait l’objet d’un grillage avant d’être expédiée par voie ferroviaire. Les vestiges de l’usine de traitement minéralurgique sont toujours visibles au lieu de Pikasari, près du village de Saint-Martin-d’Arrossa.

La promenade proposée par les archéologues ne prévoit pas de visiter les galeries souterraines mises en évidence au cours des recherches engagées depuis 1999. Elle permet toutefois de voir les vestiges, des plus vieux aux plus récents, et de conter l’histoire de la mine sur cette montagne. Cette année, les chercheurs ont d’ailleurs découvert une mine de fer de l’époque romaine. Les accompagnateurs donnent également des explications sur les hauts fourneaux de Banca.

Le circuit sur Larla (journée ou demi-journée, départ St-Martin-d’Arrossa) comme ceux sur Urkulu et le Mondarrain ne présentent pas de difficulté et sont accessibles à toute la famille.

Iker Archéologie propose en effet d’aller sur les hauteurs garaztar pour en savoir plus sur la voie romaine sur la curieuse tour d’Urkulu. A. Beyrie et E. Kammenthaler y diront entre autres qui vivaient là avant la conquête romaine et ce que cette dernière a modifié. Les mêmes Tarbelles qui exploitaient l’or plus bas habitaient aussi la montagne. La conquête romaine va amener la construction de cette voie qui permettait d’une part de faire circuler l’information et d’autre part favorisait les échanges commerciaux. Les promeneurs marcheront sur les pas des voyageurs et commerçants qui, il y a deux millénaires, franchissaient les Pyrénées par les Ports de Cize. C’est en bordure de cette chaussée romaine qu’a été édifiée la tour d’Urkulu. Cet immense édifice n’avait pas un but de défense. Elle symbolisait "seulement" la présence et la puissance de Rome. C’est une tour-trophée.

La balade sur la montagne de Cize dure l’après-midi avec départ au Jai Alai de St-Jean-Pied-de-Port.

Le dernier itinéraire proposé par les deux archéologues évoque une histoire plus récente. Il s’agit de faire connaissance avec les châteaux d’Espelette et du Mondarrain (Itxassou). Après la présentation du château médiéval des seigneurs d’Espelette, le promeneur sera amené à monter jusqu’aux ruines du château fort juché au sommet du Mondarrain. Il ne reste aujourd’hui que des vestiges de ce château ou tour de guet appartenant au roi de Navarre. Il fut construit au Moyen Âge et occupé jusqu'au XVe siècle.

On apprendra ici l’histoire du Labourd et de la Basse Navarre, la domination anglaise, le conflit avec la Navarre... Argitxu Beyrie a travaillé sur les archives de ces deux châteaux et détient ainsi des informations qui ne sont pas accessibles au grand public.

Si les visites organisées par Iker Archéologie s’étalent de juin à septembre, les deux archéologues envisagent d’accueillir les groupes et les scolaires toute l’année. S’agissant des visites estivales, l’inscription est obligatoire au 06-25-47-32-09.

Les tarifs s’élèvent à 15 euros (adulte) et 10 euros (7-14 ans) pour une demi-journée et à 20 euros (adulte) et 15 euros (7-14 ans) pour une journée entière.


 
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