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Le JPB > L'opinion > Un coup d'oeil sur 2007-07-18
Juillet 2007 / Par Pierre TEVANIAN
La « salope » et les « Arabes répugnants »

Deux poids, deux mesures : le constat n’a rien d’original. Il est même désespérant de banalité, tant les exemples prolifèrent, de semaine en semaine. Nous avons déjà souligné sur ce site l’écart entre "l’affaire Dieudonné" et la "Non-affaire Max Gallo" : le comique, après des propos effectivement inacceptables, déclencha un véritable tollé et fut qualifié par des socialistes et des représentants de SOS Racisme de "Nouveau Le Pen" et de "plus grand antisémite de France" ; au même moment, Max Gallo qualifiait l’esclavage de simple "tache" dans l’histoire de France, et remettait en doute son caractère de crime contre l’humanitéŠ dans une indifférence quasi-générale.

Nous pourrions aussi relever toutes les injures et tous les sous-entendus sexistes dont Ségolène Royal a fait l’objet au cours de l’élection présidentielle, sans que la presse s’en émeuve grandement ­ des minables allusions de Michèle Alliot-Marie sur les "jupes" de la candidate socialiste au répugnant procédé de Nicolas Sarkozy lors du débat télévisé de l’entre-deux tours, consistant à ponctuer d’un ostensible et appuyé "Madame" chacune de ses réparties remettant en cause la compétence de son adversaire. Sans parler des innombrables sarkozystes expliquant que leur héros avait davantage "la carrure d’un homme d’État", et la collaboration des journalistes eux-mêmes à ce sexisme subliminal, lorsqu’ils évoquaient "le futur président de la République" ­ sans jamais (ou presque) préciser : "ou la présidente".

[...] Les homosexuels ont donc encore des progrès à faire en matière de "dignité médiatique". Mais le "peloton de queue" en la matière reste tout de même la communauté indigène, avec un combat serré entre les Noirs et les Arabes pour la toute dernière place. Alain Finkielkraut a certes été vaguement gourmandé pour avoir ricané de "l’équipe de France black-black-black" et des "descendants d’esclaves qui vivent de l’assistance de la métropole", ou pour avoir déclaré que, y compris pendant la colonisation, "la France n’a apporté que du bien" à l’Afrique ­ mais la condamnation ne fut ni unanime (loin de là) ni très durable : le raciste récidiviste parade aujourd’hui sur tous les plateaux de radio et de télévision, avec la même fréquence qu’auparavant.

Pascal Sevran a de même été sermonné, y compris par ses employeurs, pour ses piteuses sorties sur "la bite des Africains". Mais le tollé médiatique fut très loin, par exemple, de "l’affaire Dieudonné". SOS Racisme assura même la défense de l’animateur, en prenant la peine de le rencontrer, en défendant publiquement sa bonne foi et son "bon fond", et en lui proposant de réparer son "erreur" en réalisant un documentaire sur la famine en Afrique !

[...] On pourrait hélas multiplier le même genre d’exemples sur les Arabes et les musulmans (de Claude Imbert : "Je suis islamophobe", à Michel Houellebecq : les femmes musulmanes voilées, "ces salopes en manque", en passant par les "rats" de Maurice DantecŠ). Mais il faut bien s’arrêter. Arrêtons-nous, donc, sur Jean Benguigui, Alain Finkielkraut et Pascal Sevran, et comparons leur "image", le niveau de "légitimité" morale qu’ils conservent dans les grands médias, avec la disqualification et l’ostracisme dont sont à juste titre l’objet des Renaud Camus, Alain Soral ou Dieudonné. Le contraste est saisissant : il y a des groupes qu’on ne peut plus insulter sans se retrouver totalement disqualifié moralement ­ et c’est tant mieux ­ et il y a d’autres groupes sur lesquels on peut dire à peu près tout et n’importe quoi sans être grandement inquiété.

C’est ce que vient de confirmer la récente élection législative. Outre l’investiture UMP accordée à l’homophobe Vanneste, cette campagne a été marquée par une immonde plaisanterie d’une autre candidate UMP, Sylvie Noachovitch : "Moi, mon mari peut dormir tranquille : dans ma circonscription, il n’y a que des Noirs et des Arabes, et l’idée de coucher avec l’un d’entre eux me répugne !". Énoncés en un lieu semi-privé, au sein d’un Jury littéraire, à l’heure du déjeuner, ces propos ont été rendus publics par Le Canard Enchaîné [...]

Alors même que l’auteure des propos en cause est candidate UMP et que la scène a lieu en plein entre-deux-tours de l’élection législative, les réactions se comptent sur les doigts de la main ­ du moins au sein des élites politiques et médiatiques du pays. Aucun responsable de l’UMP ne condamne publiquement la candidate, et même à gauche, l’affaire ne fait que peu de "bruit". Quant aux journalistes, ils ne se bousculent pas pour aller interpeller Nicolas Sarkozy, François Fillon et les responsables de l’UMP sur leur silence complaisant, sinon complice.

Quelques jours plus tard, on découvre sur internet des images capturées en "caméra cachée" nous montrant le secrétaire général délégué de l’UMP, Patrick Devedjian, traitant l’ex-députée UDF, Anne-Marie Comparini, de "salope". Ce qui, selon tous les habitués des coulisses du microcosme, constitue l’ordinaire du jargon politicien, devient tout à coup public ! Tant mieux : on commençait, à force de propagande niputenisoumiste, à croire que seules des petites racailles basanées et islamisées parlaient des femmes en ces termesŠ Et tant mieux aussi pour la réaction, qui ne tarde pas trop : indignation unanime parmi les responsables du MODEM et du PS, puis de l’UMP. Puis ce sont des ministres, comme Rachida Dati, le Premier ministre lui-même et enfin le chef de l’Etat qui expriment leur réprobation.

Patrick Devedjian s’en relèvera certes, car en France, on pardonne encore assez généreusement ­ et assez rapidement ­ les "écarts" sexistesŠ Mais il n’est pas anodin que le monsieur ait dû présenter des excuses publiques ("par communiqué") ainsi que des excuses privées rendues publiques ("J’ai appelé Anne-Marie Comparini"). C’est même un important progrès, en termes de lutte contre le "sexisme ordinaire". On attend maintenant la même réactivité des journalistes sur "l’affaire Noachovich"[...].


 
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