La coalition Euskal Herria Bai en "opposition frontale" à Sarkozy
·Abertzaleen Batasuna, Eusko Alkartasuna et Batasuna ont présenté hier leurs candidats
Les candidats et le programme d’Euskal Herria Bai pour les élections législatives ont été présentés hier par les trois partis de la coalition, Abertzaleen Batasuna, Batasuna et Eusko Alkartasuna. Trois partis qui souhaitent par cette initiative "adresser un message fort et positif" sur l’existence du Pays Basque, un territoire où la "grande majorité des habitants revendiquent chacun à leur manière et à des degrés divers leur basquitude, leur attachement à ce pays".
Pour défendre cette identité spécifique et pour porter un programme progressiste, les trois partis abertzale ont choisi trois candidats et trois suppléants pour les trois circonscriptions, même si la IVe "ne respecte pas les contours du Pays Basque" car mêlant la Basse-Navarre et la Soule avec le Béarn.
Léonie Aguergaray, élue à Musculdy et responsable d’un service médico-social sera la tête de liste pour la candidature basco-béarnaise. Sa suppléante, Mirentxu Lako, habitante de Juxue est enseignante. Pour la Ve circonscription, Euskal Herria Bai présente Miguel Torre, salarié retraité, Bilbotar d’origine et qui habite Bayonne depuis déjà 37 ans. À ses côtés, Manex Pagola, ethnologue de formation, retraité lui aussi et actuellement animateur à sa formation Eusko Alkartasuna. Enfin, à la VIe circonscription, la tête de liste d’EH Bai est Beñat Elizondo, élu abertzale à Urrugne depuis 1989, alors qu’au poste de suppléante la coalition présente la Senpertar Eliane Galarraga, monitrice-éducatrice à la maison d’accueil spécial Biarritzenia de Briscous.
Pas de regret sur le PNB
Les six candidats ont souligné le caractère "national" du Pays Basque et le droit de ses habitants à décider de leur propre avenir "par des voies politiques et démocratiques". Ils ont présenté un programme "progressiste", duquel ne fera pas partie le PNB, la quatrième formation appelée à composer la coalition mais qui a finalement décidé de s’auto-exclure. Pas de regret dans ce sens. "La porte leur était ouverte, on leur a dit cinq ou six fois", a déclaré Manex Pagola. Et d’ajouter que le PNB "a même signé la charte qui est la base de notre programme".
La coalition Euskal Herria Bai, qui se déclare "en opposition frontale" avec la politique de Nicolas Sarkozy "celle d’une droite ultralibérale au service des privilégiés, une droite pro OGM, qui fait la chasse aux immigrés, joue sur les peurs issues d’une précarisation sociale croissante et dresse les gens les uns contre les autres", décline son programme en six points: l’institutionnalisation du Pays Basque, la co-oficialisation de la langue, la défense d’un processus de résolution démocratique du conflit basque, le développement des relations entre le Pays Basque du nord et du sud, la mise en place de stratégies de développement durable et la défense des conditions de vie et de travail dignes.
Les candidats d’EH Bai ont porté leur soutien à la demande de Batera d’organiser une consultation concernant le Département Pays Basque. "En tant qu’abertzale, nous revendiquons pour le Pays Basque nord un cadre institutionnel aux compétences larges", notamment en matière de développement économique, aménagement du territoire, des relations transfrontalières, de politique linguistique, a énuméré Léonie Aguergaray.
Quant à la langue, EH Bai revendique la "pleine réappropriation" de l’euskara et sa co-officialisation, "parce qu’aucune langue minorisée dans le monde n’a pu se maintenir et se redévelopper sans protection légale", a déclaré Mirentxu Lako, tout en soulignant la nécessité de mettre en place une "politique linguistique publique volontariste, dotée de moyens financiers conséquents".
Pour un processus de résolution du conflit en Pays Basque, EH Bai fait référence à "l’esprit de l’Accord Démocratique de Base" signé par plus d’une cinquantaine de syndicats et mouvements sociaux et qui revendique que "tous les citoyens du Pays Basque doivent être consultés sur leur avenir, par une procédure décidée par tous les acteurs". Ce processus doit garantir, selon Euskal Herria Bai, les conditions de participation de tous les acteurs politiques et sociaux du Pays Basque, dont le collectif des prisonniers pour lesquels la reconnaissance du statut politique est demandée. Ce processus doit garantir également, "la résolution de toutes les conséquences du conflit sur les personnes et notamment, outre la question des prisonniers et réfugiés, l’ensemble des victimes de la violence politique et étatique durant les décennies du conflit".
Relations transfrontalières
Concernant les relations nord-sud, EH Bai estime que le Pays Basque est composé des "sept provinces historiques" lesquelles "forment une seule et même nation". Dans ce sens, a expliqué Beñat Elizondo, "nous proposons de renforcer des liens privilégiés entre le Pays Basque nord et sud, pour mettre en ¦uvre des axes de travail en commun dans les domaines des infrastructures, du développement économique, universités, collaboration entre hôpitaux, action sociale, culture, médias, sport, etc."
EH Bai s’est également prononcée pour un développement durable et pour l’"arrêt immédiat de tous les projets d’infrastructures de transports", dont la LGV, la transnavarraise, l’aéroport d’Hondarribia et l’élargissement de l’A63 "qui s’inscrivent dans l’idéologie du productivisme forcené et ne visent que le profit des grandes entreprises", selon Eliane Galarraga.
Enfin, Euskal Herria Bai défend des conditions de vie et de travail en Pays Basque "dignes pour toutes et tous", en commençant par "l’accès à un logement adapté". Pour ce faire, la coalition propose la mise en ¦uvre "d’une véritable politique du logement permettant de stopper la spéculation, l’implantation de maisons secondaires, la multiplication de logements vides et donnant la priorité à des programmes de logements sociaux".
Tous ces thèmes seront développés au cours des réunions publiques de campagne qui se clôtureront le 3 juin lors d’un meeting-repas à la maison des associations à Bayonne .
|
