"Nous arrivons aujourd’hui à certaines limites de notre enseignement", ont affirmé hier les membres de Erakasleak. L’association d’enseignants en langue basque du public tire la sonnette d’alarme et demande d’urgence un travail sur l’aspect qualitatif de l’enseignement bilingue.
"La nouvelle carte scolaire a particulièrement touché la filière bilingue. Cela porte atteinte à cet enseignement d’où notre action auprès de l’Inspection académique et de l’Office Public de la Langue Basque", a expliqué hier Marie-Claude Larrea, présidente d’Erakasleak.
L’association a en effet rencontré l’Office Public de la Langue Basque et a envoyé un courrier, sans réponse pour l’instant, à l’inspecteur d’académie. Les enseignants y indiquent ne pas comprendre les décisions de carte scolaire, les modes de calcul de l’administration "ne tenant pas compte de la réelle situation au quotidien" des écoles en question.
"L’Education Nationale affirme faire des efforts pour aider la langue basque mais elle ne donne pas les moyens nécessaires", a indiqué Kattina Martin, enseignante de basque et membre d’Erakasleak.
L’association affirme que les élèves du bilingue n’ont pas le niveau nécessaire en langue basque, à l’écrit en particulier, à leur entrée en sixième. "Lorsque l’enseignement bilingue public a été créé en 1983, les élèves étaient majoritairement bascophones. Aujourd’hui, les effectifs ont fortement augmenté, beaucoup d’élèves ne sont pas bascophones, les classes sont donc très hétérogènes. Il faut plus d’heures en basque dès le plus jeune âge pour que les enfants puissent entrer dans les apprentissages avec un bon bagage", estime Marie-Claude Larrea.
Les enseignants proposent que soit mise en place l’expérience engagée à l’école de St-Jean-Pied-de-Port mais rapidement stoppée par l’Inspection académique. Le projet demandé par les parents prévoyait que durant trois ans, l’enseignement en maternelle soit composé de 18 heures de basque pour 6 heures de français. "Ce système a déjà été mis en place dans le privé catholique. Nous voulons avoir les mêmes chances dans le public", a affirmé Odon Noblia, autre membre d’Erakasleak.
L’association souligne que le système d’enseignement bilingue, créé il y a 30 ans, n’a "jamais fait l’objet d’un bilan".
"Il s’est très vite développé, n’a pas su évoluer et atteint aujourd’hui ses limites. Nous voulons, en collaboration avec l’Office Public de la langue basque et l’inspection académique, mettre tout ça à plat", estime M-Claude Larrea.
Erakasleak doit rencontrer à nouveau les responsables de l’OPLB en juin. Elle attend également une réponse à sa demande de rendez-vous avec l’Inspecteur d’académie. "Nous demandons à l’Education Nationale de prendre en compte les spécificités de l’enseignement bilingue et d’y apporter les améliorations nécessaires", a écrit l’association à Jean-Michel Eple.