P résidente de l’association des Amis des Moulins Pays Basque Béarn, Ardatza-Arroudet, mon ahurissement a été complet quand j’ai lu cette information dans le jpb, du mercredi 4 avril, en page 5, concernant l’incendie du Moulin d’Aussurucq, revendiqué par une personne X.

Tout d’abord, à titre personnel, car je n’ai pas oublié le travail d’un fils d’Aussurucq, Grégoire Eppherre, lors de la création de l’Ikastola de Mauléon et dans laquelle j’ai été associée en tant que présidente d’honneur, lors du transfert à Chéraute. C’est vraiment triste que cela arrive dans son propre village !

L’association que je préside s’élève aussi, fermement, devant l’action incendiaire, menée par X contre le Moulin d’Aussurucq, telle qu’elle a été présentée dans le Journal du Pays basque.

Plusieurs points ont attiré notre attention :

- Nous connaissons le coût de la rénovation d’un moulin (voir par exemple, la rénovation du Moulin Goyhena, de Licq Atherey) ; les travaux généralement exécutés par des artisans du coin ont bénéficié à l’économie du village, ce qui n’est pas à négliger. A travers la restauration de ce moulin c’est un peu le patrimoine collectif qui survit.

- La plupart des moulins de Soule ont été abandonnés et détruits par leurs divers propriétaires souletins comme par exemple, dans la vallée proche d’Arette qui a réussi à en reconstruire un sur 22. Le couple qui a réaménagé ce lieu, a donc eu le mérite de mettre de l’argent dans ce coin délaissé par tous. Ce couple, attaché au respect de la nature, savait que la régulation des eaux passe aussi par l’entretien du moulin et surtout, de son équipement hydraulique qui retient un peu des eaux de ruissellement pour éviter un dévalement rapide sur les pentes, et grossir le Saison et lui éviter de déborder. Habiter sur place, même à temps partiel, permet un minimum d’entretien des canaux. Donc, brûler un équipement et un logement nous paraît idiot, au titre social et environnemental durable.

- Si les Souletins ont vendu certaines de leurs terres et leurs maisons, c’est de leur volonté propre. Et ce n’est pas la faute de l’acquéreur si les Souletins préfèrent, ou ont préféré, s’expatrier en ville et y vivre, comme à Paris, Pau, sur la Côte ou ailleurs, surtout depuis 1881, avec une accélération entre 1954 et 1975, tandis que l’urbanisation de Mauléon a vidé les espaces ruraux. Si les Souletins comme les Labourdins ont abandonné leurs équipements et leurs maisons éloignées des villes, cela a été leur choix, à un moment donné. Ils n’ont pas été expropriés pour ce faire et ils en ont retiré un revenu. Pourquoi dans ces conditions, ne pas s’en prendre aux banques qui permettent ces transactions financières ? Le constat d’abandon des moulins souletins et leur inventaire ont été faits par l’association Ikertzaleak qui a édité un CD passionnant à ce sujet.

- Il est dommage que X ne se souvienne pas, que durant 3 siècles, à partir de 1152, la Soule a vécu sous la présence administrative anglaise. X devrait se réjouir d’un juste retour des choses si quelques personnes, venues des Îles Britanniques ont envie de revenir sur cette terre qui était un peu la leur, puisque le blason de la Soule porte encore, aujourd’hui, l’écu "de gueules au lion d’or" du vicomte de Soule qui était le roi d’Angleterre à partir de 1307. L’"Histoire de la Soule", par J.Marie Régnier est intéressante à ce sujet. Les Anglais étaient sans doute plus respectueux des habitants de la Soule que ne le furent d’autres et il est vraiment lamentable que X ne se comporte pas au moins de la même façon. Cela fait plutôt penser aux actions pro-nazies en Allemagne !

La présidente d’Ardatza-Arroudet est vraiment désolée que la personne anonyme qui revendique l’incendie du Moulin d’Aussurrucq, dans le bassin du Gezalia, puisse en être fière en tant que Souletin, alors que cet acte ne fait que détruire ou casser son propre patrimoine. Notre association travaille depuis 1988, afin que les moulins et leurs ouvrages hydrauliques soient respectés et restaurés par les propriétaires particuliers et collectifs ; elle ne peut pas accepter la destruction volontaire d’un moulin. Le Congrès de la Fédération française des Amis des Moulins doit se dérouler à Saint-Pée-sur-Nivelle, à la fin de ce mois et c’est vraiment une bien triste nouvelle, pour ce rassemblement des meuniers, basques et souletins y compris.