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Le JPB > Pays Basque 2007-03-24
Un an après, tout un pays en quête de paix
·Aujourd’hui, jour pour jour, cela fait un an que le "cessez-le-feu permanent" annoncé par l’ETA le 22 mars 2006 est entré en vigueur

"Euskadi Ta Askatasuna [ETA] a décidé de déclarer un cessez-le-feu permanent à partir du 24 mars 2006. L’objectif de cette décision est d’impulser un processus démocratique au Pays Basque pour construire un nouveau cadre dans lequel soient reconnus les droits qui nous reviennent en tant que Peuple, et dans lequel soit garantie pour l’avenir la possibilité de développement de toutes les options politiques".

Un an après l’entrée en vigueur du "cessez-le-feu permanent" de l’ETA, les graines d’espoir que cette annonce avait semées dans cette terre basque tardent à pousser. Difficile de maintenir l’espérance face à un processus de dialogue beaucoup trop lent, où les pas ont été faits au goutte-à-goutte et dont les fondements ont été secoués par le séisme de l’attentat de l’ETA à l’aéroport de Barajas du 30 décembre et par la rupture officielle de tout dialogue qui s’ensuivit.

Pourtant, malgré les difficultés, les graines semées peuvent encore repartir, nourrie par le besoin. Le besoin de dépasser les souffrances liées au conflit est le meilleur des engrais dans ce type de processus, comme l’a déclaré à maintes reprises le leader irlandais du Sinn Féin, Gerry Adams. À cela il faut ajouter d’autres besoins.D’une part, celui du gouvernement socialiste de trouver une issue avant les élections législatives de 2008, puisque la paix est la pierre angulaire du mandat de José Luis Rodríguez Zapatero et il ne peut pas se permettre d’échouer. D’autre part, le besoin de la gauche abertzale de trouver une solution pour participer de plein droit dans la vie politique et pour mettre en place un cadre politique lui permettant de défendre son choix indépendantiste au-delà du statu quo.Et, enfin, peut-être le besoin le plus important, celui de la population basque et de la société espagnole qui ne demandent pas autre chose que la reprise du dialogue pour mettre un terme au problème.

Une majorité pour le dialogue

Un récent sondage réalisé par l’institut GESOP à la demande du quotidien catalan El Periodico de Catalunya montre à quel point la société est en quête de paix. Quelque 58,8% des personnes interrogées souhaitent voir relancer les pourparlers entre le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero et l’ETA, malgré l’opposition farouche du Parti Populaire. Certes, il s’agit d’un pourcentage bas par rapport à celui que les sondages montraient il y a un an (près de 80%).

Mais, tenant compte de la pression exercée par les médias de la droite contre le dialogue et par la droite même à travers des manifestations comme celles de Madrid et de Pampelune d’il y a quinze et huit jours, le fait que 60% de la société se dise favorable à la reprise des pourparlers avec l’ETA est extraordinairement significatif. Tout comme il est significatif que 55,1% des enquêtés pensent que le PP est responsable de l’accroissement des tensions politiques en Espagne, alors que seuls 18,3% des sondés imputent ce phénomène aux socialistes.

Tout cela montre l’existence d’un décalage entre les votants traditionnels de la droite, dont une grande partie serait favorable au dialogue, et les dirigeants du Parti Populaire, qui ne semblent pas disposés à mettre un terme à l’utilisation de la question basque en tant qu’arme électorale.

Dans ces circonstances, José Luis RodríguezZapatero, qui a réaffirmé sa "détermination intacte" à en finir avec le conflit basque, pourrait confronter avec beaucoup plus de tranquillité l’opposition du PP. Selon la presse madrilène, le locataire de La Moncloa attend un communiqué de l’ETA avant de relancer le processus de dialogue.

Il faut rappeler que dans sa revendication de l’attentat du 30 décembre, dont elle a déploré les morts, l’ETA avait affirmé que son cessez-le-feu restait "en vigueur". Mais cela ne suffit pas au gouvernement. Un nouveau communiqué, qui serait diffusé avant le 8 avril, journée de l’Aberri Eguna [jour de la patrie basque], annoncerait toujours selon les médias madrilènes un engagement "plus déterminé" de la part de l’ETA.

Au jour d’aujourd’hui, cette information n’est qu’une hypothèse basée sur une longue tradition.En effet, l’ETA ayant l’habitude de se manifester autour de la date de l’Aberri Eguna, il est logique d’espérer un communiqué avant le 8 avril d’autant plus qu’à cette date s’ajoute celle des douze mois depuis l’annonce du cessez-le-feu. Mais de là à affirmer que dans cette éventuelle déclaration l’organisation armée basque annoncerait un "abandon définitif de la lutte armée" comme l’annoncent certains médias, il y a de la marge.

La seule certitude aujourd’hui, c’est que l’ETA n’a pas encore donné son avis sur la proposition de la gauche abertzale sur la mise en place d’une double autonomie politique au Pays Basque nord et sud. Si un communiqué existe, il devrait très certainement se prononcer sur la question. Sur le reste, mystère. Et élucubrer sur ce que l’ETA pourrait annoncer ne sert qu’à vendre des journaux ou à augmenter l’audience.

La voie politique

Et alors que certaines rédactions bruissent de rumeurs sur l’imminence d’un communiqué de l’ETA qui "clarifierait" ou "modifierait la donne", le deuxième pilier du processus de paix, le dialogue entre les partis politiques, reste toujours bloqué. Les socialistes conditionnent la reprise du dialogue à une annonce de l’ETA concernant l’abandon définitif des armes. La direction du PNV, même en partageant cette position, estime que les contacts doivent se poursuivre en attente d’une déclaration de l’ETA sur l’"abandon définitif de la violence" permettant un "dialogue résolutif".Eusko Alkartasuna, tout en demandant une déclaration de ce type à l’ETA, espère davantage de pas du gouvernement espagnol.Tout comme la troisième formation du tripartite, Ezker Batua-IU qui propose la mise en place d’une commission mixte Vitoria-Madrid pour relancer le processus.

Enfin, Batasuna, qui a déclaré jeudi qu’"un scénario de non-violence multilatérale est absolument nécessaire pour rendre possible le dialogue et la négociation politique et surtout l’accord politique final", a appelé à avancer dans les pourparlers entre les partis politiques pour débloquer la situation actuelle.

"L’opportunité historique" d’obtenir la paix est "toujours ouverte", a affirmé le porte-parole Navarrais de Batasuna Pernando Barrena. Selon lui, "cela relève de l’ETA et du gouvernement [espagnol] de mettre en place un scénario de non-violence multilatérale" et "des partis politiques d’avancer vers un accord sur la solution politique du conflit".

Sans doute, le pessimisme est l’état d’âme le plus facile à adopter, surtout un an après la vague d’optimisme qui avait inondé tous les esprits du Pays Basque. Mais, s’il est vrai que la situation actuelle ne porte pas à l’optimisme, le fait que malgré tous les obstacles la majorité de la société soutienne la reprise du processus de paix est un élément d’espoir indéniable. Toutes les parties ont intérêt à répondre à cette demande.



Chronologie
22 mars. L’ETA déclare un "cessez-le-feu permanent" en vigueur à partir du 24 mars.

29 mars. Le juge Fernando Grande Marlaska écroue le leader de Batasuna Arnaldo Otegi et lui impose une caution de 250 000 euros.

1er avril. À l’appel du Forum de Débat National, des milliers de personnes manifestent à Bilbo en soutien d’un processus de paix.

7 avril. Arnaldo Otegi quitte la prison après avoir payé sa caution.

8 avril. Des femmes de toutes sensibilités politiques (sauf le PP) créent la plateforme Ahotsak.

14 juin. L’ETA exprime sa volonté de mener jusqu’au bout un processus de résolution du conflit.

20 juin. Plusieurs personnes sont arrêtées en Pays Basque nord et sud accusées d’appartenir au réseau financier de l’ETA.

29 juin . Le président Zapatero annonce solennellement le lancement d’un "dialogue" avec l’ETA, et insiste sur le "respect des décisions que prendront librement les citoyens basques".

6 juillet. Première rencontre symbolique entre le Parti socialiste d’Euskadi (PSE) et le parti de la gauche abertzale Batasuna.

Début août. Le prisonnier politique Iñaki de Juana Chaos entame une grève de la faim afin de dénoncer sa mise en examen pour deux articles d’opinion publiés dans la presse. Le parquet requiert 96 ans de prison.

20 août. Un groupe de personnes brûle un minibus à Donostia pour dénoncer la situation d’Iñaki de Juana Chaos. C’est le début de la reprise de la kale borroka.

Début septembre. Premières réunions informelles des partis basques en vue de trouver un préaccord sur le volet politique des négociations.

23 octobre . Un commando de l'ETA vole 350 armes près de Nîmes. Le président Zapatero prévient par la suite qu’il y aura des "conséquences". Gel des contacts entre partis basques.

24 octobre. La justice confirme l'inculpation d'Arnaldo Otegi et de 37 autres membres de Batasuna.

25 octobre. Le Parlement européen apporte son soutien au processus basque.

4 novembre. L’ETA prévient dans son bulletin interne de la rupture du processus faute "d'avancées visibles" de la part de Madrid.

6 novembre. M. Zapatero affirme que son gouvernement "ne fera pas de concession", c’est-à-dire pas de geste d’apaisement tel que pourrait l’être le rapprochement.

7 novembre. Après un jeûne de plus de deux mois, Iñaki de Juana Chaos rentre à nouveau en grève de la faim pour dénoncer sa condamnation à treize ans de prison pour deux tribunes libres.

11 novembre . Batasuna affirme que le processus se trouve dans une situation très grave.

29 novembre. Trois activistes présumés de l’ETA, dont le chef présumé de son appareil logistique, Zigor Garro Perez, interpellés à Quézac.

2 décembre. Arrestations de trois autres membres de l’ETA près d'Aurillac.

5 décembre. Pour Batasuna, dans les conditions actuelles le processus n’est pas viable.

9 décembre. Un dirigeant socialiste affirme que l’ETA n’était pas au rendez-vous de la réunion prévue dans un pays d’Europe avec des émissaires de Madrid au mois d’août.

12 décembre. Batasuna : "le processus est sur le point de couler".

13 décembre. M Zapatero assure qu’il fera les "gestes nécessaires à chaque étape", mais "pas de faux pas".

20 décembre. La presse annonce qu’une première réunion entre émissaires du gouvernement et de l’ETA a eu lieu le 14 décembre "dans un pays européen", information que Madrid a refusé de confirmer.

30 décembre. Attentat à l’aéroport de Madrid. Deux morts.

2 janvier. Le ministre espagnol de l’Intérieur Alfredo Pérez Rubalcaba affirme que le processus est "liquidé".

6 janvier. Le rassemblement auquel le Mouvement pro-amnistie devait annoncer ses contributions pour la résolution du conflit est interdit. La police autonomique charge et interpelle deux personnes. Quelques heures auparavant la Garde Civile avait arrêté l’animateur de Radio Pays Sébastien Bedouret.

8 janvier. Batasuna appelle l’ETA à "conserver intacts" les engagements du communiqué du 22 mars.

9 janvier. L’ETA revendique l’attentat et affirme dans un communiqué que son cessez-le-feu est pour autant maintenu.

11 janvier. Tout en condamnant l’attentat, le groupe de députés européens créé en soutien au processus, lance un appel pour "sauver la paix".

13 janvier. Des milliers de personnes à Bilbo à l’appel du lehendakari. Le thème de la manifestation "Pour la paix et le dialogue" est changé à la demande des socialistes pour éviter la participation de la gauche abertzale.

15 janvier. Lors d’un discours au Congrès, le chef du gouvernement espagnol appelle à un "grand consensus démocratique contre le dialogue".

19 janvier. Le Tribunal Suprême déclare les mouvements de jeunes Jarrai, Haika et Segi "organisations terroristes". Une vingtaine de jeunes sont incarcérés.

22 janvier. Nouvelle réunion entre le lehendakari Juan Jose Ibarretxe et des représentants de Batasuna.

3 février. Des milliers de personnes manifestent à Bilbo pour le dialogue à l’appel de la démarche Milakabilaka.

5 février. Début de la campagne de mobilisation du Collectif des prisonniers politiques basques.

6 février. Suivant la thèse selon laquelle "tout est l’ETA", le ministère public demande des peines qui totalisent 484 ans de prison pour la cinquantaine d’inculpés dans le macro-dossier 18/98.

13 février. Ouverture d’enquête au Tribunal supérieur de Justice du Pays Basque contre les dirigeants socialistes Patxi Lopez et Rodolfo Ares pour s’être réunis avec Batasuna.

24 février. L’Ertzaintza charge contre une manifestation de la gauche abertzale à Bilbo.

1er mars. Le prisonnier Iñaki de Juana Chaos est transféré dans un hôpital de Donostia et arrête sa grève de la faim.

3 mars. La gauche abertzale présente lors d’un meeting à Iruñea-Pampelune sa proposition d’un double cadre d’"autonomie politique" pour les trois provinces basques du nord d’une part et pour les quatre du sud de l’autre. Le tout dans une "perspective nationale".

6 mars. Alors que le PP l’accuse de "céder" face à l’ETA, M. Zapatero annonce au Congrès que son gouvernement "est en train de chercher un grand accord politique pour la vie en commun en Euskadi", pour "se mettre d’accord sur les principes essentiels d’un nouveau cadre politique".

10 mars. Manifestation à Bilbo en soutien des personnes inculpées dans le macro-dossier 18/98 dont le procès finit le 14 mars. À Madrid, la droite et l’extrême droite manifestent à l’appel du PP pour protester contre le transfert de Chaos.

17 mars. Manifestation à Iruñea-Pampelune à l’appel de l’UPN sous le thème "La Navarre n’est pas négociable". Toute l’opposition navarraise critique la mobilisation.


 
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