Esquisses de Frank Gehry.C’est sous cet intitulé sobre que le documentaire de Sydney Pollack, à l’affiche du cinéma Le Royal de Biarritz, présente la vie et l’¦uvre de Frank Gehry, l’architecte californien qui a notamment conçu le musée Guggenheim de Bilbao, la Cinémathèque française de la rue de Bercy ou le Walt Disney Concert Hall à Los Angeles. Présenté lors du dernier festival de Cannes dans la sélection Cannes classics, le film est sorti dans les salles le 27 décembre et permet un voyage dans l’étonnante créativité de l’architecte comme dans le monument colossal de Bilbao.

Une rencontre de près d’une heure et demie avec cet architecte atypique, ancien routier qui est aujourd’hui l’un des rares à faire l’unanimité des critiques et du public.Ses ¦uvres sont d’ailleurs connues pour réconcilier art et architecture. Son travail minutieux est ainsi un savant mélange de visions et de révisions, perceptible aussi bien dans ses esquisses que dans ses maquettes. En 1989, il a reçu le Pritzker Prize, la récompense la plus prestigieuse du monde de l’architecture. Il a aussi reçu la Médaille d’Or de l’American Institute of Architects, ainsi que celle du Royal Institute of British Architects.

A l’heure où les nouvelles technologies ont bouleversé le travail d’architecte, Frank Gehry se singularise également par un travail élaboré à partir d’esquisses et de maquettes de bois.Il n’en démord pas, au point d’avoir érigé cette approche au rang de fondement de sa méthode de travail. Pour réaliser son premier documentaire, Sydney Pollack a donc utilisé l’angle de ces esquisses.Le film, tourné en pellicule et mini DV, propose une approche discrète de l’univers de Frank Gehry, pour saisir cet aspect "esquissé".

Mais c’est surtout une caméra amie qui approche l’univers de l’architecte et permet d’amorcer des bavardages artistiques, notamment en déambulant dans les surfaces courbes et organiques du Guggenheim.Le réalisateur de La Firme ou On achève bien les chevaux est un ami de longue date de Frank Gehry.C’est d’ailleurs au nom de cette amitié que l’architecte a bien voulu jouer le jeu du documentaire, proposition qu’il avait maintes fois écartée. C’est même lui qui a demandé au réalisateur américain de s’en charger, même si Sydney Pollack était aussi inexpérimenté en documentaire qu’en architecture. Grâce à cette amitié, le tournage du film a duré 5 ans, et permet quelques discussions croisées et cordiales entre les deux hommes, notamment sur la créativité. De quoi mieux comprendre le propos d’un architecte en rupture avec le post-modernisme souverain des années 80.Et avoir envie de le suivre dans ses nouvelles aventures, dont la construction d’un nouveau Guggenheim de 30 000 m2 dans l’émirat d’Abu Dhabi d’ici 2011.