Les prestigieux musées parisiens n’ont-ils d’autres solutions que de vendre leur "marque" à des établissements étrangers pour assurer leurs fins de mois ? La polémique, déclenchée par une pétition de près de 800 professionnels des beaux-arts, prend de l’ampleur en France. Deux quotidiens français Libération et le Figaro ont fait samedi leur "une" sur la controverse entourant la création de musées à l’étranger portant le nom d’institutions culturelles françaises et exposant une partie de leurs collections permanentes sous forme de prêts à long terme. Le Louvre, qui a ouvert une antenne aux Etats-Unis, pourrait désormais prêter une partie de ses ¦uvres à un musée de prestige à construire dans le riche émirat d’Abou Dhabi (en plus d’un nouveau Guggenheim). Un projet, de l’ordre du milliard d’euros, activement poussé par le gouvernement français. D’autres grandes institutions pourraient suivre, s’engouffrant dans la brèche ouverte il y a plusieurs années par le musée Guggenheim de New York qui a fait des petits moyennant finances dans plusieurs villes du monde. Les avantages sont nombreux, puisque, au-delà d’une seule démarche culturelle, installer un équipement de prestige peut fortement contribuer à moderniser l’image d’une ville, comme on l’a vu avec la création d’un Guggenheim à Bilbao, ou en France, avec la création d’une antenne du Louvre dans la ville minière de Lens, qui avait déjà suscité une polémique.Le musée national d’art moderne Georges Pompidou est également en négociations en Chine. Les personnalités hostiles à ces initiatives dénoncent "l’utilisation commerciale et médiatique des chefs-d'¦uvre du patrimoine national". Les "objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation", affirment celles-ci, en prônant une gratuité des prêts d’¦uvres. Sur la même ligne, Libération y voit, dans un éditorial au vitriol, "une inspiration quasi soviétique de la politique artistique. Imagine-t-on Brejnev animateur culturel à Las Vegas ? C’est un peu ce qu’on nous propose. Le Louvre n’est ni une marque de luxe prestigieuse, ni un faire-valoir du Quai d’Orsay". A Bilbao, on n’a pas vu ça comme ça.