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Le JPB > L'opinion > La parole à 2007-01-10
Nathalie VALLES / membre de la commission Migrations de Batasuna
Processus de résolution du conflit, processus de paix, processus démocratique

Q u’est-ce qu’une guerre? Comment la vivons-nous ? Qu’est ce qu’un désir de paix? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’une envie de guerre, de combats? Quelles différences entre la force et la violence ? Qui sont ces gens que nous aimons, nos victimes ? Qui sont ceux qui quoi qu’il advienne nous veulent morts ou moribonds ? Qui détermine la loi du vainqueur ? Qui décide que seule perdure la règle "vainqueur­vaincu" au profit dès lors de contentieux historiques et politiques qui perdureront tant que ne sera pas enclenché un véritable "processus de paix démocratique" seul garant d’une résolution durable du conflit.

On a l’habitude d’écrire "connaît ton ennemi comme toi-même". Mais il faut savoir que ton ami n’est pas toujours où ton regard unique se pose. Que ton bourreau est toujours ton complice en même temps que ton assassin car il est celui qui a le plus d’intérêt à te voir reprendre les armes pour défendre ta dignité, à te maintenir en état de guerre, à te faire passer de la force à la violence. Pour ton ennemi l’état de paix c’est la guerre. L’art de la guerre c’est de faire croire que la sécurité des autres passe par la mort, la torture, la prison et que ta propre sécurité passe par l’acceptation de la guerre. Dès lors il devient difficile et en même temps urgent pour la société civile de s’impliquer dans la résolution du conflit, dans le processus de paix démocratique.

Difficile parce qu’une guerre, celle-là comme les autres exige réparations, réconciliations. Elle ne peut effacer le passé, les morts, les blessés, les victimes quelles qu'elles soient et d’où qu’elles viennent. Elle nous plonge physiquement dans notre présent et notre futur parce qu’elle touche aussi bien notre avenir institutionnel, notre perception de la démocratie politique, de la répartition des pouvoirs que dans des dimensions privées et affectives, la perte d’êtres chers, la perte d’êtres humains de façon injuste et brutale, le bouleversement de notre quotidien. Cette guerre met en cause notre volonté de choisir notre destin mais n’oublie pas que notre destin est lié au destin de l’histoire politique du 20e siècle et aujourd’hui du 21e siècle.

Le conflit en EH, répond aux mêmes règles que tous les conflits, il est ancien et douloureux, il demande à ce qu’une légitime confrontation démocratique des projets réponde aux attentes de chacun mais aussi que la société civile intercède dans la construction d’une réparation, d’une concertation pour la paix.

Le conflit en EH renvoie notre destin à sa communauté historique, culturelle et politique. Il est déchiré entre la revendication légitime d’un peuple à l’autodétermination et la permanence de pratiques politiques héritées d’un passé commun à l’ensemble de la péninsule sous le regard actif de ses voisins. Ce que l’Espagne et la France peuvent retirer de la résolution du conflit en EH, c’est de gravir ensemble les marches du passé, pour nous arracher enfin aux tragédies, aux pratiques sociales et politiques héritées du franquisme. Le besoin de réparation d’un peuple renvoie en écho au besoin de réparations des peuples et des personnes dont le c¦ur et les destins sont liés à l’Espagne comme concept "national politique", comme dictature soutenue par le silence européen voire sa complicité. Ce qui n’a pas été résolu pour EH, ne l’a pas été non plus pour des millions de personnes. N’oublions pas que dans les charniers silencieux de la péninsule ibérique reposent les corps de personnes qui ne sont pas nos ancêtres, mais nos parents, leurs amis. N’oublions pas que ceux qui ont simplement 40 ans aujourd’hui sont nés et ont été élevés à l’école de la dictature. N’oublions pas que des milliers d’enfants aujourd’hui jeunes adultes sont nés de l’autre coté des Pyrénées parce que leurs familles ont dû fuir la répression, la misère, la peur, la mortŠ

Le conflit en EH renvoie aussi à la réalité d’aujourd’hui et à la mondialisation des conflits militaires, économiques et sociaux. Il reflète ce que la moralité réclame : une véritable égalité des droits entre tous les humains dans un monde majoritairement en guerre où les plus pauvres, les plus précaires payent toujours le prix fort. Une société civile qui se respecte est composée de personnes de tout âge, de toute obédience, de toutes origines, elle désire avant tout construire dans la paix un présent et un futur ou les institutions qu’elle se choisira lui garantiront la liberté d’expression, de travail, d’aspirations à une vie meilleure dans la dignité. Elle doit se garantir que la démocratie c’est l’acceptation des processus démocratiques qui peuvent ou non changer le visage historique et géopolitique des États, de l’organisation des peuples et des nations. Elle est celle qui porte le deuil et garantit le respect, le refus d’oublier, la capacité de rendre hommage aux victimes directes et collatérales que la guerre aura produites en garantissant la représentation de chacun et de chacune autant dans leur dimension privée, que dans leur dimension publique en participant à égalité de droits et de reconnaissance par tous, quelles que soient leurs origines, à la résolution du conflit.

Je veux croire à la permanence d’un désir de résolution démocratique de ce conflit, comme militante, comme femme, comme migrante qui a choisi de construire son présent et son avenir sur ce territoire. Je réaffirme sa nécessité historique et politique et mon envie de partager cet avenir en égalité de droits et de conditions avec tous ses habitants qu’ils soient avec ou sans papiers aujourd’hui, qu’ils dépendent de l’État français ou espagnol.


 
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