La rumeur circulait depuis plusieurs mois à Mouguerre, mais là elle semble se concrétiser peu à peu. L’avenir de la Sagem (ex-Sat) est incertain, de plus en plus de chaînes de production étant exportées par le groupe vers sa nouvelle usine en Tunisie.

Est-ce le début de la fin ? Pour l’instant, les délégués de Force Ouvrière n’ont pas d’éléments concrets, mais lors du dernier comité du groupe qui s’est tenu vendredi, la direction la Safran (née de la fusion entre la SNECMA et la Sagem en mai 2005) a indiqué très clairement qu’une solution devra être trouvée pour la filière Sagem-Communication dont dépend Mouguerre, puisqu’elle présente aujourd’hui un déficit à un chiffre, alors qu’il y a un an, avant les délocalisations, elle faisait un bénéfice à deux chiffres.

La Sagem emploie 300 CDI et plus de 200 intérimaires sur le site de Mouguerre. Ces derniers mois 6 chaînes de production sur 15 ont été délocalisées vers la Tunisie, où le groupe emploie près de 2 400 salariés. 2 400 emplois, qui correspondent exactement au nombre de salariés dont la firme s’est séparée ces dernières années. Une usine tunisienne toute nouvelle qui a encore de l’espace pour se développer sur place, et qui fait craindre le pire à Serge Voise, délégué du personnel FO à Mouguerre.

FO se dit inquiet. La téléphonie mobile est en perte de vitesse et représente un tiers de la production de Mouguerre. Mais paradoxalement ce n’est pas cette filière qui est en train d’être délocalisée, mais la filière la plus rentable, ce qui fait craindre pour l’avenir de la boîte, compte tenu que ce sont justement les filières les plus critiques qui restent sur place. "Dans les prochains mois une nouvelle ligne de production pourrait être délocalisée, celle qui concerne la fabrication de décodeurs pour la Télévision Numérique Terrestre" avertissent les délégués.

Pour l’instant, Force Ouvrière souhaite informer les salariés et alerter l’opinion publique et les élus, afin d’éviter "une catastrophe de plus" en matière d’emploi pour le tissu économique du Pays Basque. Les salariés rappellent que l’Etat reste l’actionnaire majoritaire du groupe avec 33 %. "Est-ce compréhensible que l’Etat cautionne la délocalisation des emplois" ont-ils interrogé.

Pourtant ces 24 derniers mois, la production à Mouguerre n’a cessé d’augmenter, grâce à une productivité en nette progression de près de 150%.