Un grand chantier de béton et d’acier pour raconter le quotidien, les espérances et les rêves des ouvriers de Mexico. En el Hoyo n’est pas un documentaire; pourtant Juan Carlos Rulfo a suivi deux ans durant, les travailleurs, maçons ou métallo, s’activant sur le périphérique de Mexico pour en construire un deuxième étage sans que la circulation ne soit coupée pour autant. Le réalisateur mexicain dont le film ouvrait officiellement le festival de Biarritz des Cinémas et Cultures d’Amérique Latine hier soir, a donné la parole à Chavelo, El Grande, El Guapo et les autres pour leur faire dire comment ils voient le monde. Des points de vue que l’on pourrait croire très locaux mais qui sont en réalité très universels.

Juan Carlos Rulfo a suivi quotidiennement le travail des ouvriers et a monté ces séquences pour en faire un film, une histoire en se servant des techniques cinématographiques et en faisant usage de la musique. Mais pas d’instruments traditionnels. Les mélodies et autres rythmes naissent du bruit des outils du chantier. Les ouvriers ne sont pas les seuls protagonistes ; on peut aussi voir la veilleuse, celle qui fait signe aux conducteurs pressés de ralentir ou de s’arrêter à l’approche du chantier. En deux ans de travaux, le chantier a fait dix morts dont huit veilleuses, fauchés par des voitures qui ne voulaient pas ralentir. Celle qui témoigne évoque ces esprits qu’elle voit tous les soirs non loin des ouvriers. Le remarquable film de Juan Carlos Rulfo sera à nouveau projeté ce matin à 10h, salle Atalaya. Mais il prendra également la route de St-Jean-Pied-de-Port, où le cinéma Le Vauban le diffusera demain soir à 20h30.

La décentralisation du festival de Biarritz sera aussi l’occasion de mettre l’Argentine à l’honneur à Garazi, avec la projection de Conversaciones con mama, qui avait reçu le prix de la Meilleure interprétation féminine en 2004. À Biarritz, une vingtaine de projections sont programmées aujourd’hui. Outre les films, de nombreuses animations sur la culture latino-américaine s’organisent dans Biarritz. Hier, trois expositions ont été inaugurées à la Crypte Sainte-Eugénie. Arboles y horizontes, de David Solis, Totems à la frontière, de Anabell Guerrero et Galeta tortel de Camille Fuzier sont visibles jusqu’au 1er octobre.

Par ailleurs, une rencontre sera organisée vendredi autour de l’exposition Une conquête de l’Amérique latine, à Biarritz depuis trois mois. Maria Elena Ramos, commissaire de l’exposition, Federica Palomero, la coordinatrice générale et Bernard Chappard, propriétaire de la collection seront présents.