On l’aime beaucoup, Carlos Sorin, mais il devrait savoir qu’on ne peut pas faire indéfiniment le thé avec le même sachet, il devient insipide. Cet opus-là lorgne sur Walt Disney, de l’aveu de Sorin himself. Tout le monde est gentil, les animaux sont omniprésents. Encore un road-movie qui plonge le spectateur dans un pays où la ferveur pour Maradona a remplacé celle pour Evita. On est loin d’Historias minimas, qui marquait, à Donostia, le grand retour du réalisateur argentin au cinéma.

"Plus qu’un film sur Maradona", ce long-métrage retrace "le destin, les croyances, les doutes qui ont accompagné le phénomène Maradona", a expliqué Carlos Sorin à Donostia. "Dans un pays où nous avons presque toujours perdu, notamment ces dernières décennies, le succès de Maradona a été impressionnant", a ajouté le réalisateur, dont le film est en lice pour la Concha d’or. El camino de San Diego, la légende du football argentin dans son pays en suivant le périple d’un jeune provincial admirateur de Maradona jusqu'à la mort qui décide de se rendre à Buenos Aires lorsqu'il apprend que son idole, en mauvaise santé, est hospitalisée en thérapie intensive. Il veut le rencontrer pour lui remettre une statue en bois qu'il a sculptée à son effigie.

"Ces phénomènes remplissent un vide dans une société où l’État ne donne pas de réponse. D’autres se chargent de véhiculer l’espoir", a ajouté Sorin, dont ce dernier film vient compléter la trilogie commencée en 2002 avec Historias minimas et Bonbon el perro (2004). Deux films sublimes qui affligent encore plus le cinéaste dans cette dernière ¦uvre. Lui-même plaide coupable et reconnaissait, dans le journal du festival, avoir du mal à se renouveler. Le chouchou du public donostiar, passé par la pub durant une décennie, sait bien que l’engouement populaire qui l’entoure ou qui entoure Diego Maradona ne suffit pas à faire un grand film. Carlos, réveille-toi !