Avec l’été revient subitement l’envie pour près d’un million et demi de Français d’abandonner maillots, paréos et bikinis dans le placard pour profiter des joies d’un bronzage intégral et de vacances à fleur de peau.

Seulement, en dépit du fait que l’Aquitaine se forge l’image d’une destination rêvée pour les aficionados européens de la vie sans pudeur, le Pays Basque semble beaucoup mois pourvu dans la réception d’une population qui ne cesse pourtant de s’accroître chaque année. Une pratique qui génère, de plus, près de 250 millions d’euros dans l’hexagone annuellement.

Selon la Fédération Française de Naturisme qui recense l’ensemble des établissements d’accueil, la région compterait plus d’une trentaine de clubs, centres de vacances ou plages qui permettent à tout un chacun d’ôter son "surplus" de tissu quand bon lui semble. Si la Gironde, la Dordogne et les Landes se partagent presque équitablement ce chiffre, les Pyrénées-Atlantiques ne disposent en tout et pour tout que de deux endroits officiellement recensés, un club et une piscine, tous deux situés dans l’agglomération paloise.

Pour René Colleu, président du Club du Soleil des Pays de l’Adour, le naturisme, pour les gens de la région, s’affiche plus volontiers en club ou en centre que sur la plage. "Il y a une forme de convivialité et de discrétion qui plaît à la clientèle locale et qu’on ne peut retrouver sur le sable du littoral", détaille l’intéressé. Après trente années passées à la tête de son établissement, il affirme qu’il reste évidemment plus facile de s’affirmer au sein d’un cercle restreint d’habitués qu’au milieu d’une foule de personnes qui ne partagent pas forcément le goût de la vie sans vêtements. Attention toutefois de ne pas se tromper : si le nudisme est le simple fait de se mettre nu, le naturisme correspond lui, plus largement, à une philosophie de vie et à une certaine forme de sociabilité.

Qu’en est-il alors réellement en Pays Basque? S’il n’existe aucun centre ni club naturiste, que ce soit au sud comme au nord de la Bidasoa, les adeptes de la tendance "Adam et Eve" ont quand même leurs petites habitudes. La plage "des Dunes" à Anglet (voir encadré), celle dite des "100 marches" à Bidart rejoignent la "plage des deux jumeaux" à Hendaye plus prisée par les nudistes du versant sud, dans le cercle très, voire trop fermé pour certains, des "spots cul-nu" basques.

De l’autre côté de la frontière les centre d’accueil sont également inexistants. En revanche, le système associatif vient parer de façon ponctuelle à cette carence. Ainsi chaque année depuis maintenant sept ans, est organisée la Carrera Nudista de Sopela, course nudiste en faveur de la promotion du naturisme en Pays Basque. Organisée par l’association Euskal Naturista Elkartea, cette course, qui rassemble plusieurs milliers de participants se fait sur la plage de Barinatxe sur près de 5 kilomètres. A cet effet, campings et hôtels font un effort particulier pour accueillir et héberger les protagonistes de l’événement. Une vie "saine" et une certaine forme de liberté sont les principaux arguments avancés par les associations qui tentent de réconcilier la société avec une part de sa population, qui de son avis, subit une forme de discrimination. L’édition 2006 se tiendra d’ailleurs le 9 septembre prochain.

Les provinces du Gipuzkoa et de Bizkaia offrent également près d’une dizaine de plages naturistes, bien souvent peu surveillées, comme à Barrika, Mutriku ou encore Zumaia. De quoi donner encore du c¦ur à ceux dont le corps ne s’épanouit qu’à l’air libre.

De l’Océan aux Dunes, la migration du nudiste
Anglet, plage de l’Océan. Si le soleil tarde ces jours-ci, à réchauffer les corps étendus sur le sable, il devient également rare d’y croiser quelques fesses dénudées "d’apparat".

Et pour cause, celles-ci ont entrepris depuis plusieurs années maintenant une migration quelque peu forcée vers le nord, pour aller se faire bronzer aux Dunes, plage située entre celle de l’Océan et des Cavaliers. Autrefois "fief" toléré du nudisme, la plage de l’Océan se vide peu à peu d’une population dont la tenue plus que légère ne correspondait pas avec les exigences municipales.

A l’entrée, l’interdiction de tomber le maillot est inscrite noir sur blanc et la consigne d’année en année plus respectée encore.

Difficile à convaincre

"Au début, on est allé voir chaque personne pour leur expliquer qu’on ne pouvait les laisser se baigner ainsi, explique Damien Cany, sauveteur en poste depuis plus de cinq ans. Il a été très difficile de les convaincre mais maintenant ils commencent à aller s’installer en dehors de notre zone de surveillance".

C’est qu’entre la plage de l’Océan et celle des Cavalier, s’étend un pan de sable, surmonté d’un blockhaus, ou "l’autorité" (même s’ils n’ont pas un rôle de police) des MNS ne s’applique théoriquement plus. Le lieu idéal donc pour abolir la limite entre nature et naturel qui ne tient souvent qu’à quelques millimètres de tissu.

Souvent en recherche

Pour Michel, originaire de Poitou-Charentes, la plage des Dunes est son nouveau lieu d’amarrage. Hendaye, Bidart, il connaît pour y être souvent parti à la recherche d’endroits sableux où les corps nus sont acceptés sinon tolérés. "Il y a ici pas mal de monde, raconte-t-il entre deux "poses" au soleil. Mais c’est vrai qu’on a un peu l’impression d’être confinés entre deux plages". L’endroit lui semble malgré tout tranquille, sans trop de voyeurs, bien qu’il voie de temps à autre déambuler des "habillés" en quête de quelques visions "insolites". Juste une question d’habitude, assure-t-il.