Le coup de grâce à l’extension de la piste de l’aéroport d’Hondarribia semble donné. Après l’annonce il y a dix jours de la ministre espagnole de l’Equipement du refus du projet d’agrandissement sur l’embouchure de la Bidassoa [lire notre édition du vendredi 12 mai], c’est maintenant du côté de Paris qu’arrive le coup de massue : la baie de Txingudi est de façon définitive sur la liste des sites protégés remise par l’exécutif français aux autorités européennes. Le projet d’extension aéroportuaire prôné par la Diputacion de Gipuzkoa s’écrase contre le dispositif Natura 2000.En effet, menacé d’une nouvelle condamnation par la Cour européenne de justice, le gouvernement français a présenté avant l’échéance du 30 avril sa proposition de sites pour Natura 2000. Le réseau écologique de zones spéciales protégées compte 1700 sites sur le territoire français dont l’embouchure de la Bidassoa, déjà retenue dans une liste élaborée par l’exécutif de Paris en 2002. Très en retard pour ces désignations et condamné deux fois par la Cour pour "désignation insuffisante de sites" en 2001 et en novembre 2002, Paris devait procéder à la constitution d’un réseau complet pour le dernier jour d’avril 2006, ultime délai accordé par la commission. Le vendredi 28 avril, la ministre de l’écologie et du développement durable, Nelly Olin, a annoncé avoir respecté l’échéance de la Commission européenne.
Sur protection de l’UE
La baie de Txingudi est considérée par les autorités françaises comme étant un "site important pour la migration et l’hivernage de l’avifaune, particulièrement des oiseaux d’eau". Elle comporte l’ensemble de l’estuaire de la Bidassoa ainsi que la façade maritime de la plage d’Ondarraitz. Au total 341hectares de zone naturelle protégée.Ainsi, les eaux de la Bidassoa sur lesquelles la Diputacion pensait construire 300 mètres de piste pour que l’aéroport soit aux normes de la réglementation aéroportuaire européenne, seront très probablement sous protection de l’UE. La Commission européenne doit encore étudier et valider les propositions françaises. L’état définitif du réseau Natura 2000 au sein de l’Union ne sera connu avant 2007.
La Diputacion de Gipuzkoa ne jettera pas l’éponge. Les représentants foraux étudient d’autres "alternatives" afin de garantir l’avenir de cet aéroport. Ils espèrent pouvoir agrandir la piste sur le quartier de Mendelu afin de pouvoir établir les zones de sécurité exigées par les autorités européennes. Cette extension supposerait le transfert vers un autre terrain d’une poignée d’ateliers de la zone artisanale de Mendelu. Les 300 logements ne seraient pas affectés, selon la Diputacion.
Selon la Diputacion de Gipuzkoa, la compagnie Iberia ne pourrait plus opérer à Hondarribia dans le cas où la piste ne serait pas agrandie. "Les avions à réaction d’Iberia ne pourront pas utiliser l’aéroport s’il est diminué suite à la création des zones de sécurité aux extrémités de la piste", avait déclaré le responsable foral Koldo Azkoitia. Selon lui, seuls les turbohélices d’Airnostrum seront capables d’opérer dans de telles circonstances.
Le Parti socialiste a refusé ces propos et a affirmé qu’Ibéria, société avec participation publique de l’Etat, "a l’obligation de prêter ses services dans l’ensemble des aéroports espagnols, donc à l’aéroport d’Hondarribia". Les responsables de la compagnie ne se sont toujours pas prononcés.
Actuellement, l’aéroport hondarribiar a des lignes régulières vers Madrid et Barcelone. De nouvelles destinations ont été ouvertes vers l’Andalousie, avec Séville et Malaga plus concrètement. Elles ne sont pourtant pas journalières.
