Le dirigeant de Batasuna Arnaldo Otegi, considéré comme un des interlocuteurs clefs du processus de paix au Pays Basque, a été condamné hier à quinze mois de prison pour apologie du terrorisme, pour avoir rendu un hommage public en 2003 à un membre de l'ETA, Jose-Miguel Béñaran "Argala", tué à Anglet en 1978.

Cette condamnation s’ajoute à une autre peine d'un an prononcée contre lui en novembre 2005 pour "injure au roi" Juan Carlos d'Espagne qu'il avait qualifié en 2003 de "chef des tortionnaires".

Le total de ces deux peines dépassant les deux ans, la sentence est en principe ferme, ce pourquoi M. Otegi risque d'être effectivement emprisonné. Mais le porte-parole de Batasuna ayant déposé un recours devant le Tribunal Suprême, ceci suspendrait son incarcération, a affirmé le procureur en chef de l'Audience nationale (principale instance pénale espagnole), Jésus Santos.

Le procureur a expliqué à des journalistes qu'il n'allait pas requérir le placement en détention préventive de M. Otegi en attendant que le Tribunal Suprême se prononce sur l'appel, considérant qu'il n'y a pas de "risque de fuite ou de récidive". M. Otegi a également été condamné jeudi à sept ans d'inéligibilité.

Le juge considère qu'il est avéré qu'il a déposé, lors de l'hommage, une pancarte proclamant : "organiser l'indépendance et le socialisme. La lutte en vaut la peine (1978-2003)" à côté d'une photo d'"Argala". Il a également affirmé : "aujourd'hui, 25 années de lutte se sont écoulées (...) nous avions raison", selon le juge qui s'en est tenu aux réquisitions du procureur. Pendant le procès, M. Otegi avait nié avoir manifesté son soutien au terrorisme, affirmant qu'il s'agissait d'un "hommage à une personne assassinée par l'appareil de l'Etat espagnol à une époque agitée, où cette personne avait été amnistiée et jouissait de tous ses droits civiques et politiques".

Arnaldo Otegi avait été incarcéré 10 jours au début du mois, suite à un appel à la grève générale, et avait dû payer une caution de 250 000 euros pour être libéré, sans qu’aucun jugement contradictoire n’ait eu lieu.