Gara: Latest news - Printed edition  |  Le Journal |  Documents
Google
EUS | ES | FR | ENG
 » PRINTED EDITION
  - Index
  - Sujet à la une
- Basque Country
- Local
- Opinion
- Culture
- Sports
 » DOCUMENTS
 » Hemeroteka
Le JPB > Pays Basque 2008-03-27
Christophe Curutchet revient libre et innocenté du Maroc
·C’est d’un codétenu marocain que le père de Christophe Curutchet apprit mardi la fin d’un cauchemar de 18 mois.

Sa famille, des amis, les médias locaux mais aussi nationaux : beaucoup de monde s’était donné rendez-vous mercredi après-midi à l’aéroport d’Hondarribia pour le retour du Maroc de Christophe Currutchet. Détenu depuis septembre 2006 dans les geôles de Mohammed VI, ce jeune directeur d’exploitation de la société STE-Maroc n’avait jamais cessé de crier son innocence. Un premier procès sans traducteur français en décembre 2006, un deuxième procès en appel en avril 2007 où aucune preuve de sa culpabilité n’avait pu être apportée contre lui : Christophe se retrouvait pourtant condamné à huit ans de prison au Maroc pour implication dans un transport de drogue lié à la découverte de 1,4 tonne de cannabis dans l’un de ses camions. Les plus hautes figures du droit marocain eurent beau défendre l’absence totale de fondements de cette accusation ou les douanes de Casablanca attester de l’impossibilité de l’implication de Christophe : son avenir semblait devoir être scellé dans une rage sourde. Et les appels quotidiens pour l’encourager semblaient parfois difficiles à formuler ces jours où, comme par exemple la veille, les avocats parisiens de Christophe étaient éconduits par l’Ambassade du Maroc à Paris.

Lorsque les portes d’arrivée de l’aéroport s’ouvrirent et libérèrent une bonne fois pour toutes Christophe Curutchet, au milieu des applaudissements et des cris de joie, les visages de sa s¦ur Céline et de son père Jean-Claude tranchaient presque avec ceux, rayonnants, qui les entouraient. Comme si la lutte menée depuis des mois s’était inscrite avec force jusqu’aux plis de leurs peaux. Comme si la soudaineté de sa remise en liberté ne parvenait pas encore tout à fait à les convaincre. Depuis la mise en détention de Christophe, ils n’eurent de cesse de rassembler autour d’eux un important comité de soutien, de rappeler l’existence d’une injustice à tout ce que Paris et Rabat comptaient comme têtes couronnées - prétendues ou réelles - et de maintenir le lien, notamment téléphonique, avec lui. De bras en bras, leurs mains contre ses épaules, ce léger moment de flottement de Christophe pouvait progressivement s’estomper. Dix-huit mois d’incarcération ; une grève de la faim de 25 jours ; le sentiment amer d’un système judiciaire marocain qui peut priver de liberté un innocent plutôt que de désigner le coupable : il faudra du temps à Christophe pour mesurer combien l’exemple de cette détermination ressemblait à ces petits cailloux contre lesquels les injustices peuvent se casser les dents : irréductibles, ils peuvent sans doute contribuer aujourd’hui aux victoires de demain.



"Je regrette que le Maroc soit obligé de passer par une grâce royale pour faire appliquer la justice"
Il faudra du temps pour déterminer le poids des uns et des autres dans la libération de Christophe Currutchet. Après des mois de relances, nombreux étaient ceux qui avaient promis de "se pencher" sur son cas : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner ou Rachida Dati ont-ils lu les lettres qui portaient leur engagement personnel dans la résolution de ce dossier ? Sitôt arrivé à Hondarribia, Christophe Currutchet assumait la hiérarchie de ses remerciements.

Aujourd’hui, vers qui vont vos premières pensées ?

Je voudrai remercier ma famille, tous ces amis et mes proches qui n’ont cessé de croire en mon innocence. Notamment en prison où l’annonce de ma libération a été accueillie avec des larmes de joie par mes amis marocains co-détenus avec moi. Mais mon cas n’est pas isolé. Je mesure le privilège d’être français dans une société carcérale où l’injustice remplit les geôles marocaines dans une indifférence ordinairement admise.

Gardiez-vous confiance dans une possible libération ?

Je me levai chaque matin avec l’espoir d’y parvenir, même si l’angoisse ne tardait pas à réapparaître rapidement. Je suis passé par toutes les étapes, notamment où l’annonce du rejet de l’appel m’a fait l’effet d’un TGV que je prenais dans la gueule.

Comment avez-vous ressenti les méandres du Quai d’Orsay ?

Cela m’aura paru très long, surtout lorsqu’il aura fallu défendre le refus de toute peine de substitution : il est clair qu’ils avaient tous envie de m’extrader en France et de voir ce dossier embêtant passer entre les mains d’un autre Ministère. Pour moi, le plus important de tout n’était pas de revenir en France à n’importe quel prix mais de prouver mon innocence et de rentrer libre comme aujourd’hui.

Durant tout ce temps, les hommes politiques ont changé. Cela aura-t-il joué en votre faveur?

Je me souviens encore de mon espoir lorsque j’écoutais ce nouveau Président déclarer qu’il ne laisserait aucun Français dans l’injustice. Ce genre de phrases qui vous hantent, surtout à distance. Mais j’avais gardé la confiance et la chaleur humaine des gens du dehors qui m’ont toujours soutenu.

Peut-on tourner la page d’une telle histoire ?

Je n’oublierai rien et je n’ai pas le sentiment de pouvoir mener une bataille pour tout ce que j’ai pu constater au Maroc. J’aimerai écrire au roi pour lui dire qu’il a du boulot contre la corruption de ces autorités qui débouchent sur la nécessité d’une grâce royale pour pallier à l’indigence du système judiciaire marocain. Je me sens encore écrasé par cette histoire, mais je sais qu’une fête permettra bientôt de remercier tous ceux qui ont contribué à ma libération.

Print
 
...More news
Sujet à la une
Une centrale hydroélectrique, nichée au c¦ur du gouffre de la Pierre-Saint-Martin, ouvre mercredi
Pays Basque
Un annuaire éco-citoyen
Pays Basque
Grève le 2 avril à Pau contre la carte scolaire
Culture
Dernier vendredi du mois : Baten Bila à Hasparren
Culture
"LUKE, de retour au pays, découvre l´Atabal
Pays Basque
Christophe Curutchet revient libre et innocenté du Maroc
  © 2006 Baigura | Contact | About us | Advertise Sarean zer |