On lit dans "La dépêche" : Dimanche, à la procession de la Saint-Bichincho, un membre de la colonie anglaise a été la victime d’un acte inqualifiable. Ne se décoiffant pas au passage de la procession, il fut souffleté par un individu qui se détacha du cortège des fidèles, disons plutôt des manifestants, car ces cérémonies religieuses de plein air où tout l’état-major réactionnaire luzien, maire, adjoints, vicaire, etc., perdent de plus en plus leur caractère d’acte de piété et de foi. L’agresseur est le sieur Anchouchoury, maître charpentier à Ciboure, frère de la benoîte de l’église, et cousin germain du maire de Saint-Jean-de-Luz. Il ne s’agit pas, on le voit, de quelque malheureux paysan ignorant et fanatique. Ce fait montre bien qu’il y a ici, sous prétexte de défendre la religion, un parti pris et un plan politique chez les meneurs de la bande cléricale, trop longtemps habituée à se croire maîtresse de notre localité. Il s’agit, par des vexations, des insultes, et même des violences, d’effrayer les républicains en ayant recours tout simplement aux procédés des apaches.

Voilà les défenseurs de l’Evangile, dont la presse bien pensante fait l’éloge et qu’elle pose en martyrs ! En attendant le supplice, qui ne vient jamais, ces pseudo-martyrs déchargent leur rage d’avoir perdu toute influence politique sur des personnes honorables et paisibles. Cela est odieux. Il faudrait savoir si les cléricaux ont le droit de s’emparer des rues, non pas seulement au point de vue matériel, en empêchant la circulation, mais au point de vue moral, en affichant l’insolente prétention d’obliger les promeneurs et les curieux libres penseurs ou membres d’autres religions, à saluer les symboles du catholicisme romain.