Un "nouveau montage policier", c’est ainsi qu’Askatasuna a défini l’opération menée hier contre trois bars du mouvement abertzale àBayonne, Ciboure et Hendaye (lire édition d’hier). Après les perquisitions et arrestations massives du 24 septembre dernier en Basse-Navarre, l’association de défense des prisonniers basques estime que le gouvernement français est entré dans "une nouvelle phase répressive".
Askatasuna a fait le parallèle entre ces événements et l’arrestation de Jean-François Lefort, son porte-parole il y a trois ans. "Les juges parisiens s’étaient basés sur un témoignage douteux et incohérent obtenu sous la pression pour perquisitionner plusieurs locaux d'Askatasuna, pour emmener beaucoup de matériel et pour interroger une quinzaine de personnes", a rappelé Askatasuna. Des méthodes qui visent à "criminaliser la gauche abertzale" selon l’association. Les opérations d’hier s’inscrivent dans cette "politique de harcèlement politique et judiciaire" a ajouté Askatasuna.
L’association note quand même "une grande évolution". Il y a trois ans, les faits étaient intervenus sur commission rogatoire internationale à la demande du juge espagnol Baltazar Garzon. "Cette fois, avec des objectifs identiques, la planification est entièrement le fait de la juge Laurence Levert", a souligné Anais Funosas, porte-parole du mouvement. "Ce sont les mêmes théories que le juge Garzon applique au Pays Basque sud en incarcérant de nombreuses personnes au seul titre de leurs idées. Levert fait le pari d’aller jusqu’au bout et d’illégaliser les mouvements abertzale, de les empêcher de faire part de leurs idées", a-t-elle ajouté. Pour Askatasuna, le gouvernement français "assume désormais complètement d’emprisonner des militants qui ¦uvrent publiquement".
L’intervention policière d’hier ne s’est traduite par aucune interpellation. Le gérant du Xilko a raconté que les policiers avaient passé la matinée à compter chaises, tables, bouteilles, à déployer les banderoles entreposées et à interroger sur l’utilisation des fonds du bar. "Tout ce qu’ils ont emporté tenait dans quatre enveloppes. C’était essentiellement des factures de fournisseurs", a précisé Miguel Torre.
L’enquête porte officiellement sur le financement des mouvements nationalistes. Au bar Tana de Ciboure, les policiers ont toutefois laissé sur place l’ordinateur contenant toute la comptabilité du lieu.
"Ces bars sont des lieux de vie abertzale, ils remplissent un rôle politique et social", ont revendiqué les militants hier.
Dénonçant également, la condamnation "exagérée" de Maiana Mendiboure à quatre ans de prison (lire éditions antérieures), Askatasuna a affirmé que le gouvernement français "n’a aucune considération pour les propositions qui sont faites pour un règlement politique du conflit". Au contraire, il met en ¦uvre une "stratégie de mépris et d'intimidation et de vengeance".
Pour continuer à se faire entendre, Askatasuna organise une manifestation samedi à 17h depuis le bar Tana de Ciboure.