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Le JPB > Sujet à la une 2007-10-25
Les cueilleurs volontaires remettent le couvert
·Avant la récolte de Bussunaritz samedi, les éleves de Frantsesenia ont fait connaissance avec le maïs de population

De loin, il ressemble beaucoup à un maïs comme les autres. De près, on voit bien qu’un pied n’est en rien le clone de son voisin. Certains atteignent presque trois mètres de haut, d’autres sont plus petits, on voit des épis jaune vif mais aussi des épis rouges, bref c’est un champ de maïs de population que les élèves du lycée Frantsesenia ont visité hier à Béguios, à l’invitation de l’association BLE. Samedi, ils seront des centaines à en faire de même à Bussunaritz pour la deuxième édition de la fête des cueilleurs volontaires.

Sur la parcelle de vingt ares de Jean-Michel Etchegaray, les quinze élèves du lycée garaztar ont pris hier leur premier cours de sélection massale. "Si on avait tous des épis comme ça", a lancé l’un d’eux après avoir traversé la parcelle à la recherche du plus beau pied de maïs. Maite Goienetxe, animatrice de BLEleur avait en effet demandé de prendre chacun une rangée et d’en ramener un épi au choix. Après l’effeuillage, chacun compte les grains de son épi. 480 ici, 675 là. "860 c’est possible ?".

"L’avantage de ce maïs est que vous pouvez le ressemer, la semence est donc gratuite, et qu’il est adapté à votre sol et à votre technique de production puisque vous le sélectionnez en ce sens", explique Maite Goienetxe.

Comme Jean-Michel Etchegaray, trente autres agriculteurs sont engagés dans l’expérimentation menée par BLE sur le maïs de population, soit quatre fois plus que l’an dernier. La plupart ont été convaincus de faire des essais après la cueillette publique de l’an passé à Bussunaritz.

Les maïs de population sont issus de variétés anciennes que la fédération Bio d’Aquitaine a réunies sur une plateforme expérimentale en Dordogne. Contrairement au maïs hybride vendu par l’industrie semencière, le maïs de population peut être ressemé sans qu’il s’appauvrisse. Mais la loi n’est pas du côté des agriculteurs qui utilisent des semences de ferme, une pratique pourtant ancestrale. Elle en interdit en effet l’échange et la vente et en tolère seulement la production. Une récente loi pourrait même mettre à mal cette dernière possibilité (lire ci-dessous).

"Ça obligerait les paysans à acheter obligatoirement les semences chaque année ? C’est nul", commente d’ailleurs un élève de Frantsesenia. D’autant plus aberrant que les semenciers veulent privatiser le fruit de milliers d’années de sélection menée par les paysans.

"Si vous ramenez un de ces épis chez vous pour le ressemer, vous êtes dans l’illégalité", illustre aussi Maite Goienetxe en s’adressant aux élèves.

Mettre les futurs agriculteurs face aux pratiques alternatives est une nécessité selon BLE. "Dans la formation agricole, les productions fermières ou biologiques sont abordées sur quelques heures seulement alors que l’on sait que ce sont celles qui créent l’emploi, la valeur ajoutée et qui respectent l’environnement. Il faut donc que ce soit plus que des options", estime Maite Goienetxe.

Une grande fête

Basque, gasconne, catalane, brésilienne ou irakienne, les origines des variétés anciennes qui forment les maïs de population expérimentés en Pays Basque sont multiples. "On est parvenu à réaliser un catalogue très pratique qui reprend les caractéristiques de chaque variété: précocité, rendement, hauteur, taux de protéine, etc. Les agriculteurs peuvent s’en servir pour choisir ce qui leur convient le mieux", explique Maite Goienetxe.

Des assurances quant à l’origine de la semence c’est aussi une façon de se prémunir pour les agriculteurs biologiques. Mais l’intérêt du maïs de population vaut aussi grandement pour les agriculteurs conventionnels, surtout quand on sait que le prix de la semence correspond à 15% du prix de la récolte.

L’enjeu de ce maïs fermier est également celui de la biodiversité. Une notion qui sera largement expliquée aux cueilleurs volontaires qui participeront à la récolte manuelle de maïs de population à Bussunaritz samedi dès 9h. L’an dernier, 300 personnes avaient pris part à la journée.



Un copyright sur les semences
Si l’échange ou la vente de semences est interdite aux agriculteurs, ressemer sa propre récolte pourrait également devenir un acte illégal selon la nouvelle loi votée par le parlement en ce début de mois d’octobre. Le texte qui transpose la directive européenne du 29 avril 2004 a pour objectif de lutter contre la contrefaçon industrielle. Sauf qu’il inclut aussi des dispositions relatives aux variétés végétales au même titre que les droits d’auteur, les marques, les modèles et brevets.

"Le texte renforce l’idée qu’autoproduire sa semence est une contrefaçon au même titre que la copie mafieuse d’une invention ou le vol d’un brevet protégé", explique BLE dans une lettre adressée aux parlementaires basques. L’association juge "inadmissible et dangereux" que l’on puisse assimiler la propriété du vivant à une quelconque propriété intellectuelle. "L’article 19 qui limitait la contrefaçon à Œl’échelle commerciale’ a été supprimé ce qui étend la notion de contrefaçon à l’autoproduction de semence et qui place chaque agriculteur sous le coup de sanctions financières et pénales pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement", indique l’association pour le développement de l’agriculture durable. Une "aberration" à l’heure où le Grenelle de l’environnement s’apprête à encourager les modes de production, agricole, économique et écologique.

Cette nouvelle loi pourrait conduire à des situations semblables à celles existantes en Amérique du nord pour les OGM, avec des détectives privés qui entrent dans les champs des paysans pour leur réclamer des royalties s’ils ressèment le grain qu’ils ont eux-mêmes récolté.


 
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