Le châtiment du déserteur : C’est un pelotari célèbre qui connaît à fond la science si difficile du trinquet. Malgré les supplications d’une famille patriote (il a des frères à l’armée), entraîné par une regrettable inspiration, il a franchi la frontière, dès la déclaration de la guerre. Dans le petit village du Pays Basque espagnol où il s’était réfugié, on vint le chercher pour jouer dans une des places les plus célèbres de la région espagnole, une partie de trinquet dans lequel il excelle. Il accepta, oublieux de sa traîtrise, attiré seulement par le goût de la pelote et l’amour du gain. Il entra donc confiant et fier, dans l’arène, avec son blanc costume. Mais il avait compté sans l’opinion de nos voisins qui n’aiment pas les lâches. A peine eut-il foulé de sa sandale le ciment, que des sifflets furieux partirent, nourris de tous les côtés. Les cris de "à la porte", "lâche", "déserteur" le firent s’arrêter, interdit. Il essaya bien de tenir tête à l’orage, mais les sifflets et les hurlements redoublant, il fut forcé de s’en aller. Honteux, il comprit peut-être enfin l’acte détestable qu’il a eu la faiblesse d’accomplir. En tout cas, il est parti se réfugier à nouveau, se cacher dans la petite commune du Pays Basque qui l’accueillit tout d’abord. Le voilà maintenant marqué du sceau des lâches. De longtemps il ne reverra son pays et jamais plus il ne pourra, s’il revient, jouer à la pelote devant ce public de bons Français qui l’aimait et l’admirait. Il réfléchira et regrettera certainement son acte, mais il est trop tard, le châtiment du déserteur vient de commencer.