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Le JPB > L'opinion > Courrier des lecteurs 2006-11-23
A propos des déclarations de Georges Frêche

Familier des propos orduriers et des sorties nauséabondes, Georges Frêche, le président socialiste du Languedoc-Roussillon, a encore une fois défrayé la chronique au sujet de la composition de l’équipe de France. "Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. La normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société".

Si on veut calmement analyser les choses en profondeur, il faut bien constater qu’en effet, la sélection nationale de football reflète depuis longtemps toutes les composantes de la population française notamment les différentes vagues de travailleurs migrants venus s’installer ici. La composition de l’équipe française est tout à l’opposé de ses homologues allemande, espagnole ou italienne puisqu’on y trouve - outre quelques joueurs originaires des DOM-TOM - des footballeurs d’origine espagnole, portugaise, arménienne, algérienne ou encore africaine.

Convenons que le football est depuis longtemps le sport populaire par excellence : celui qu’on regarde le plus, celui qu’on pratique le plus. En conséquence, surtout depuis que la professionnalisation de ce sport le permet, nombreux sont les jeunes issus des milieux de l’immigration pour qui ce sport populaire de haut niveau est l’occasion d’échapper à leur destinée sociale "naturellement" réservée.

Il en fut ainsi des jeunes issus de l’immigration polonaise et italienne qui étaient, dans les années de l’entre-deux-guerres, les deux communautés étrangères les plus importantes en nombre notamment dans les mines du Nord ou en Lorraine. Elles ont d’ailleurs fourni au football national les deux plus grandes vedettes de son histoire avec Raymond Kopa et Michel Platini.

L’apport continu des enfants de l’immigration dans les clubs pros demeura avec l’arrivée des jeunes d’origine espagnole, puis portugaise comme à l’époque de Platini avec Luis Fernandez, Tigana ou Amoros.

La sélection française s’est ouverte, progressivement, aux enfants des vagues successives des travailleurs migrants venus s’établir en France.

Le tollé provoqué par les propos de Frêche est unanime et nombreux sont ceux à droite comme à gauche qui au nom des principes républicains et de l’antiracisme condamnent ses propos et réclament aujourd’hui son départ, sinon son exclusion de son parti politique.

En dehors du fait qu’il méconnaisse qu’un grand nombre de sportifs, et pas seulement des footballeurs, sont depuis longtemps originaires des départements français d’outre-mer, les propos de Frêche sont choquants à plus d’un titre notamment parce qu’ils sont dans la bouche d’un socialiste.

Je veux bien admettre qu’au nom de la liberté d’expression et du principe de réalité, les discussions de "café de commerce" constatent que, sur les 23 joueurs de l’équipe de France vice-championne du Monde en 2006, il y a 14 "noirs" (dont plus de la moitié originaires des D.O.M.).

Pourtant, la vraie question pour un responsable politique, socialiste de surcroît, n’est pas celle de la couleur de peau, mais celle de savoir pourquoi le sport est le seul lieu d’expression pour des minorités, souvent confrontées à des problèmes sociaux. À part le foot, il y a peu d’endroits ou l’ascenseur social a l’air de fonctionner. Quid de la représentation des fils et filles de l’immigration dans les conseils municipaux, assemblées nationales ou régionales ?

Nous avions cru il y a quelques années que le succès de la sélection française - "multicolore", "multiethnique" - au Mondial 98 deviendrait aussi une victoire contre la xénophobie et le racisme entretenus par le FN.

Ce n’est pas Frêche avec son tacle imbécile qui va nous donner de l’espoir en la matière.


 
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