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Le JPB > Pays Basque 2006-11-23
Maite DEBATS / Réalisatrice de "Prends garde à toi"
«On doit mener des batailles énormes malgré les lois»
« C’est très difficile. Il y a une vraie résistance à admettre que les violences conjugales ne sont pas un conflit conjugal. On met la femme au même niveau de culpabilité que l’homme »

A la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (et de la manifestation qui aura lieu à Bayonne samedi midi), le collectif bayonnais contre les violences sexistes organise la projection du film "Prends garde à toi" ce soir à l’IUT Darrigrand. Maite Debats, réalisatrice du film et éducatrice spécialisée travaillant dans un centre d’hébergement pour femmes à Toulouse sera présente. Le document pédagogique à l’écran montre les difficultés des femmes à se faire entendre dans trois cadres juridiques européens : français, espagnol et allemand.

Qu’avez-vous voulu montrer dans ce film ?

Nous avons choisi de parler de situations de femmes qui continuent à être harcelées après la séparation. Elles ont fait toutes les démarches pour se séparer, elles ont divorcé, et elles continuent à subir des violences. Ce que l’on montre, c’est que dans ces situations, la justice n’intervient pas à sa juste mesure et que les femmes sont dans un enfer. Particulièrement dans les moments de droits de visite des enfants.

C’est-à-dire ?

Quand l’homme et la femme ont des enfants en commun, le père continue d’avoir des droits normaux sur l’enfant. Au moment où il va chercher l’enfant chez la femme, les violences continuent. C’est très difficile de faire reconnaître que ces enfants sont eux-mêmes victimes de violences.

Le film évoque les cadres juridiques de trois pays. Les situations sont très différentes...

Il est vrai qu’en France, la situation est particulièrement difficile pour les femmes victimes de violences. Le pays le plus avancé sur la question c’est l’Espagne. Grâce à la loi sur la violence des genres, les violences sont beaucoup plus reconnues et on utilise davantage le principe de précaution. En France, on est complètement dans la présomption d’innocence. Il va falloir que la femme prouve les harcèlements et il faut des preuves qui sont très souvent impossibles à donner. En Espagne, si une femme porte deux fois plainte, on la croira. Il faut la même loi en France.

On pense souvent que les pays du sud comme l’Espagne sont plus machos. Il n’en est rien ?

Je pense qu’il n’en est rien. Il n’y a d’égalité homme-femme dans aucun pays européen. Je pense qu’en Espagne, il y a surtout eu une volonté politique pour que la question soit prise en charge de façon radicale.

On pense souvent que la situation des femmes n’est pas si mauvaise dans les sociétés occidentales. Or, il reste encore beaucoup à faire ?

Dans les pays du sud, suivant les codes de la famille, c’est vrai qu’il y a parfois une légalisation des violences faites aux femmes comme c’était le cas chez nous où il y avait la puissance paternelle, qui a été remplacée par l’autorité parentale, où il y avait le droit de correction. Néanmoins, malgré les acquis, l’application des lois est extrêmement difficile à mettre en ¦uvre. Le poids des mentalités est très fort. Souvent on a à faire à des circulaires donc il n’y a pas obligation à respecter ces lois. On est obligé de mener des batailles énormes malgré les lois.

Ce problème est souvent porté par les féministes. Qu’est-ce qui manque pour que cela devienne un vrai combat de société ?

C’est très difficile. Le problème est pris en charge par les féministes mais il est aussi pris en charge par l’Etat : il y a vraiment eu des progrès au niveau juridique. Mais il y a une vraie résistance à admettre que les violences conjugales ne sont pas un conflit conjugal. On met la femme au même niveau de culpabilité que l’homme. Autant dans les textes, on va reconnaître que dans le cas de violences conjugales, il faut faire de telle et telle façon. Dans la réalité, quand la police, la justice, les acteurs sociaux, ont devant eux une femme victime de violences conjugales, elle est traitée comme un cas à part, on considère qu’elle se dispute avec son mari pas qu’elle est victime.

Il est donc important de porter cette problématique sur la place publique tous les 25 novembre ?

C’est vraiment triste que l’on doive porter cette problématique sur la place publique en 2006. En tout cas, c’est au moins le jour où on visibilise cette problématique et pour le coup, il n’y a pas que les féministes qui sont dans des associations qui prennent conscience de la gravité de cette question. C’est toujours ça.


 
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