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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2005-12-17
Michel MOTTAY / Instituteur retraité - Syndiqué au SNUIPP / FSU
L´égalité des chances

"L’année 2006 sera l’année de l’égalité des chances comme grande cause nationale". C’est la conclusion de la conférence de presse tenue le 1er décembre par Dominique de Villepin, premier ministre, qui affirme en outre que "au c¦ur de l’égalité des chances, il y a aussi l’éducation".

Tous égaux ? Oui, mais certains sont plus "égaux" que d’autres, c’est bien connu. A la lumière si l’on peut dire des événements récents dans nos "banlieues", on pourra lire les textes ci-dessous de Mattei et Ben Aych, écrits voilà cinq ans, une année avant l’inoubliable 21 avril 2001, et celui de Laval, publié en pleine colère enseignante et sociale du printemps 2003.

Un dogme républicain

Bruno Mattei, prof de philo à l’IUFM de Lille écrivait dans Le Monde du 18 avril 2000 dans un texte intitulé De la misère en milieu enseignant, ce qui suit:"L’égalité des chances" n’est qu’un pseudo-concept, obstacle majeur, aujourd’hui plus qu’hier, à tout ce qui voudrait s’énoncer comme refondation d’un système éducatif démocratique. L’égalité des chances n’a jamais eu pour objectif d’assurer l’égalité, mais de légitimer les inégalités sociales - et les pouvoirs qui les rendent possibles - au nom du talent et du mérite supposés libérés et mesurés par l’école. Cela en pleine congruence d’ailleurs avec l’idéologie libérale de la réussite individuelle et l’anthropologie de la compétition et de la concurrence du chacun contre tous. [...] Ne soyons pas plus étonnés que les dommages collatéraux de l’égalité des chances - désertion du sens de l’école, exclusion sociale, violences - vont logiquement en se développant, et que la misère d’enseigner s’installe chez de plus en plus d’enseignants. [...] Les chanceux de l’égalité des chances tireront toujours des bénéfices primaires ou secondaires de la situation. [...]

L’inégalité des malchances

Ben Aych écrivain prof de philo au lycée Guillaume Apollinaire à Thiais (Val-de-Marne) écrivait dans un billet paru au courrier du Monde le 20 janvier 2000 sous le titre Tous égaux dont voici un extrait : "Elle [ l’égalité des chances] est inapplicable parce qu’elle n’est qu’une phrase et non une réalité, un fait vécu ; et si elle n’est que mots, c’est parce que cette expression absurde a une fonction idéologique : remplacer le fait par l’espoir, le réel par l’idéal, la vie par le droit, l’aujourd’hui prosaïque par le lendemain enchanté. Là où il y a égalité, par définition, il n’y a pas chance, et là où il y a chance, il n’y a pas égalité, mais hasard, gros lot ou lot de consolation.

Les partisans du concept de l’égalité des chances devraient réfléchir au fait que le mot chance (...) relève d’un monde où l’on joue, où l’on mise, d’un monde de la voyance. Un tel concept est d’ordre magique (...) En disant égalité des chances, on reconnaît que l’égalité n’est qu’un droit et non un fait (...). On fait mine d’ignorer les raisons pour lesquelles le public est ou riche (chance), ou pauvre (malchance)".

Au nom de l’égalité des chances

Enfin, Christian Laval, dans son ouvrage L’école n’est pas une entreprise, le néo-libéralisme à l’assaut de l’enseignement public paru aux Editions La Découverte, février 2003, fait la réflexion suivante : "S’il nous paraît indispensable de changer beaucoup l’école et, en certains points, de façon radicale, il nous semble tout aussi nécessaire de distinguer soigneusement deux logiques de transformation. Il en est une qui cherche à ruiner ce qui était un principe de l’éducation publique, l’appropriation par tous des formes symboliques et des connaissances nécessaires au jugement et au raisonnement, et qui promeut à la place des apprentissages dociles aux entreprises et tournés vers la satisfaction de l’intérêt privé. Qui plus est, au nom de l’égalité des chances, se met en place une logique marchande qui consolide et même accroît les inégalités existantes. C’est sur cette pente que nous sommes aujourd’hui largement engagés".

Quand Dominique de Villepin, premier ministre, proclame "L’école est le lieu de rendez-vous de la République", de quelle école et de quelle république veut-il parler ?


 
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