Petite enfance : le père est un "stimulateur"
·Ce sera évoqué ce soir lors du colloque sur le rôle du parent dans l’ouverture au monde de l’enfant" à Bayonne
Alors que la septième semaine de la petite enfance s’est ouverte hier à Bayonne, la Maison de la Vie Citoyenne du centre-ville accueille, de 17h45 à 19h30, un colloque sur le thème du "rôle du parent dans l’ouverture au monde de l’enfant".
Dans ce domaine, il est entendu, dans le milieu des professionnels de l’enfance, que c’est par le lien affectif que l’enfant tisse avec son père qu’il va s’ouvrir au monde. Alors que la mère offre le plus souvent à son fils ou à sa fille un apaisement, une sécurité, un rôle nutritif, le père lui, amène l’enfant à s’activer, se surpasser, prendre des risques. "Au départ, normalement la mère et l’enfant sont dans une bulle" explique Marie-Madeleine Jadaud, la psychologue qui animera le colloque ce soir.
Jalousies
"Mais il faudra que l’enfant se défusionne pour s’ouvrir au monde. C’est le père, qui est à l’extérieur parce qu’il n’a pas porté l’enfant" explique-t-elle. Et derrière cette bulle, le monde, que le bambin doit appréhender. Au parc, le père sera davantage porté à encourager l’enfant à atteindre le barreau le plus haut de l’échelle. Il s’agit ici d’une relation de stimulation. Cela permet à l’enfant de développer sa confiance et son estime de lui-même, en contrôlant les risques.
La "relation d’activation" du père, sans remettre en question la richesse des liens avec la mère, semble donc la compléter de façon positive. Plusieurs chercheurs estiment que les nourrissons seraient prédisposés à rechercher un équilibre entre l’apaisement et la stimulation. Tout comme ils manifestent des signaux pour maintenir la proximité, pour obtenir des soins et pour être réconfortés par les adultes, les enfants rechercheraient une stimulation de forte intensité et inciteraient les hommes et les femmes à la leur procurer. C’est généralement auprès des hommes qu’ils vont trouver ce type de stimulation. Mais tout n’est pas carré. Lorsque la mère est à bout, rien n’empêche le père de prendre le relais affectif. Et quand le père n’est pas là, la mère peut jouer le rôle stimulateur.
La rupture du lien fusionnel mère-enfant, bien que nécessaire, peut d’ailleurs être mal vécue et créer des jalousies. "Les conflits des parents, c’est le quotidien dans l’éducation. La seule façon de résoudre ces problèmes, c’est le dialogue entre le père et la mère" affirme Catherine Berazaluce, porte-parole du Réseau Appui Parents, qui regroupe différentes structures d’accompagnement des parents. "On ne peut pas être tout à la fois".
Autoriser la séparation
Marie-Madeleine Jadaud renchérit : "le couple doit continuer de vivre. Certaines mamans sont tellement mères qu’elles négligent leur partenaire. Il faut les soutenir, lui faire comprendre que la meilleure chose à faire, c’est de reprendre leur vie de femme" analyse la psychologue. "Ce n’est pas si simple, car certains hommes trouvent la situation très commode! Mais si le couple vit, l’enfant va comprendre que sa mère a d’autres centres d’intérêt que lui. L’ouverture au monde, c’est le deuil de cet égocentrisme. L’école, la crèche, les livres, cela ne suffit pas : les parents doivent en quelque sorte autoriser l’enfant à se séparer d’eux". L’enfant qui se considère toujours le centre de toutes les préoccupations porte un nom : c’est l’enfant-roi. "Celui-là aura du mal à se faire des amis à l’école, parce qu’il ne saura pas faire de concessions, et il finira rejeté" commente la psychologue. "Voilà pourquoi, dans des réunions comme celle de ce soir, quand j’entends des parents dire qu’il faut tout donner à l’enfant, ça m’arrive de lancer de mon coin de table : "pauvre enfant". Cela blesse certains parents, mais ils doivent comprendre".
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