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Le JPB > Sujet à la une 2006-12-02
L'été meurtrier

La guerre est cruelle, plus encore lorsqu’elle est civile écrit l’Irundar Ordoki, jeune marié en mai 1936 et futur commandant du bataillon Gernika. Un avis plusieurs fois rapporté par Jean Serres qui relate minutieusement le fil des événements de ce fameux été 1936 qui vit la longue nuit franquiste débuter de façon sanglante. Eté 1936, la guerre d’Espagne de part et d’autre de la Bidassoa (Editions Atlantica) a été publié en septembre dernier pratiquement 70 ans, jour pour jour, après la chute d’Irun. L’ouvrage paré des couleurs de la République espagnole, n’est pas un livre de plus sur la guerre d’Espagne, mais un mélange de somme et de chronique de ce qui se passa en juillet août et septembre 1936.

La partie forte du livre est celle qui relate, jour après jour, parfois heure par heure, l’enchaînement des événements qui vont du soulèvement militaire du 18 juillet, à la prise d’Irun. Le déroulé n’est pas que militaire. Jean Serres prend soin d’évoquer également les divergences et rapports de forces existant au sein du camp républicain, de la façon dont il s’est organisé. Il puise pour cela dans les sources de la revue de presse, de témoignages, d’archives municipales et d’une bibliographie conséquente.

Auxquels il faut ajouter les souvenirs de l’auteur hendayais, alors enfant qui fête son anniversaire le 2 août, pour ses 7 ans, par une promenade dominicale sur les hauteurs de la ville d’où toute la famille observe les tirs de canons depuis Guadalupe. Le livre parvient à recréer des ambiances (le bruit et spectacle des bombes,...), à faire visualiser des événements dans un décor qui nous est plus ou moins familier (le pont d’Endarlatza, le fort de Guadalupe, le paseo Colon à Irun, le massif de Haya,...). Nombre d’anecdotes ponctuent le récit, comme la venue de Paul Vaillant-Couturier, directeur de L’Humanité, à Irun et Saint-Sébastien avant un meeting à Tarnos, ou alors, la mise en place cahin-caha au début d’une défense militaire de la ville avec l’instauration de mots de passe permettant d’y circuler la nuit, mais chaque organisation (PNV, CNT, PCE, PSOE,...) ayant son propre mot de passe, cela ne va pas sans créer des confusions. Ou encore lorsque l’auteur qui a consacré d’autres ouvrages à la Résistance et à l’Occupation, rapporte la colère des pêcheurs d’Hondarribia contre leurs homologues du nord de la Bidassoa qui profitent des événements pour venir pêcher dans leurs eaux territoriales. L’ambiance révolutionnaire du Gipuzkoa y est dessinée, ses débats (que faire des prisonniers ?), ses dérapages (exécutions de prisonniers) ne sont pas occultés.

L’auteur assume son parti pris. Parfois avec emphase. "Ils étaient tous les fils du peuple prenant les armes pour ce qui était leur idéal le plus profond : l’attachement indéfectible à la République et à la Liberté". Une interprétation peut-être un peu rapide. Mais qui reste en retrait la plupart du temps. Ainsi, l’écrivain à la sensibilité communiste rend compte également les mouvements et motivations des "rebelles" (militaires, carlistes, réquétés, phalangistes, monarchistes,...), décrit les hésitations tout comme les engagements du PNV. En revanche, il a la dent dure contre les anarchistes et "les éléments radicaux" en général, bien qu’il rende hommage à la figure locale de Felix Likiniano, à la tête (si on peut dire) des libertaires du Gipuzkoa.

Quantité de photos, de listes, de chiffres, de chronologies et de fiches (armements, nombre de militaires, liste de fusillés, de volontaires internationaux,...), enrichissent ou parfois alourdissent l’ouvrage. Une série de mini-portraits clôt l’ouvrage, puisant des personnages dans tous les camps, du commandant carliste Beorlegui. au chauffeur Manuel Errandonea, en passant par le communiste Jesus Larrañaga.

Quant au récit de ce qui se passa de ce côté-ci de la frontière, on reste sur sa faim. Nombre d’incidents frontaliers sont rapportés, mais les initiatives de solidarité ou d’accueil de réfugiés au Pays Basque nord qui sont décrites se rapportent surtout au PC.

Ce n’est pas une ¦uvre d’historien. Mais l’auteur fournit un nombre important d’éléments de cette histoire, dont le plus réussi, répétons-le, est ce compte à rebours jusqu’à l’incendie d’Irun. Parmi les (petites) faiblesses, des citations qui ne sont pas toujours attribuées, des références à des ouvrages dont on ne connaît ni l’éditeur ni la date, ou encore le choix d’une orthographe uniquement castillane de noms de villes qui peut parfois surprendre (Guecho,...). Une compilation qui ne prétend pas à l’exhaustivité, ni à une cohérence de recherche ou à une rigueur scientifique. Mais dans laquelle chacun peut puiser.


 
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