C’est une assemblée générale ordinaire. Et pourtant, la société de capital-risque Herrikoa a décidé de redistribuer 10€ de dividendes par action. Ce n’est que la troisième fois qu’une telle décision est prise en un quart de siècle d’existence. Une bonne nouvelle de surcroît pour les 4100 actionnaires dont 3200 personnes physiques. C’est que l’objet premier de cette société n’est pas la redistribution de bénéfices à ses actionnaires, mais bien de capter une partie de l’épargne du Pays Basque pour l’investir dans la création ou le soutien d’entreprises créatrices d’emploi. Un investissement en participation de capital ou de prêts "dans tous les secteurs économiques, sauf celui du commerce pur sur la Côte, et avec une attention particulière en Soule" explique Jean-Paul Bonnin, administrateur d’Herrikoa au nom de l’association, elle aussi de développement local, Hemen. Autre indicateur de la bonne santé de ce fonds, un bénéfice affiché de 225000 euros au 30 juin 2006. 100000 de mieux que l’an dernier. Et une capacité d’investissement immédiate d’un million d’euros.

En 25 ans, la société anonyme a investi plus de 5 millions d’euros dans 179 entreprises, et a contribué à la création ou au maintien de 2303 emplois. "L’âge de la maturité et de la reconnaissance" pour Pierre Mendiboure, président d’Herrikoa. Des bénéfices qu’il explique par le fait que "depuis trois ans, Herrikoa récolte les fruits des projets investis dans la fin des années 90". C’est que nombre de prêts accordés (en plus des participations au capital des entreprises) dans des entreprises qui ont grandi ont été remboursés. "Des prêts qui sont plus chers que ceux que les banques accordent" détaille J.P.Bonnin, "mais qui, par un effet de levier, permettent, avec la caution de l’expertise d’Herrikoa, l’aide des banques". Une participation au capital des sociétés qui n’excède jamais 25%, et une aide plafonnée à 150000 euros. Dernière précision de l’administrateur, les aides d’Herrikoa ne sont accordées qu’à des sociétés. Si un artisan veut en bénéficier, il faut qu’il monte une société de type EURL.

La réunion annuelle s’est tenue à la technopole Izarbel, et a donné l’occasion d’y organiser les visites d’entreprises aidées qui y sont installées.

L’une d’elles illustre la croissance affichée par la société de capital-risque. Algo’tech, société qui développe des logiciels informatiques, créée en 1999 par Jacques Péré-Laperne et sa compagne, est issue de l’incubateur d’entreprises de l’Estia. En 2001, Herrikoa offre une aide de 500000 francs. Aujourd’hui, la société emploie 17 personnes, dispose de cinq agences dans l’Hexagone, a un chiffre d’affaires de 400000 euros, et a pratiquement fini de rembourser Herrikoa. Un développement remarquable puisque c’est la seule entreprise, "au monde" précise J.Péré-Laperne, à permettre notamment de scanner des schémas électriques papier, puis à les rendre Œvivants’ à travers ses logiciels. Algo’tech a installé à ce jour 2500 licences. Bref, une société qui vole de ses propres ailes. Comme Herrikoa les aime.