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Le JPB > Pays Basque 2006-12-02
Véronique MONGE / Chargée d’urbanisme à la mairie de Nanterre
« La ville demande aux promoteurs privés d’intégrer 40% de logements sociaux »

Nombre de communes se sont lancées dans des révisions de leur carte communale ou du Plan Local d’Urbanisme (ex-POS). C’est le cas notamment de Bayonne dont l’enquête publique s’achève le 8 décembre. D’où l’invitation, par l’opposition municipale abertzale de gauche, Baiona Berria, de Véronique Monge, chargée d’urbanisme à la direction de l’habitat de la ville de Nanterre. La municipalité communiste de cette ville de l’ouest parisien de 82 000 habitants, avec une université, un centre ancien, une zone d’habitat avec 80% de logements sociaux, un bassin d’emploi important, et des disponibilités foncières, mène depuis quelques années des expériences qui peuvent alimenter la réflexion sur « D’autres PLU sont-ils possibles ? » titre de la conférence-débat organisée à Bayonne samedi dernier. Nanterre est en cours de révision de son PLU, dans lequel elle entend figer dans le marbre ses innovations en matière de politique du logement.

Parler de politique du logement à Nanterre, cela fait écho aux bidonvilles à la porte de Paris jusqu’à la fin des années 60. La "crise du logement" aujourd’hui est-elle la même ? Quels sont les outils d’une municipalité pour y faire face ?

La crise du logement c’est d’abord son manque.Les besoins sont estimés [en France] à 500000 par an ; en 2005, 410000 logements ont été construits. D’autre part, il manque des logements adaptés aux besoins : les logements construits sont chers, que ce soit à l’accession, comme à la location du fait du dispositif de Robien qui répond à un objectif de défiscalisation, plus qu’à un objectif de loger les ménages. En outre, la crise touche les ménages les plus modestes mais aussi les classes moyennes et les cadres et en cela elle est différente de la crise de 1956.

La ville de Nanterre tente d’apporter des réponses dans le cadre d’une production relativement importante de logements à échéance 2015 (6 000 à 7 000 logements) en orientant cette programmation. Cette orientation se fait dans le cadre des ZAC par des projets qui incluent des programmes en accession sociale et des logements locatifs sociaux. Elle est aussi mise en ¦uvre dans le cadre d’une négociation avec les promoteurs à qui la ville demande d’intégrer la construction de 40% de logements sociaux dans toutes les opérations de plus de 15 logements. Le PLU est actuellement en cours de révision et cette prescription figurera dans le PLU révisé. Dans l’attente, des emplacements réservés pour de la mixité sociale fixent le devenir de certaines parcelles pour lesquelles l’évolution ne peut se faire que dans le cadre d’une production de logements contenant 30 à 40% de logements sociaux.

Enfin, des servitudes à constructibilité limitée sont aussi utilisées pour assurer la maîtrise de l’évolution d’un secteur et développer un programme en termes de logements mais aussi d’équipements qui prennent en compte les besoins locaux. Elles permettent de limiter pendant une durée de 5 ans la constructibilité à 500m2 et assurent ainsi à la ville la possibilité d’élaborer un projet.

Quels sont les rapports de la municipalité avec les promoteurs privés. La vision libérale veut que les contraintes fassent fuir l’initiative privée ?...

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer les promoteurs ne fuient pas, ils s’adaptent. Nanterre dispose de foncier, d’atouts en termes de desserte, d’équipements et conserve donc à ce titre un intérêt pour les promoteurs qui intègrent ces exigences dans leur projet. Aujourd’hui il est connu dans la profession que Nanterre pose ce principe pour tous les projets de constructions neuves et les promoteurs négocient le prix du foncier en conséquence. Ce principe permettra de disposer de 140 logements sociaux supplémentaires d’ici fin 2008 qui seront situés dans les quartiers les plus valorisés de la ville permettant d’assurer un rééquilibrage de la répartition des logements sociaux à l’échelle de la ville.

L’accession sociale à la propriété, c’est le b.a.-ba ou une tarte à la crème ?

Je préfère le terme d’accession encadrée plutôt que celui d’accession sociale, même s’il parle plus aux gens. Je pense qu’il faut faire attention aux illusions que l’on peut susciter : même s’ils sont vendus 30% moins cher que le prix du marché, cela reste des logements vendus à 2900¤/m2, parking compris. Cette accession expérimentée à Nanterre dans le cadre de 81 logements, actuellement en cours de commercialisation, repose sur quelques principes. Nous avons ainsi des critères encadrant les conditions d’accession à ces logements ayant une vocation "sociale" : être Nanterrien [y résider ou y travailler], primo accédant, prioritairement issu du parc social afin de permettre au logement social aujourd’hui bloqué de retrouver son rôle d’accueil et d’accompagnement des parcours résidentiels et, bien sûr, priorité des priorités, ne pas dépasser un plafond de ressources qui est fixé à celui de l’accès au logement social (pour mémoire 75% des ménages français rentrent dans ces plafonds).

Et les risques de spéculations?

Des conditions sont également établies pour une éventuelle revente. Le prix de vente a été rendu possible par une implication de la collectivité qui vend moins cher le terrain qu’il ne serait vendu à un promoteur privé pour de l’accession libre. En contrepartie, pour encadrer les effets d’aubaine et la spéculation qui pourrait en découler, la revente est encadrée pendant 7 ans. L’accédant peut bien sûr revendre à tout moment, mais dans les 7 premières années, il doit restituer une partie des aides publiques qui ont contribué à financer le programme.

A Bayonne un vaste programme de rénovation urbaine est engagé sur le plateau de St-Etienne, à Nanterre comment vous y prenez-vous ?

L’objectif pour la ville est de mener de front la construction de logements et la rénovation des quartiers pour que ceux-ci bénéficient d’un effet d’entraînement des projets nouveaux. L’objectif de diversification sociale doit aussi se construire avec les habitants. Dans les quartiers il y a des ménages qui vivent là depuis très longtemps, qui ont construit un réseau de relations, ce qui est très important pour la structuration et l’image du quartier. Le projet doit permettre à ces ménages souvent très attachés à leur lieu de vie de continuer à y vivre, d’accompagner leur parcours résidentiel quel qu’il soit (rester dans le locatif et disposer d’un logement social plus grand, plus petit, accéder à la propriété). La diversité sociale commence là, et les programmations de logements doivent permettre d’accompagner ces choix. Ensuite, il s’agit de travailler sur une offre plus diversifiée de logements qui facilite l’accueil des salariés notamment.

Quid de la mixité sociale dans les quartiers plus huppés?

Développer du logement social dans les quartiers les plus attractifs et les plus valorisés n’est pas toujours bien apprécié par les ménages qui pensent que leur patrimoine va s’en trouver dévalorisé. On constate des évolutions notables sur ce point, chacun connaissant aujourd’hui un proche (son enfant, un ami...) en difficulté d’accès au logement. A Nanterre les élus sont très à l’écoute de ces préoccupations mais aussi très présents pour démontrer les choix de leur politique au regard des enjeux de société et de développement de la ville. La pédagogie ça a encore des effets...


 
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