Trois mois après l’annonce du cessez-le-feu permanent d’ETA, le Collectif des Réfugiés Politiques Basques estime que cette nouvelle situation ouvre les portes à des pas concrets vers la résolution et le dépassement du conflit. 40 ans d’expérience font dire au collectif que cette nouvelle situation est pleine "de possibilités" mais également "de risques". "Nos expériences récentes nous montrent malheureusement que rien n'est encore gagné" a souligné le collectif, représenté par plus d’une trentaine de membres, dont les porte-parole Xabier Susperregi, Lorea Zeziaga et Xabier Ezkerra. Cette prudence est d’autant plus renforcée au vu des événements de ces trois derniers mois, où "les attaques contre les membres du Collectif n'ont pas connu de trêve". Alors qu’une accalmie était attendue, ces "attaques" n'ont fait que s’intensifier depuis l’annonce de l’ETA le 22 mars dernier.
Ainsi, ils ont rappelé que depuis janvier un des porte-parole a été arrêté puis libéré sans charge, Xabier Lareki a été arrêté, incarcéré, et son extradition a été acceptée, Grazia Morcillo et Asier Kintana ont été arrêtés et incarcérés, Leire Etxeberria et Gotzon Alkalde ont été arrêtés et incarcérés. De plus, cinq membres du Collectif et un citoyen basque qui avaient été arrêtés à Mexico il y a trois ans ont été extradés vers l'Espagne. Et enfin ces derniers jours, ce sont Eloi Uriarte, Anjel Iturbe et Joseba Badiola, qui ont été "victimes d'un montage médiatico-policier", les deux premiers ayant été incarcérés.
"Les arrestations sont un reflet direct de la persécution que nous subissons, mais les attaques contre les réfugiés politiques basques ne se limitent pas à cela, et nous avons appris ces derniers jours que de nombreuses demandes d'extraditions ont été lancées contre d'autres membres de notre Collectif qui mènent depuis longtemps une vie normale" ont-ils informé. De plus, ils dénoncent "le contrôle policier et la violation de droits de façon permanente et plus que jamais".
Caractère politique
Le Collectif rappelle l’attitude répressive de l'État français envers les réfugiés. L’expulsion, l’extradition, l’assignation et même la déportation ont été utilisées contre ces personnes. Plusieurs déportés il y a plus de 20 ans vers des pays africains, se trouvent toujours en déportation, dans des conditions précaires. De plus, les réfugiés ont rappelé "la situation de non-droit" qu’ils vivent sur le territoire de l'État français, avec les difficultés pour avoir des papiers et une situation personnelle et familiale qui peut changer du jour au lendemain.Toute cette batterie de mesures reflète la nature politique des réfugiés basques, selon le collectif. La résolution politique du conflit nécessitera donc que leur situation soit également tirée au clair.
"Dans la voie de la résolution du conflit, le temps est venu pour l'État français de reconnaître et de respecter la nature politique des réfugiés basques. Nous lui lançons donc un appel public à reconnaître notre nature et à respecter nos droits". Même si fragilisé par une situation précaire, le collectif a rappelé qu’ils ont toujours su aller de l’avant grâce à la solidarité. Et aujourd’hui encore, ils précisent qu’ils décideront des pas à faire pour être maîtres de leur destin. "Nous exigeons des deux États, et particulièrement de l'État français, qu'ils respectent enfin tous nos droits" ont-ils insisté.
