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Le JPB > Culture 2005-11-10
L’Homme est un remède pour l’Homme
·"Le fripon de l’Océan indien" sera présenté ce soir au Théâtre du Versant après une résidence avec des comédiens de tous horizons

"Moi, j’ai toujours pensé que le développement ne passe pas par la croissance matérielle. Au Mali, le pauvre est celui qui n’a pas de lien social". Ainsi s’annonce le troisième fripon du Théâtre du Versant, qui, avec la bénédiction du sage metteur en scène malien, Adama Traoré, prend pied sur l’Océan indien. "Le remède de l’Homme, c’est l’Homme" résume pour sa part Christiane Ramanantsoa, actrice malgache de la Compagnie Miangaly de Tananarive.Une maxime thérapeutique prêtée à Brecht et qui lui va d’ailleurs comme un gant.Mais cette affirmation pourrait être aussi celle de ce Fripon de l’Océan indien, tel qu’écrit par la romancière et journaliste malgache Michèle Rakotoson, qu’un étonnant échantillon d’humanité présentera à partir de ce soir au Théâtre du Versant au terme d’une résidence de création.

Il fallait les voir, ces comédiens, pendant le montage de la pièce, porter leur obole joyeuse à une sombre réflexion, celle de la maladie et plus précisément du Sida, dans les pays qui n’en finissent pas de chercher la voie de leur développement. Il y a la vision malgache de Christiane Ramanantsoa qui croyait l’horreur du sida lointaine dans l’isolement insulaire.Il y a ces deux comédiens réunionnais, Virginie Darmalingom et Lino Rasolonirina, heureux bénéficiaires du régime français de soins, qui se savent pourtant si proches de l’Afrique et de Madagascar.

Car bien sûr, il y a d’abord cet "apartheid médical" que n’oublie pas Adama Traoré, ce manque cruel de traitements pour cause de "gestion néolibérale", un accès aux soins encore interdit aux plus pauvres.Mais le metteur en scène malien voit plus loin que la seule revendication d’un accès à la trithérapie, pour laquelle, dit-il d’ailleurs, des efforts sont consentis dans son pays."Aujourd’hui, dit-il, il faut voir, au-delà de la maladie, la discrimination et l’intolérance qu’elle entraîne"."Il s’agit de parler de toutes les formes d’extrémisme". La maladie, c’est aussi la solitude, l’enfermement, l’ostracisme."En Afrique, il va y avoir beaucoup d’orphelins du Sida.Comment ça va se passer si on ne les aide pas à entrer dans la vie sociale ?" interroge encore Adama Traoré. Et de citer, dans le même cahier de doléances, ces "plans d’ajustements structurels" contraints par les chevaliers de l’apocalypse, le FMI et la Banque Mondiale, avec pour première conséquence le désengagement financier des budgets de la santé, l’éducation, la culture.

Adama Traoré voit loin, mais cette conscience d’ébène trouve pourtant une issue lumineuse et optimiste pour hurler cette révolte.Autour de l’adaptation que Michèle Rakotoson a faite de son propre roman Lalana, à la suite d’une résidence d’écriture à Biarritz, les comédiens puisent dans leurs expériences du Mali, de Madagascar, de la Réunion, leurs propres maux pour exalter un message humain philosophe et optimiste.

Ce troisième acte de la série du Fripon, initiée en 2000 par le Théâtre du Versant et la compagnie Acte Sept de Bamako, prolonge pourtant le thème des deux premiers spectacles : la destruction des schémas culturels traditionnels et la survie. Mais dans la mise en scène d’Adama Traoré et de Gaël Rabas, si tous les ingrédients de la société sont là, depuis le pasteur et son "dogme sur la maladie", à l’infirmière "dans l’action" qui côtoie la fille de salle et ses croyances rurales, le conteur prend aussi des allures fantastiques dans une quête initiatique.

Deux étudiants à Tananarive, l’un est détruit par la maladie, l’autre, son ami, cherche à rendre sa fin de vie plus douce et tente d’exaucer son dernier désir, voir la mer. Ce chemin vers la mer, vers la mort, vers la délivrance devient riche d’enseignements. Le voyage devient grand comme une vie avec ses souvenirs, ses rires, ses musiques, avec un espoir fou aussi comme celui de la Reine qui entreprit jadis, depuis Tananarive, la construction d’une route vers l’océan. La forme théâtrale est empruntée à la tradition de l’Hira Gassy, l’opéra du peuple des cultures anciennes de Madagascar, qui permet une adresse au public, directe et insolite.

· Création

Le fripon de l’Océan indien.Coproduction Versant, Scène nationale.Du 10 au 20 novembre.Au Théâtre du Versant.


 
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