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Le JPB > Pays Basque 2008-04-05
Risque d’incompréhension sur l’horizon transfrontalier
·Eguzki Urteaga auteur d’un ouvrage sur la coopération transfrontalière souligne les conséquences de l’abandon du français Outre-Bidassoa

De coopération transfrontalière, il en est beaucoup question. Pour faire le tri entre les effets d’annonce, les incantations et sa réalité, le nouvel ouvrage du sociologue Eguzki Urteaga La coopération transfrontalière en Pays Basque (L’Harmattan) tombe à point nommé. L’occasion pour l’auteur de mettre au jour un aspect rarement évoqué: celui des effets socioculturels de la disparition de la langue et culture françaises au Pays Basque.

Construction européenne aidant, l’auteur constate que cette coopération transfrontalière connaît "une actualité de plus en plus grande". Il en veut pour preuve les derniers accords intervenus entre le gouvernement autonome basque et l’Office public de la langue basque, ou encore les efforts entrepris par les acteurs sanitaires du Centre hospitalier de la Côte basque, de Saint-Sébastien et de Navarre en matière d’urgence. Un développement qui concerne également "le monde des entreprises et la société civile".

Eguzki Urteaga remarque un changement historique. Si longtemps les habitants du Pays Basque sud venaient faire leurs courses ici, "progressivement on assiste au phénomène inverse", en particulier dans des zones commerciales comme celle de Txingudi à Irun. Mieux, "nous sommes passés d’une logique d’échange à une coopération transfrontalière". Un phénomène pour lequel le monde économique fut "à l’avant-garde" avec la chambre de commerce et d’industrie qui "le défend en 1974 lorsque Franco est encore vivant". Depuis, "la prise de conscience que le développement du Pays Basque nord passe par le Pays Basque sud s’est largement diffusée", jusqu’au dernier projet de Pays Basque 2020 dont c’est l’un des trois axes stratégiques retenus par le Conseil de développement.

Dans son étude, E.Urteaga dissèque deux exemples: celui du Consorcio Txingudi et celui d’Eurocité. Le premier est le plus abouti avec l’organisation des trois communes (Irun, Hondarribia et Hendaye) sur "un bassin de vie très intégré". En revanche,en ce qui concerne la coopération pour organiser la conurbation Bayonne-Donostia de 600000 habitants, "il y a de nombreux rapports et de projets, mais l’on assiste à un décalage avec leur mise en ¦uvre particulièrement difficile". Un hiatus qu’il explique par le fait que cette démarche "implique beaucoup d’acteurs institutionnels de différentes compétences: la Diputación (qui dispose d’un budget deux fois plus élevé que celui du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques), la Communauté d’agglomération du BAB, le Consorcio, des communes de tailles diverses,... Il est alors plus difficile d’avancer."

Une coopération qui dispose d’un moteur puissant. Celui de l’identité, comme condition et comme objectif. Ainsi, E.Urteaga écrit en conclusion que "l’avènement d’une eurorégion implique de créer une identité et un sentiment d’appartenance communs, c’est-à-dire une sensation de faire partie d’une même réalité sociale et urbaine. Il s’agit donc de construire une identité partagée, qui dépasse les identités locales et nationales. A l’heure actuelle, l’identité basque est la seule identité commune aux habitants de cette région". Une identité de type politique, avec une aspiration au Zazpiak bat et "à une autonomie étendue", mais aussi de type socio-économique (avec les échanges transfrontaliers ou le développement du coopérativisme) et bien sûr culturelle.

Son ouvrage ne traite pas spécifiquement des initiatives issues de la société civile, ou de type politique comme avec la création en 2000 de l’assemblée des mairies de l’ensemble du Pays Basque scindée en deux depuis. Néanmoins, il estime "que les organismes Udalbide et Udalbiltza ont été utilisés par des acteurs locaux pour faire pression sur les demandes de financements auprès des pouvoirs publics". Si ces derniers faisaient défaut, les associations annonçant qu’elles se tourneraient vers le Sud. "Cela a obligé les institutions à avancer surtout en matière linguistique, pour les ikastola ou les médias basques."

Le choc des cultures

Un aspect rarement abordé dans la problématisation de la coopération transfrontière, est celui du "frein linguistique". Une dimension que le sociologue aborde en marge de son ouvrage. Et de prédire une sorte de mini-choc, non de civilisation, mais socioculturel. Les tendances sociolinguistiques lourdes montrent que de ce côté-ci, plus on avance en âge plus la proportion de bascophones augmente. Outre-Bidassoa, c’est l’inverse: plus on est jeune, plus on est bascophone. En moyenne. De même qu’au Pays Basque Sud, si les actuels quinquagénaires ont appris le français à l’école (ou, du moins, s’y sont-ils frottés), s’ils "ont eu une connaissance de la langue et de la culture françaises sous le franquisme", aujourd’hui ce n’est plus le cas, et le français a largement été supplanté par l’anglais.

Conséquence: "à terme, on s’oriente vers une situation d’incompréhension et de méconnaissance". Il relate en avoir déjà fait l’expérience lors des tertulias (sorte de talk-show) auxquelles il a participé dans des médias du Pays Basque Sud: "mes interlocuteurs s’intéressaient et connaissaient davantage ce qui se passait au Venezuela que les sujets concernant le Pays Basque Nord ou la France". Et de conclure son commentaire en rappelant que "la langue ce n’est pas qu’une compétence linguistique, et même si le gouvernement basque tente de réintroduire le français en 1re ou 2e langue, c’est un véritable obstacle qui se dessine". A moins que la langue basque ne trouve là un rôle historique de rapprochement des cultures.


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