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Le JPB > Culture 2007-04-25
De la destruction des corps à la construction d’une morale d’acier
·Le festival de cinéma de Bayonne qui débute aujourd’hui présente le FIPA d’or 2007 des documentaires

De la destruction des corps à la reconstruction morale d’un pays.De l’errance d’une génération vouée à la prostitution dans les rues de Phnom Penh à la cambrure d’orgueil d’un chef d’État hors normes qui ne supportait plus que son pays, le Burkina Faso, soit le "concentré de tous les malheurs des peuples".Le festival Rencontres sur les docks débute aujourd’hui au cinéma l’Atalante de Bayonne et propose de fouiller l’humain dans une programmation au cordeau qui fait la part belle au documentaire.Pour cette troisième édition, qui mêle jusqu’à samedi cinéma, concerts et débat, le thème exploré est celui de la parole. Une "parole menacée" qui donne son nom à une table ronde organisée ce soir à 19h en présence notamment de journalistes du Club de la presse du Pays Basque, d’un philosophe et de représentantes du collectif Ni putes ni soumises.Une parole pour dépasser la douleur, dans le film Au-delà de la haine, lorsque des parents racontent le meurtre de leur fils par des Skinhead.Une parole éthique lorsqu’il s’agit d’évoquer Le marché de la faim, ou Notre pain quotidien.Une parole de cinéaste également, Rithy Panh qui s’efface avec une infinie délicatesse pour, justement, mieux donner la parole et interroger la société cambodgienne dans les mots de jeunes prostituées, dont cette phrase, qui donne son titre au film, est issue : Le papier ne peut pas envelopper la braise.Une parole singulière qui s’élève enfin, dans le film Thomas Sankara l’homme intègre, parole d’espoir en Afrique de celui qui voulait "oser inventer l’avenir", parole assassinée également dans un monde qui n’admet pas d’être bousculé.

En prise réelle

Ces deux derniers documentaires étaient présentés en janvier au Fipa de Biarritz et prolongent une réflexion en cours sur un genre en prise avec le réel.Le jury de cette catégorie Documentaires de création et essais regrettait que "l’investigation journalistique prenne de plus en plus le pas sur le regard singulier de l’auteur". C’est pour cela qu’il a choisi d’attribuer le Fipa d’or à Rithy Panh, documentariste bien connu pour son travail sur l’histoire du Cambodge poursuivi ici avec Le papier ne peut pas envelopper la braise.Logique du choix de l’¦uvre, loin des formats.En contrepoint, le film de Robin Shuffield sur L’homme intègre est bien un documentaire de journaliste, mais qui fait parler les archives et veut "raconter Sankara par la population du Burkina Faso".

Grâce à un partenariat avec le FIPA, l’Atalante présente ces deux films aujourd’hui. Au cinéma de Saint-Esprit, le film cambodgien qui compte déjà parmi les ¦uvres majeures de Rithy Panh, sera rediffusé demain et samedi.Pendant plusieurs mois, l’auteur a placé ses caméras dans le taudis qui sert de logement à une dizaine de prostituées cambodgiennes, sous la coupe d’une mère maquerelle. Un documentaire comme une plongée au plus profond de la détresse humaine, avec un vrai regard, loin de tout apitoiement. L’auteur n’intervient jamais : il se contente de filmer les conversations, parfois insoutenables, des jeunes femmes au repas, apparemment oublieuses de la présence de la caméra. "Quand un homme couche avec moi, il couche avec une morte", murmure l’une d’elles. Un film au plus proche de la vie et de la mort spirituelle d’une prostituée. Ultime déchéance sociale, irréparable injustice du processus irréversible de la destruction d’un corps. Rithy Panh, un cinéaste pour la mémoire.Sur ce thème de la parole, il rejoint en définitive le travail d’archivage de Robin Shuffield qui montre aussi le pas serein et moral d’un homme vers son destin.



Les paroles menacées en question
Les Rencontres sur les Docks ne seraient pas ce qu’elles sont, si elles ne faisaient pas suivre ou précéder leurs projections et animations de débats. La soirée d’ouverture n’échappe donc pas à la règle. Le thème de "la parole" étant le fil confucteur du festival, une table ronde est organisée, ce soir, à 19h à l’Autre Cinéma sur le thème de la liberté d’expression. Intitulé "Paroles menacées", ce débat s’arrêtera sur ce qui entrave, particulièrement dans le journalisme, ce droit fondamental et inhérent à toute démocratie. Autour de la table, seront présents trois journalistes à l’invitation du Club de la presse du Pays Basque, le philosophe Frédéric Schiffter et le Collectif Ni putes Ni Soumises.



"Héritiers de toutes les révolutions du monde"
Lorsque le 4 octobre 1984, Thomas Sankara, jeune dirigeant du Burkina Faso, prononce son discours à la tribune de l’ONU, il a déjà les accents de la solennité historique : "je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animalŠ" Le jeune président, âgé de 35 ans, donne le ton d’un style tranché et ambitieux qui annonce bien avant son heure toutes les revendications des altermondialistes. Droit des femmes, annulation de la dette, écologie, développement des pays pauvres. Durant quatre ans, à un rythme effréné, le jeune capitaine aura poussé son peuple, menant de front tous les chantiers à une vitesse stupéfiante. Un appétit qui a pris tout le monde de court, tant sur la scène internationale que dans son propre pays. "Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du Tiers Monde. Nous sommes à l’écoute des grands bouleversements qui ont transformé le monde"Š En seulement quatre ans, il aura laissé une marque profonde dans la société du Burkina Faso, ainsi appelée "pays des hommes intègres" pour rompre avec la Haute Volta de l’administration coloniale. Mais dans toute l’Afrique aujourd’hui, son image rayonne, notamment auprès de la jeunesse, comme l’exemple d’une autre gouvernance africaine possible. Et si politiquement, le jeune gouvernement révolutionnaire aura cumulé toutes les erreurs, ce sont les symboles et l’idéal que Thomas Sankara poursuivait qui sont restés dans les mémoires. Du reste, il reconnaissait volontiers, devant la nation, se tromper de voie. Entre deux tours de la course à la présidentielle, dans ce trop plein de beaux discours, c’est cette image singulière que veut montrer le cinéma l’Atalante, à travers un film constitué de précieuses archives, dont un succulent discours sans langue de bois adressé au président français François Mitterrand. Celui qui revendiquait fièrement le statut de représentant d’un des pays les plus pauvres du monde en s’interdisant le train de vie d’un chef de l’État ne mettait pas non plus de gants pour interpeller la puissance tutélaire. Thomas Sankara est mort assassiné en 1987 lors du coup d’État de Blaise Compaoré, aujourd’hui encore à la tête du pays, renouant ainsi avec le fatalisme de la "démocrature africaine".


 
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