Gara: Latest news - Printed edition  |  Le Journal |  Documents
Google
EUS | ES | FR | ENG
 » PRINTED EDITION
  - Index
  - Sujet à la une
- Basque Country
- Local
- Opinion
- Culture
- Sports
 » DOCUMENTS
 » Hemeroteka
Le JPB > Sujet à la une 2007-08-25
Deux siècles après de Candolle, une équipe de botanistes fait l’inventaire de la flore pyrénéenne
·Partie de Collioure le 23 juin dernier, une équipe de botanistes traverse les Pyrénées et arrive aujourd’hui au Pays Basque

Ils arrivent.Partie de Collioure le 23 juin dernier, une équipe de botanistes a entrepris la traversée des Pyrénées d’Est en Ouest sur les traces d’un certain Augustin Pyramus de Candolle, qui le premier, effectua ce périple pour recenser la flore de nos montagnes.C’était il y a tout juste 200 ans.Un périple de 45 jours, mandaté par Napoléon Bonaparte, qui a permis d’établir une première base de données scientifique.C’est avec ce fonds extraordinairement détaillé qu’une dizaine de personnes de l’association Terranoos s’est lancée sur l’itinéraire exact de ce scientifique de renom pour observer les évolutions de la flore, mettre à jour cette base de données et sensibiliser le public au patrimoine végétal des Pyrénées.Cette aventure humaine et scientifique sera présentée ce soir à 18h, à la mairie de Saint-Jean-Pied-de-Port, par les membres de l’expédition.Après avoir expliqué leur démarche et présenté les premiers résultats de leurs prélèvements, les membres de l’association Terranoos reprendront le cheminement d’Augustin Pyramus de Candolle pour terminer leur périple à Saint-Jean-de-Luz où ils seront accueillis au jardin Botanique Paul Jovet, le vendredi 31 août.

Périple détaillé

Une façon de remonter la piste de ce précurseur, dont le périple détaillé n’a été publié qu’en 1999 par les éditions Loubatières sous le titre Voyage de Tarbes 1807.Et si les photographes, accompagnateurs en montagne, accompagnateur équestre et botanistes qui composent l’équipe, souhaitent aujourd’hui "mesurer toute la modernité d’Augustin Pyramus de Candolle", en retrouvant une aventure semblable et l’esprit d’innovation qui caractérisait ce voyage, l’enjeu est également d’utiliser ces données scientifiques pour effectuer une étude comparative et donner suite, deux cents ans après, à ce colossal travail.Sans doute la meilleure façon de rendre grâce à l’un des premiers botanistes modernes.Et de faire suivre aux générations suivantes.

Ayant retrouvé à Genève l’herbier constitué par le valeureux Augustin Pyramus de Candolle, les trois botanistes de l’expédition Terranoos ont décidé d’en constituer un nouveau, pour témoigner de laflore actuelle des Pyrénées. Dès sa constitution, il intégrera les collections du Conservatoire Botanique Pyrénéen. Ainsi, bien conservé, il pourra servir de référence scientifique et transmettre cet outil aux botanistes de demain, dans 20 ans ou dans un siècle.L’enjeu est de taille.C’est déjà le grand intérêt de cette expédition, que de pouvoir comparer les relevés avec ceux d’il y a deux siècles, pour établir sur une grande échelle de temps et de surface, une carte de l’évolution du patrimoine végétal.Des données inédites à ce jour.Grâce aux nouvelles technologies, l’ensemble des observations est saisi sur un ordinateur portable dans une base de données spécialement créée pour cette traversée.Une masse d’informations qui à l’heure actuelle n’existent pas sur la traversée des Pyrénées. En plus d’inventorier les espèces présentes sur une ligne de plus de 450 km de long, les botanistes de l’expédition vont également attribuer à ces espèces une carte de répartition ainsi que des données sur leur période de floraison.

De la comparaison avec les données recueillies il y a deux siècles naîtront une foule de questions auxquelles il est pour l’instant prématuré de répondre : "Y a-t-il eu déclin ou progression des espèces encore présentes ? Certaines espèces ont-elles disparu ? D’autres sont-elles apparues? Quelles explications donner à ces changements ? S’agit-il de déprise pastorale ? De nouvelles activités humaines? de réchauffement climatique ?"

L’un des membres de l’expédition, Boris Presseq, botaniste au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse où il est responsable des collections de botanique estimait avant le grand départ que ces informations sont "fondamentales". Sur le site Internet du projet, qui raconte l’épopée en cours, il indique : "Si nous retrouvons au même endroit la plante recueillie par de Candolle, on pourra affirmer que les conditions naturelles n’ont pas changé, observe Boris. Si au contraire, cette même espèce est absente, nous devrons rechercher les causes de sa disparition, soit naturellement soit sous l’action de l’homme : station de ski, pistes, route, reboisement ou même changement climatique."

Le botaniste estime que si l’on redoute, à juste titre, les conséquences de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère sous l’action des activités humaines, on ignore quel sera son impact à long terme sur la fragile flore de montagne : disparition ou remontée de la végétation, ou les deux à la fois selon les espèces et leur adaptabilité. L’archivage et l’étude de ces données permettront donc de mieux comprendre cette évolution.Et déjà de dresser le bilan d’une probable évolution de la flore dans nos montagnes.Le réchauffement du climat provoque en effet, depuis le début du XXe siècle, une baisse de l’enneigement et par conséquent la fonte des glaciers des Pyrénées, réduits chaque année à la portion congrue. A la fin de l’aventure, l’expédition connaîtra des suites pédagogiques, sous forme d’une exposition scénarisée, et de 20 programmes pédagogiques à destination notamment du jeune public.Il s’agira d’informer et de sensibiliser un large public sur l’évolutionde la diversitévégétaledansles Pyrénées, sur ses interactions avec les activités humaines etsur lespossiblesmenaces qui pèsent sur la biodiversité des espaces naturels montagnards. Par ailleurs, un livre de 160 pages sera bientôt édité pour retracer cette aventure humaine et scientifique.



De la Méditerranée à l’Atlantique, une aventure humaine et scientifique
Pour l’anniversaire des 200 ans de la première grande traversée des Pyrénées en 1807 par Augustin Pyramus de Candolle, l’objectif de l’association Terranoos était de refaire cet itinéraire qui parcourt les Pyrénées d’Est en Ouest dans sa totalité en suivant dans ses grandes lignes le périple du botaniste, accompagné de chevaux de Mérens pour le portage. Le début des grandes aventures sur le massif pyrénéen a toujours été lié à la découverte scientifique. Un des premiers à explorer les Pyrénées sous un angle botanique fut Joseph Pitton de Tournefort (botaniste du roi) (1656-1708). Les récits d’explorations dans ces espaces inconnus et parfois hostiles soulignaient l’engagement souvent périlleux de ces hommes. Pour mieux se rapprocher de cette dimension humaine vécue par les premiers explorateurs, le périple de l’association suit pas à pas l’aventure du botaniste de Candolle. La chaîne des Pyrénées a toujours gardé son caractère sauvage. Avec une grande diversité de paysages de la Méditerranée à l’Atlantique, elle offre un terrain unique d’aventures et de découvertes.

Tout au long de ce chemin un relevé botanique est effectué. Il consiste à noter toutes les espèces végétales qui sont visibles et identifiables depuis le sentier suivi par Augustin Pyramus de Candolle. Dans son parcours, ce dernier a réalisé un important inventaire mais uniquement sur les espèces les plus remarquables par leur rareté ou en tant que marqueur du milieu. La même méthode est conservée par la nouvelle expédition, mais elle est en plus élargie à toutes les espèces rencontrées. Pour des facilités de détermination, seules les plantes à fleurs et en fleurs au moment du passage des botanistes de Terranoos sont identifiées. Outre le nom de l’espèce, une ou plusieurs photographies sont prises pour chaque espèce identifiée. Le sentier étant connu et les cartes topographiques suffisamment détaillées, les seules données qui figurent sur le cahier de collecte et notées en chemin sont le nom de la plante, son aspect, les coordonnées GPS, la date de collecte, son abondance et le type de milieu où elle pousse. Les autres données sont inscrites le soir pendant le bivouac (altitude, exposition, météo). En route, un herbier est réalisé.



Première grande traversée des Pyrénées
Né à Genève, Augustin Pyramus de Candolle est très vite passionné par les Sciences Naturelles et passe un diplôme de Médecine en 1804. Initié à la Botanique par Jean-Pierre-Etienne Vaucher et Jean Sénebier, il eut comme grand maître Cuvier qui lui donna un poste de suppléant au collège de France, et Lamarck lui confia la restructuration de sa flore française à laquelle il ajoutera 1300 espèces supplémentaires en défendant un autre mode de classification. En 1806, il reçoit pour mission par le Ministre de l’Intérieur Champagny (sous Napoléon Bonaparte), de parcourir la France pour étudier la botanique et c’est en 1807 qu’il effectue la première grande traversée des Pyrénées d’Est en Ouest. Un périple minutieusement consigné dans son carnet de route Voyage de Tarbes. Si de Candolle a marqué l’histoire de la botanique, il a aussi laissé une trace digne des grands explorateurs dans la conquête des Pyrénées. Augustin Pyramus de Candolle fut le seul à avoir traversé en une seule fois la chaîne des Pyrénées en passant par les plus hauts sommets et en réalisant de nombreuses ascensions, en seulement deux mois. Animé à la fois par ses recherches et sa soif de découvertes, de Candolle est également connu pour ses ouvrages sur les Pyrénées. Il publie une Monographie des Astragales (1802) et une Histoire des Plantes grasses (1799-1803) en quatre volumes. En 1804, il publie une thèse intitulée Essai sur les propriétés médicinales des plantes comparées avec leur forme extérieure et leur classification naturelle. Il invente un nouveau système de classification des espèces La Taxonomie qu’il développe dans la Théorie élémentaire de la Botanique en 1813. En 1808, de Candolle est nommé professeur à Montpellier où il repense le Jardin des Plantes. De retour à Genève en 1816 où il se voit confier une chaire d’histoire Naturelle, il se consacre au monumental Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis dont il rédige sept volumes (1824­1841) et qui sera poursuivi par son fils Alphonse et son petit-fils Casimir. De Candolle dominait les connaissances de son époque en matière de morphologie et de physiologie végétales. Il s’intéressa aussi à la chimie végétale, l’agronomie et la pharmacologie.


 
Print
 
...More news
Pays Basque
Premier attentat de l’ETA depuis la rupture de la trêve
Pays Basque
« Faire du chiffre, cela vaengendrer une chasse à l’homme »
Sports
Genets-Aviron, la sup rématie basque en jeu
Pays Basque
Christine Boutin affirme à Bunus qu’elle "fera respecter la loi SRU"
Pays Basque
Nicolas Sarkozy préfère "ne pas s'appesantir" sur certains sujets
  © 2006 Baigura | Contact | About us | Advertise