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Le JPB > Sujet à la une 2006-05-30
Gurs : un camp de concentration à la frontière de la Soule qui a vu passer 6 555 Basques
·Le gouvernement basque est venu porter une sculpture de Bazterretxea et une pousse du chêne de Gernika

Gurs, un camp de concentration à la frontière du Pays Basque. A quelques kilomètres d'Ospitale-pia ­ Hôpital Saint Blaise, sur la route qui unit les localités béarnaises de Navarrenx et d'Oloron, on trouve le village de Gurs qui, pendant la période comprise entre 1939 et 1945, fut le lieu d’un camp de concentration.

Dans le camp de Gurs ont été internés, dans un premier temps (depuis avril 1939 jusqu'en mai 1940), les réfugiés qui avaient traversé la frontière de la Bidassoa pour fuir les troupes franquistes, et qui ont terminé prisonniers là-bas.

Ainsi, selon l'¦uvre Le camp de Gurs, de l’historien Claude Laharie, dans ce lieu ont été internés par les autorités françaises de l’époque, au moins 6.555 Basques, 26.641 juifs originaires d'Allemagne, de la Pologne et l'Autriche territoires qui faisaient alors partie du IIIe Reich d'Adolf Hitler, 19.022 réfugiés républicains venant de divers points de l'Etat espagnol, 6.808 volontaires des Brigades Internationales originaires de 52 pays, 1.470 Français qui militaient dans des organisations communistes, socialistes et anarchistes qui combattaient le régime collaborationniste de Vichy, une trentaine de Basques du nord et aussi 63 gitans. Samedi, le gouvernement autonome basque et ses représentants, la porte-parole Miren Azkarate, le ministre Javier Madrazo, et le vice-président de la commission des droits de l’Homme du parlement Rafael Larreina, ont réalisé un acte officiel afin de se souvenir de cette période de l’histoire tellement peu connue en Pays Basque. Ils ont posé une sculpture de Nestor Bazterretxea et planté une pousse du chêne de Gernika, qui survécut au bombardement franquiste de 1937.

Les premiers internés étant des Basques, ils avaient été contraints de construire les baraquements. Ce genre de baraquements avait été inventé par l’armée française lors de la première Guerre Mondiale. Au début, ils étaient destinés à accueillir pour seulement quelques jours les soldats qui arrivaient des casernes et devaient ensuite se rendre sur la ligne du front pour combattre les Allemands.

Construits avec du bois très fin, couvert de tissus, ils n’avaient ni fenêtre ni ventilation. Ils ne protégeaient pas du froid, et le tissu laissait passer la pluie. Ces baraquements n’avaient pas non plus de meubles, et les internés dormaient à même le sol.

Les aliments manquaient, il n’y avait ni toilettes, ni eau courante, ni d’électricité. Ces conditions provoquèrent la mort de nombreux détenus, les baraquements étant de plus situés sur une zone inondable. Plus d’un millier de prisonniers sont enterrés dans le camp de Gurs, des juifs pour la plupart.

Le premier des Basques enterrés fut un Gipuzkoan, de Lasarte, Jesus Etxarri Zuluaga.

Du camp de Gurs, sont sortis depuis août 1942 jusqu’à février 1943, six convois ferroviaires qui transportèrent 3.907 juifs vers le camp d’extermination nazi d'Auschwitz, en Pologne.

Le camp de Gurs avait toujours été administré directement par les autorités françaises jusqu'en 1940 par l'Armée et postérieurement par les employés civils du Gouvernement collaborationniste du maréchal Pétain et était formé par des parcelles de 200 mètres de long et de cent larges îlots, sur lesquels on plaçait quelque 30 baraquements. Au total, 382 baraquements ont été levés à Gurs, avec une capacité totale de quelque 18.500 personnes.

On calcule qu’au total, ce sont quelque 64.000 personnes qui sont passées par le camp de Gurs.

Après la "Libération", le camp de Gurs reçut des prisonniers accusés d’avoir participé au marché noir, ainsi que des collabos français et des prisonniers de guerre allemands.

Le camp de Gurs, tellement près mais tellement peu connu en Pays Basque, a été finalement clos le 31 décembre 1945. Une partie des baraquements a été vendue et le reste fut brûlé pour des raisons d’hygiène.

Samedi, le maire de Gurs, Louis Castemalle, a rappelé que le fait de brûler ces baraquements était également une façon d’effacer un passé de "honte".

Le tout fut abandonné jusqu'au point qu’en 1957 le maire de la ville allemande de Karlsruhe, d'où bon nombre de juifs décédés étaient originaires, a décidé de s’occuper du maintien du cimetière devant la passivité des autorités françaises.

Ainsi, l'Etat français a cédé pour une période de 99 ans le cimetière aux associations juives des Länder de Baden et Palatin.

Les villes allemandes Karlsruhe, Friburg, Mannheim, Heidelberg, Pforzheim, Constance et de Weinheim maintiennent économiquement la conservation du cimetière juif depuis lors.

Depuis 1985, il existe un monument consacré aux républicains décédés.

Première fois

"C'est la première fois que des officiels venus d'outre-Pyrénées se rendent sur le site de Gurs" explique Antoine Gil, l'un des responsables de l'Amicale du camp de Gurs.

"C'est une forme de reconnaissance symbolique alors qu'on célèbre cette année le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre civile espagnole", poursuit ce proviseur de lycée à la retraite qui organise les visites scolaires sur l'ancien camp. Après la fin de la guerre civile espagnole, en 1939, le camp de Gurs a accueilli environ 25.000 combattants républicains, dont 6.555 Basques, réfugiés en France et alors perçus avec méfiance par les autorités françaises. La plupart d'entre eux ont quitté le camp après quelques semaines ou mois d'internement et certains ont rejoint l'armée française pour combattre les Allemands en 1940. Gurs a ensuite été utilisé par Vichy comme un camp d'internement, où 26.641 Juifs ont transité avant d'être déportés vers les camps d'extermination nazis. Il est aujourd'hui un lieu de mémoire, avec un mémorial et un cimetière où 1.072 personnes, mortes dans le camp entre 1939 et 1943, sont enterrées.



Témoignages d’internés
"Antonio ! Je m'appelle Antonio. J'étais anarchiste, anarchiste espagnol. En 36, j'ai cru au bonheur, à la liberté. J'ai espéré ne plus devoir attendre, aligné avec mes camarades contre le mur de l'église, que les propriétaires daignent me choisir pour cueillir les olives ou les amandes dans leurs champs. J'ai rêvé d'un monde plus juste, j'ai rêvé de pouvoir donner du pain à mes enfants. Et puis, il y a eu Franco. Avec tant d'autres, j'ai hurlé "no pasaran". Je me suis battu. J'ai cru mille fois mourir à Madrid ou ailleurs ... Ils sont passés !

Je me suis battu encore jusqu'à ce que cela ne fût plus possible, jusqu'au bout de mes forces, avec ma vieille pétoire, avec mes poings. Mon père a été fusillé dans la cour de la ferme, devant sa femme, devant mes jeunes frères, parce qu'il refusait de crier "Vive Franco". Ma mère est folle aujourd'hui. Folle de douleur... Ils sont passés !

Trahi par Staline, vaincu par Franco, j'ai traversé les Pyrénées. Exténué, j'ai rejoint la France. Et j'attends. J'attends comme un voleur. J'attends parmi les damnés, les éternels vaincus de l'Histoire. J'attends dans la boue, dans le froid, prisonnier au pays des libertés. J'attends de pouvoir un jour retourner au pays. J'attends de revoir ma femme, mes enfants. Que sont-ils devenus ? Et ma mère, et mes frères ?

Demain, après-demain, dès que possible, je m'enfuirai, j'irai les rejoindre. Ici, ma vie n'a plus de sens. Et puis, il y a cette crasse, l'humidité des baraques de planches, les barbelés, la solitude, le déshonneur. Malheur aux vaincus ! Ici, rien n'a plus de sens ! Il doit bien y avoir un pays où les gens aux creux des lits font des rêves" ...

Extrait des témoignages recueillis dans le site www.gurs.free.fr


 
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