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Le JPB > Sujet à la une 2008-04-15
Bera Bera-Getxo, l’autre derby du rugby basque
·Le lendemain du très médiatique BO-Aviron se déroulait à Donostia et dans la confidentialité une autre rencontre particulière

À quelques kilomètres d’Aguiléra et de Jean Dauger, il existe aussi un rugby basque forcément plus méconnu mais en plein essor. Bera Bera, un des deux clubs donostiar avec l’Atletico, et Getxo, club de la banlieue de Bilbo, visaient en ce dimanche une place en demi-finale de la Copa Del Rey. Assurés de jouer en première division la saison prochaine, les deux clubs basques se présentaient sur la pelouse donostiar débarrassés du souci du maintien, tout comme Ordizia, le troisième représentant basque dans la plus haute catégorie du rugby espagnol, qui évoluait aussi en quarts de finale de la Copa face au club d’El Salvador.

Transposé au "futbol", ce quart de finale, joué au Miniestadio au pied du grand cousin Anoeta, pourrait être un autre derby du classique Real Sociedad­Athletic Bilbo. Mais la comparaison s’arrêtera là. Que ce soit économiquement, au niveau de l’aficion ou de la place dans les médias, le Rugby de ce côté-ci du Pays Basque est un îlot ovale au milieu d’un océan immense et rond. Mais qui n’a pas rêvé un jour de se ressourcer sur son île et sa passion. Beaucoup de joueurs et d’entraîneurs venant des clubs du Pays Basque nord, plus huppés, débarquent ainsi régulièrement dans cette Liga, à la recherche d’une aventure humaine et d’un retour aux sources des valeurs rugbystiques à la dérive dans l’Hexagone. D’autres comme les Argentins où des Anglo-saxons de l’hémisphère sud, souvent étudiants ou en voyage prolongé, profitent de la présence de ces clubs en Pays Basque sud pour continuer de pratiquer le sport de leur jeunesse.

Mais, localement aussi, les clubs gipuzkoar et bizkaitar se structurent au niveau des jeunes, avec, par exemple, plus de cent gamins à l’école de Rugby de Bera. Le rugby féminin fait partie aussi des petits succès du rugby au sud avec la sélection Euskadi qui a gagné récemment la finale des provinces aidée dans leur effectif de deux joueuses de l’AS Bayonne.

Coup d’envoi midi tapante

Ce midi à l’heure de l’Angélus, le vent du sud sonne fort et tout comme le tocsin de l’église proche du Miniestadio. Éole est peu utilisé cependant, les deux équipes préférant se passer et faire vivre le ballon. Bera Bera, sur faute au sol, inscrit les trois premiers points par Bueno, parent d’un patron de bar de la parte vieja donostiar et titulaire au sein du Saint-Jean-de-Luz Olympique des années 70. Sur une mêlée tournée, l’avantage et le décalage créé après le départ du troisième ligne centre amène un essai opportuniste côté fermé de l’ailier gauche des Bizkaitar, David Martin. Autre réalisation de Getxo quelques minutes plus tard et cette fois au bout de l’autre ligne par l’ailier droit Jorge Rodriguez sur une attaque en première main. Puis vient l’essai du très bon troisième ligne centre de Getxo David Hernandez, venu en soutien de son compère Martin qui auparavant avait pris soin de fixer deux adversaires avant l’offrande à Hernandez. Suite à une des rares incursions donostiar en terre bilbotar, Bueno convertit la pénalité, sanctionnant ainsi une faute adverse. 6 à 15 à la mi-temps.

Au retour des vestiaires, essai casquette ou "gorra" de Mattias Lescoumères. Ce dernier profitant en effet d’une malencontreuse déviation adverse en bord de ligne de touche. L’opportunisme se conjugue alors en orange et bleu, couleurs du Spyra. La pression en même temps que l’appui du vent semble changer de camp. Bueno porte à sa botte le rugby donostiar, occupation au pied et pénalité, Bera Bera recolle, 14-15.

Mais le Getxo ne s’en laisse pas compter, sûr qu’il est de son rugby. La construction après prise de balle en touche, un maul pénétrant sur quinze mètres, est fructifiée par un essai collectif des jaune et noir attribué au toujours présent Hernandez. Beste bat et copie conforme pour les Bizkaitar à la 68e, 29-14. Le dernier essai gualdinegro, l’azken bideko, celui du chemin de la victoire, sera la réplique du premier avec un nouveau décalage de Bolegi en bout de ligne suite à un départ de "plaza gizon" Hernandez, omniprésent derrière sa mêlée 34 à14.

L’injection de sang neuf dans le camp des locaux et les fautes répétées des voisins visiteurs conduisent au second essai gipuzkoar de Combes, l’ancien bayonnais, arrachant la "béchigue" au toujours fringant joueur-entraîneur Balhadère, ancien Bayonnais aussi.

Score final 19 à 34, après quatre défaites consécutives face à Bera Bera, Getxo a vaincu le signe indien et peut sauter de joie. Le Spyro avait la tête ailleurs en ce dimanche d’avril, le vent du sud et Getxo ont balayé leurs certitudes. La revanche est d’ores et déjà programmée à la saison prochaine en championnat. Les riverains du Nervion seront les seuls représentants basques contre Pozuelo en demi-finale de cette Copa del Rey. L’autre représentant Ordizia a malheureusement chuté 23 à 7 face à El Salvador.



Jean-Philippe Bidart, le côté c¦ur ouvert
Jean-Philippe Bidart, entraîneur de Bera, fut capitaine et entraîneur de l’Aviron Bayonnais dans les années 90. Formé à Tyrosse, 3e ligne mais aussi talonneur, il était un joueur de l’ombre redouté des attaquants par ses plaquages et roi du petit côté. Depuis trois ans, il s’est exilé à Bera Bera où il prodigue ses conseils avisés aux rugbymen du Pays Basque sud. Il explique au Journal du Pays Basque le rugby du côté de Bera Bera : "La formation au club est de qualité. Cinq joueurs issus de la formation du club sont sélectionnés avec les moins 17 ans de l’équipe d’Espagne. Deux de ces cinq joueurs évoluent par ailleurs en Crabos 1 à l’Aviron. Nous comptons sur ce noyau. Ici la fidélité au club est importante. Nous ne pouvons recruter dans les clubs voisins d’Hegoalde, ainsi un joueur d’Hernani, club de deuxième division, fera sa vie rugbystique au club formateur. C’est pour cela que nous sommes intéressés aussi par des joueurs français motivés par une expérience dans le club de Bera. Le niveau équivaut à un mixte de fédérale 1, entre le Jean Prat et le Play Down, la vie est agréable et conviviale à Donostia. Cela peut être une expérience de s’ouvrir à un autre monde à seulement trente kilomètres de chez soi. Certains rugbymen confirmés tels Combes, Balhadère, Ithurbide, Herbaut, Polidori, Bell ou d’autres issus des Espoirs du Biarriz Olympique, de l’Aviron, du Boucau comme Dulaurans ou Lescoumères sont venus défendre, entre autres, les couleurs de Donostia, grande et belle ville identitaire, attrayante. Dans deux ans, un projet de Liga ibérica à 10 clubs espagnols et portugais est à l’étude. Le challenge est là, on souhaite en faire partie !"


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