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Le JPB > Culture 2006-05-16
Répondre au défi de l’utilité linguistique
·Portrait sociolinguistique de la ville pour la première journée du colloque "Bayonne, carrefour de langues et de cultures"

Les examens sont finis. Cela se voit. Les étudiants n’étaient pas très nombreux hier pour le premier jour du colloque universitaire sur "Bayonne, carrefour de langues et de cultures". Parmi les multiples moyens d’appréhender cette ville proposés hier, celui du portrait sociolinguistique. Ce à quoi s’est livré le linguiste Jean-Baptiste Coyos à travers la situation des langues basque et gasconne en ce début du XXIe siècle. Le chercheur du centre Iker et du CNRS a tout d’abord déploré la querelle récurrente portant sur le fait de savoir si le gascon est de l’occitan, ou sur le fait de savoir si Bayonne est une ville gasconne. Il rejette toute exclusivité, souligne le tort porté aux deux langues avec ce genre de disputes, et défend que le gascon est la langue occitane dans sa forme gasconne. L’auteur de Politique linguistique Langue basque et langue occitane du Béarn et de Gascogne a remis en mémoire quelques données statistiques disponibles. Sur le BAB les bascophones actifs seraient 8,8% (9000 personnes) et les "bilingues passifs" 8,3% (8000 personnes). Pour le gascon 12% affirment le parler un peu ou bien (11300 personnes), mais aucun de moins de 24 ans. J.-B.Coyos évoque également l’enquête CSA auprès de jeunes parents désirant à 56% que leurs tout-petits apprennent l’euskara. "Soit l’équivalent de 28 sections bilingues dans le public, 11 dans le privé, et deux classes dans les ikastola" comptabilise-t-il avec un peu de malice. Constatant la faible présence de ces langues dans les médias en général il mentionne l’émission hebdomadaire en gascon sur la radio en langue basque Gure Irratia, l’absence totale de ces langues dans le magazine municipal de Bayonne à l’exception d’articles de l’opposition de Baiona berria, les 300 exemplaires de la revue d’Aci Gasconha ou les 50 de Capitou de l’Académie gasconne,...

Eduardo Manet cet aprèm’

En outre, le linguiste remarque la présence d’une certaine signalisation trilingue à Bayonne, en s’agaçant sur le manque de rigueur orthographique sur le nom de Bayonne en gascon ou d’Université en basque "cela n’arriverait pas avec le français..."

Il se réjouit de l’absence désormais de "véritable blocage psychologique vis-à-vis des langues gasconne et basque, tout en indiquant que ce qui fait défaut c’est "la volonté publique organisée". Et de définir l’enjeu stratégique du BAB pour ces langues, et en particulier pour l’euskara: c’est la moitié des habitants du Pays Basque de France. Un "défi majeur" pour les années à venir en particulier avec l’arrivée de populations extérieures. Et de préciser ce défi, en termes d’utilité sociale: "pour qu’une langue vive, il faut qu’elle soit utile, et qu’il y ait des espaces monolingues". À ce jour, 7 employés du Conseil général apprennent le gascon Aci Gaschona a en tout 13 élèves, ce sont les seuls à dispenser un enseignement et 17 le basque (plus de cent employés à la mairie de Biarritz).

À sa suite, Eguzki Urteaga a détaillé les données du sondage CSA sur l’attente des parents du BAB actuellement 372 élèves sont scolarisés avec de l’euskara, pour constater une distorsion entre l’offre et la demande, et plaider en faveur d’une "politique de l’offre, qui en ce domaine, crée sa propre demande".

Rien en revanche sur les langues autres que le basque, le français et le gascon. L’étude linguistique menée dans les écoles des quartiers nord de Bayonne dans le cadre du Festival Baiona l’automne dernier aurait pu utilement être versée aux débats.

Aujourd’hui sont attendus Miguel Sanchez-Ostiz auteur de En Bayona bajo los proches (11h50 au Musée basque), et le Cubain Eduardo Manet auteur de La Conquistadora (à 16h20 à l’amphi Grenet) qui animera une conférence sur "Temps d’amour, tanto amor por Euskal Herria".



Du darwinisme linguistique
Beñat Oyharçabal s’est penché sur une façon très XIXe siècle d’appréhender la langue basque. L’école linguistique naturaliste ou "la langue basque entre primitivisme et darwinisme linguistique" autour de la figure alors importante chez les bascologues, Julien Vinson (1843-1926). Ingénieur des eaux et forêts, autodidacte érudit, cheville ouvrière de la Revue de linguistique et philologie comparée, républicain, libre-penseur, il applique à la linguistique, et à la langue basque, les théories de Darwin (concurrence vitale, évolutionnisme) et des conceptions racialisantes et anthropologiques. Résultat l’euskara est appelée à disparaître "très prochainement" (on peut s’en féliciter car c’est le Progrès qui avance...) car "inférieure" (une langue agglutinante, face à des langues flexionnelles comme le français et le castillan) à travers laquelle on peut appréhender, à défaut d’origine des Basques, "l’état de civilisation primitif des Basques : une race dont le langage est très pauvre". Des approches aujourd’hui irrecevables remarque B. Oyharçabal, mais "des préjugés (qu’ils se sont efforcés de fonder en théories) qui sont toujours présents et n’ont pas fini de produire leurs effets".


 
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