Ceux qui seraient tentés de croire que Philippe Oyhamburu a fait son temps peuvent aller se recueillir ce jeudi, dans l’église Sainte-Eugénie de Biarritz.A 86 ans, cette figure du monde de la danse et de la musique, également homme de plume et de radio y présente la chorale Etorburu dans toute sa splendeur.Une quarantaine de voix et de musiciens au service d’un répertoire intense, marqué par la personnalité, de Philippe Oyhamburu, sa vitalité, son esprit perfectionniste, ses choix rigoureux et sa connaissance de la culture basque.Un homme de spectacle qui apporte mouvement à une chorale qui refuse d’être statique.

Le concert débutera avec des mélodies comme Goiko mendian edurra dago, Ama begira zazu et une chanson du XVIIIe siècle, Nork orai, en hommage au rédempteur.Des mélodies qui faisaient partie du répertoire de Philippe Oyhamburu en 1954, et qui restent certainement en lien avec le concert donné à l’automne dernier à Sare pour la commémoration d’Eresoinka.Cérémonie au cours de laquelle Miren Azkarrate, ministre de la culture du gouvernement basque, avait vivement félicité le musicien biarrot.A Biarritz ce jeudi, le programme d’Etorburu se poursuivra avec ce qu’affectionne particulièrement Philippe Oyhamburu : des mélodies classiques et des éléments modernes, à la limite de la dissonance avec Sagastipean de Busto, des rythmes sophistiqués avec Ni ez naiz zomorroa de Guridi, ou encore des chants recueillis ça et là, comme ce Lorea, découvert à Buenos Aires et écrit par un Bizkaitar nostalgique de sa terre natale, d’un rythme très enlevé où sont mêlées la danse de San Juan et des mélodies populaires : Neure andrea alferra da taŠ Et puis des surprises qui font que le spectateur ne s’ennuie pas.

Du haut de son expérience colossale, le fondateur des Ballets et ch¦urs basques Etorki en 1945 puise dans les musiques et les chants populaires mais s’appuie également sur les harmonisations des grands compositeurs basques qui ont su, tout en conservant la sève originelle, l’enrichir par leurs inventions polyphoniques. Il consacre également une partie de son répertoire aux richesses vocales du monde, avec des chants en français, anglais, russe, italien, grec, géorgien, gascon et même quechua.

Inquiétudes

Pourtant, la dernière pièce du concert, pot-pourri de délicieuses mélodies coquines des gens de la côte de Gipuzkoa, entraîne le spectateur dans une joie communicative où, définitivement, la tonalité dramatique est balayée.Enfin, au sein de la chorale Etorburu, une place importante est accordée aux instruments de musique, et particulièrement au txistu. Etorburu s’est produite depuis ses débuts en 2000 à Paris, en Espagne, en Georgie, au Québec, à New York et évidemment dans les 7 provinces basques. Avant le festival du chant choral d’Ascain, le 4 novembre prochain, Philippe Oyhamburu est attendu à Amsterdam pour ne pas contredire, à son âge respectable, une réputation de globe-trotter.