Avant son arrimage en centre-ville, la péniche Estrella se refait une beauté quai St Bernard
·Olivier Leblond et Jean-François Blanc sont dans la dernière étape de leur aventure, un restaurant sur l’Adour
C’est une drôle d’aventure dans laquelle se sont lancés Olivier Leblond et Jean-François Blanc. Ces deux commerçants bayonnais ont en effet décidé d’installer sur les eaux de l’Adour leur futur restaurant. Plus précisément à bord d’une péniche qui sera amarrée sur le ponton du quai Pedros au pied de l’Hôtel de Ville.
Cela fait déjà plus d’un an maintenant que le projet a démarré. Un an, c’est rien, mais qu’il paraît loin déjà le temps où Olivier et Jean-François recherchaient désespérément sur internet et dans les journaux spécialisés celle qui leur permettrait de réaliser ce rêve. Leur pérégrination les emmenait bien évidemment dans le nord de la France, pays de la péniche, mais voilà, "en acheminer une jusqu’à Bayonne doublait le prix", raconte Olivier. C’est en discutant avec des passionnés de ce type de bateau, qu’ils trouveront leur bonheur, non loin d’ici, à Mont-de-Marsan, un modèle Freyssinet de 1930. "Une péniche qui accueillait autrefois des concerts mais qui était sur un socle de béton" précise Olivier.
Mettre aux normes
La mission sera alors de transférer le bateau par la route, le mettre aux normes, y installer une déco et enfin le mettre à l’eau. "Pour la première étape" raconte Jean-François, "il a fallu scinder la péniche en deux parties pour pouvoir la transporter sur deux camions". Arrivés sur le quai St Bernard, lieu du chantier de rénovation, les soudeurs de la Sarem se sont de suite affairés à "recoller" les deux morceaux. Une opération compliquée et qui nécessite nombre de mesures et de cotes pour que l’ensemble puisse à nouveau flotter.
La soudure terminée les ouvriers s’attellent maintenant à désosser le bateau pour que puisse ensuite être installée une nouvelle structure. Même le moteur y passe pour faire plus de place. La péniche renoue ainsi avec ses glorieuses aînées qui ne disposaient pas de motorisation et étaient tirées par des chevaux depuis le chemin de halage.
Alors que les travaux avancent, l’expert bordelais de la commission de surveillance est de passage à Bayonne. Celui qui sera chargé de valider la fin du projet en donnant l’agrément vient visiter le chantier. Et il apporte avec lui une drôle de nouvelle. "Vous faites quoi de tous les éléments que vous enlevez", demande-t-il à Olivier. "Chez le ferrailleur", lui répond ce dernier. "Vous savez que c’est très recherché et que vous pouvez en tirer de l’argent ?" lui rétorque alors le visiteur du jour. Renseignements pris, bielle, chaînes, tôles, et autre carburateur de ce genre de péniche sont très prisés.
"On va voir alors si on peut en tirer un petit quelque chose. Toutes les économies sont bonnes pour, dans un tel projet", dit Olivier, qui ajoute : "et comme sur un chantier pareil, tout coûte plus cher. On est sur l’eau, pas à terre, et les matériaux utilisés sont spécifiques".
L’attente des plans
Maintenant, en attendant que le bureau d’études bordelais, venu voir la péniche la semaine dernière, rende ses plans pour que puisse débuter la dernière opération lourde du chantier -l’installation de la structure métallique à l'intérieur de la coque-, les deux compères s’impatientent quelque peu.
L’envie est grande de pouvoir débuter rapidement les travaux de décoration, synonyme d’une mise à l’eau imminente. Alors pour patienter, les ouvriers décapent la vieille peinture vert jaune rouge de la coque pour la remplacer par une plus sobre et plus élégante noir et blanc. Jean-François et Olivier en profitent aussi pour trouver un nouveau nom à la péniche. "Elle s’appelait Rose des Vents, nous allons la rebaptiser Estrella", annonce Jean-François. Si le bateau a un nom, le restaurant en aura un autre, mais ce dernier n’a toujours pas été choisi.
Ouverture prévue dans un peu moins de six mois maintenant. Une fois la péniche préparée, elle sera mise à flot et remorquée jusqu'au quai Pedros. Là les premiers déjeuners sur l’eau seront servis.
Le Basque Tomas Ainciart au piano de la péniche
C’est au cabinet d'architectes de Biarritz, AA Concept, que Jean-François et Olivier ont confié le chantier de la péniche Estrella. "Il s’occupe de l’aspect extérieur mais aussi de la déco intérieure du restaurant qui comptera une cinquantaine de couverts", explique Olivier.
Pour la cuisine, c’est un enfant du pays qui s’installera au piano, Tomas Ainciart. Cet ancien cuisinier du Tonic Hôtel et de la maison Blanche à Biarritz mais aussi du Crillon à Paris, sera chargé d’élaborer une carte où le mélange des saveurs sera roi. Quant à Jean-François et Olivier, une fois l’arrimage effectué et les portes du restaurant flottant ouvertes, ils se transformeront en chaleureux et accueillants capitaines de bord.
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